Keysha Latifa
-Tu m'as demandé des choses auxquelles j'ai pas répondu hier. Je crois qu'il est temps de tout te raconter de moi Keysha...
Suite à ces mots, je regarde Riyad un tantinet surprise par ce qu'il vient de me dire en me regardant droit dans les yeux. Ça me fait tellement plaisir certes qu'il veuille enfin me raconter ce qu'il a vécu. Mais je veux pas non plus qu'il se sente obligé de me le dire juste pour me faire plaisir. Même si je meurs d'envie de tout connaître de lui. De ses problèmes. De ses peurs. De ses angoisses. De ses pensées. Je veux tout porter sur moi. Parce que je me rends compte qu'il occupe une place très importante dans ma vie en l'espace de quelques mois.
Hier quand je n'avais aucune nouvelle de lui, j'avais l'impression d'étouffer dans cette chambre immense sans lui, sans son odeur. Sans le goût de ses magnifiques lèvres. Je crois que je suis éprise de cet homme. Mon Riyad.
Après m'avoir annoncé qu'il veut qu'on fasse le mariage à la mairie, je réalise que c'est pas quelque chose d'anodin. Au contraire. C'est quelque chose qui nous rapprochera encore plus. Je brandirai alors fièrement la bague qu'il m'offrira au doigt. Peu importe comment elle sera. Peu importe sa qualité.
Je m'approche doucement de cet homme détruit et prends son visage en coupe. Il remonte ses prunelles grises vers moi, me faisant tomber un peu plus sous son charme ravageur. Son regard a le don de m'ôter toute trace de volonté. Il m'hypnotise.
-Riyad...murmurai-je doucement sans quitter ses yeux. Ne te sens pas obligé de me raconter ce que t'as vécu. Je peux comprendre tu sais. Prends le temps qu'il te faudra. Je serai toujours prête à t'écouter.
Il me regarde silencieusement avant de poser sa main droite sur ma joue gauche.
-Je me sens pas obligé, me répondit-il. Pour une fois dans ma vie, j'ai trouvé une personne qui me comprend comme personne et avec laquelle je veux tout partager. Et cette personne c'est toi Keysha.
-T'es sûr ?
Pour toute réponse, il m'embrasse tendrement, me faisant bien comprendre qu'il est parfaitement certain.
Quand on se détache l'un de l'autre, il s'adosse au canapé et son regard rejoint le vide comme plongé dans ses plus profonds souvenirs. Je lui tiens la main pour l'encourager. Il la serre en retour.
Et bientôt, sa voix rauque et douce m'enveloppe.
-Tout a commencé quand j'étais encore jeune. De ce que je me rappelle, j'avais sept ans et je souffrais d'une maladie. Les médecins disaient que j'étais un prématuré quand j'étais né. J'avais pas aussi été bien allaité au cours de mon enfance, ce qui était très important pour la croissance d'un enfant. Pendant que Karim grandissait en bonne santé, moi j'étais un petit garçon très faible...
...On était à l'époque très proche lui et moi. Il m'amenait à manger quand je fus hospitalisé malgré son jeune âge. Il me défendait même à l'école. Faut dire qu'il a toujours eu du cran. Il venait avec notre père. Mais jamais ma mère n'est venue. Je crois qu'elle ne m'a jamais aimé en fait. Elle préférait Karim et disait toujours que ce dernier allait tout réussir dans sa vie parce qu'il est fort. Alors que moi, je suis un faible qui ne peut même se battre quand ses camarades de classe l'attaquaient. J'encaissais parce que j'étais jeune et j'avais espoir que ça change..
Je l'écoute malgré mon trouble et toutes ces questions que je me pose. Je vois à quel point c'est dur pour lui de parler de ça. Mais il continue quand même.
-Quand j'avais guéri de cette maladie, tout a changé. On avait dix ans mon frère et moi. Et cette complicité entre lui et moi s'était évaporée. Et je suis sûr que c'est notre mère qui en est la cause. Elle profitait souvent que notre père soit absent pour me battre pour des erreurs futiles aggravant mon état de santé. Une fois, Karim l'a surpris. Je le suppliai silencieusement de m'aider. Mais devine quoi ? Il a préféré écouter notre mère et s'en est allé sans un regard pour moi. Ce jour là, il a détruit tout l'amour et l'adoration que j'avais envers lui. Il m'a tourné le dos alors que nous sommes sorti d'un même ventre où nous avons vécu ensemble pendant neuf mois. Et elle...ma mère je comprends pas comment elle a pu me détester à ce point. Je me demande juste ce que j'ai fait de mal à part naître Keysha..
VOUS LISEZ
Mariée de force
Romans🔹KEYSHA&RIYAD🔹 Je m'appelle Keysha Latifa Aïdara. J'ai dix neuf ans. Je suis métisse d'origine Sénégalaise, marocaine et algérienne. Alors que j'allais passer mon bac dans moins d'un mois, mon père donna ma main à un jeune héritier d'une famille r...