Chapitre 1

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Avril 1942,

Auteuil.

L'hiver à rapidement été chassé par le printemps. La nature retrouve doucement ces couleurs alors que les oiseaux migrateurs sont de retour et ils apportent avec eux la chaleur.
La guerre elle aussi est toujours là. Les allemands ont pris possession de la France depuis maintenant un an. Il reste encore quelques zones libres dans le sud, mais elles ne le seront plus pour très longtemps. Beaucoup de villes souffrent de l'occupation Allemande et bon nombre de foyers se retrouvent séparés. Les hommes sont envoyés sur les champs de bataille, laissant ainsi leurs femmes et leurs enfants seuls face au danger. Des familles entières sont massacrées, mais certains membres réussissent tout de même à s'en sortir. C'est le cas d'Elena et de Ryan.
Après la mort de leur mère et grâce à l'aide de leurs voisins ils ont repris le cours de leur vie, ils vivent tranquillement dans leur maisonnette à quelques pas des Fournier.
D'ailleurs un nouveau jour se lève. Le soleil est déjà haut dans le ciel et ses rayons viennent chaleureusement réchauffer la petite chambre des Muller. Ryan est tiré de son sommeil par toute cette lumière qui remplit la pièce. Il quitte la chaleur douillette de son lit et rejoint la petite fenêtre qui donne sur la cour mitoyenne. Il remarque que les Fournier son déjà en train de s'affairer aux taches de la ferme. Ils ne possèdent que six vaches et une dizaine de poules mais ça demande tout de même du travail. Il quitte finalement son poste d'observation et s'approche du lit de sa jeune s½ur.

- Elena, réveille toi ! Lance-t-il doucement en s'asseyant à ses côtés.

Elle ne bouge pas.

- Elena, il est temps de se lever ! Continue-t-il.
Voyant qu'elle n'est toujours pas décidée à émerger, il se lève et arrache les couvertures qui recouvrent le corps de sa s½ur. Sentant l'air frais de la pièce mordre sa peau, la jeune fille se recroqueville.

- Roh, tu peux pas me laisser dormir ! Grogne-t-elle.

Comprenant qu'elle n'a pas envie de quitter les bras de Morphée, le jeune homme s'approche de nouveau d'elle et il commence à la chatouiller. Étant sensible à cette action, Elena se met à gigoter. Constatant que cette tactique est finalement efficace, Ryan continue de plus belle.

- Arrête... ! Rigole-t-elle. C'est bon... je vais me lever ! Finit elle entre deux rires avant de se redresser.

- Je préfère entendre ça ! Sourit il avant de quitter la pièce.

Elle reste assise sur son lit et le regarde quitter la chambre. Qu'est ce qu'elle aime ces moments là. Malgré ce qu'ils ont vécu dans le passé, ils n'ont pas perdu leur joie de vivre. Ils aiment passer du temps à parler de tout et de rien, se chamailler, ou jouer comme des enfants. D'ailleurs, c'est ces images là qu'elle voudrait garder en mémoire, pourtant il ne se passe pas un jour sans qu'un souvenir horrible vienne lui rappeler l'horreur de la guerre. Elle ne peut oublier le jour ou la Gestapo est venue assassiner leur mère.
Les cris des soldats qui résonnent dans la cour, la peur sur le visage d'Allina, le stress qui envahit la maison en quelques minutes, la porte qui cède face à la violence des hommes, le coup de feu qui traverse toute la maison et qui met fin à toute cette agitation, mais surtout, le visage de sa mère couvert de sang est resté gravé dans sa tête.
Elle aimerait tellement que ces images soit définitivement rayées de sa mémoire, mais elle sait que c'est impossible.
Elle sort de ses pensées, quitte son lit et elle enfile sa tenue avant de rejoint son frère dans la cuisine.

- Tu te décide enfin à descendre ! Sourit il en la voyant.

Elle ne répond rien.

- Ça ne va pas ? Demande-t-il en remarquant qu'elle semble ailleurs.

Under The Same SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant