Under The Same Sun

Chapitre 2

Stuttgart 1941

Le cloché annonce sept heures alors que Ian ouvre difficilement les yeux. Il n'a pas réussi à dormir, d'ailleurs, il s'y attendait, il a passé la nuit à se poser tout un tas de questions.
Le jour J est arrivé et il a du mal à réaliser qu'il vient de passer sa dernière nuit chez lui dans son propre lit. Ce soir même il dormira au milieu de soldats qu'il ne connaît pas, à même le sol et avec pour seul couverture un simple duvet. Il prend un sac et plie quelques vêtements qu'il souhaite emmener avec lui. Bien qu'il passera le plus clair de son temps en uniforme, il préfère avoir quelques affaires personnelles qui lui rappelleront sa vie de jeune garçon. Il attrape une chaîne en argent qui est délicatement posée sur sa table de nuit et il observe un long moment le pendentif en forme de croix qui repose au creux de sa main. Un sourire étire ses lèvres avant qu'il n'attache le bijoux autour de son cou. Ce cadeau lui vient de sa mère, elle lui l'a offert lors de son vingtième anniversaire et depuis ce jour, il ne l'a quitte jamais, il l'a considère même comme un porte-bonheur.
Il est enfin prêt à partir. Avant de refermer la porte derrière lui, il prend le temps d'observer sa chambre une dernière fois. Il imprime les moindres recoins de cet endroit qui a souvent été son refuge. Nostalgique, il se décide finalement à quitter le seuil de la pièce avant de descendre les escaliers pour rejoindre le salon ou il retrouve Paul, affalé sur un fauteuil, le regard dans le vide.

- Prêt à partir ? Lui demande Ian.

- Il faut bien ! Répond le cadet.

Ian laisse tomber son sac au sol avant de rejoindre le balcon afin d'admirer l'immense jardin. L'air frais vient caresser les joues du jeune homme et il amène avec lui le doux parfum des Amaryllis. Avec le printemps, les arbres ont retrouvé leur feuilles, et de nombreuses couleurs embellissent le parc familiale. Les cerisiers sont recouverts de petites fleurs alors que les roses sont ouvertes et laissent échapper leur parfum qui embaume l'air. Sans un bruit Paul quitte son emplacement pour se rapprocher de son frère.

- Tu te souviens de nos parties de football ? Demande Ian.

- Comment les oublier ! Sourit Paul. On passait des heures à jouer dans ce jardin.

- Je me rappelle surtout de nos petits secrets qu'on partageait caché derrière la haie de sapins ! Sourit Ian.

- Et c'est sur la balançoire que tu m'a révélé le nom de la première fille que tu a embrassé ! S'esclaffe Paul.

- Et dire que c'est peut être les derniers moments qu'on passe dans cette maison...

- Vous reviendrez ! Intervient Aimeric.

- Comment tu peux en être si sur ? Demande Paul en se retournant pour faire face à son père.

- Vous êtes mes fils, je vous connais et je sais que vous reviendrez vivant ! Vous êtes forts, intelligents, faites moi confiance, à la fin de cette guerre vous serez de retour à la maison ! Finit Aimeric.

Les deux frères se dévisagent ne comprenant pas le raisonnement de leur père. Comment peut il être aussi sûr de lui. Certes il a échappé à la mort, mais les choses ne se passeront peut être pas pareil pour Ian et Paul. Aimeric s'apprête à reprendre la conversation mais un coup frappé sur la porte l'interrompt. Il observe ses fils avant de rejoindre l'entrée. Sans hésiter un instant, il tourne le loquet et ouvre la porte. Face à lui, deux soldats. L'expression dur, lisible sur leur visage donne froid dans le dos, mais Aimeric les accueil avec un grand sourire, avant de les inviter à le suivre au salon.
A la vu des deux hommes en uniforme, Paul est parcouru de frissons. La seule question qui lui vient à l'esprit est « Dans quoi j'ai mis les pieds ? ».