28. Caroline Boisselier

14 3 2
                                    

Mardi 21 Février

J'ai beau énormément apprécier Laure, je crois que je vais la tuer. Impossible de dormir cette nuit à cause de ces ronflements, un vrai moteur. C'est dingue. J'ai un sommeil hyper léger alors c'est assez emmerdant. Comment une fille aussi mignonne peut produire des sons aussi gutturaux et désagréable ? Une vraie maladie !

 Je suis super fatiguée ce matin et vu les têtes de déterrées de nos camarades de chambres, c'est aussi leur cas. Il n'y a que Laure qui semble en pleine forme et fait des squats au milieu de la pièce alors que notre correspondante encore plongée sous les couvertures lui jette des regards noirs. 

- Faut lui dire d'arrêter parce que si ça continue, je lui fais manger son oreiller, me chuchote Serena en sortant de la chambre.

C'est pas mon genre de faire de la peine aux gens. Laure n'en a surement même pas conscience et ne peut rien faire contre cela. Je n'oserais pas lui dire alors je vais simplement profiter d'un de nos temps libres pour aller à la pharmacie. Nous attendons que notre correspondante se prépare avant de descendre prendre notre petit déjeuner.

 Il y a un buffet alors je ne me gène pas pour en prendre des tonnes et mettre quelques pains au lait dans les poches de mon sweat. Camélia a seulement un petit thé sur son plateau. On a pas à prendre une grande table car nos correspondants mangent entre eux. Tant mieux, j'ai pas envie de taper la discute en allemand avec qui que ce soit.

 Mélissa est collée à Maxime, elle est quasiment assis sur lui et l'embrasse toutes les dix secondes. C'est d'un ridicule. Ce n'est pas même pas comme si elle est vraiment intéressé par lui.  Quand on est entre filles, elle ne fait que se plaindre de leur relation et elle fait la faux-cul devant lui. Depuis qu'elle sort avec Maxime, je la vois sous son vraie visage et je déteste ça. Sa magnifique apparence n'est qu'une illusion créée dans le but de faire échouer les marins contre les dangereuses récifs.  

Elle joue avec lui. Ça me saoule tellement. Moi, je l'aime vraiment. Si je l'avais, je le traiterais comme un roi. Maxime rit à une blague de Laure et ses beaux yeux bleus s'illuminent. Il n'a jamais eu l'air aussi heureux que depuis qu'il est en couple avec la belle blonde. Ça le rend encore plus craquant. Je mange d'un air maussade. 

- Notre correspondant, c'est un fou ! Nan, mais je vous jure. Cette nuit, je me réveille pour aller pisser et je l'entends sous la couverture entrain de lancer des sorts, raconte Maxime tandis que Léopaul acquiesce.

- Il devait simplement téléphoner, rationalise Laure en souriant.

- C'est ce que j'aurais pu penser mais il a chargé son portable pendant la nuit et la prise est pas du tout à côté de son  lit. En plus, chaque fois qu'il parle, il est mort de rire. Je vous dit : il est dingue.

Il est surexcité et n'arrête pas de parler. Aujourd'hui, nous allons à Freiburg. On prend le bus un court moment avant que celui-ci ne nous dépose dans un parc au centre-ville. On fait une petite visite. 

 Églantine a ramené son appareil photo et prends n'importe quoi en photo que ce soit des maisons parfaitement banales ou des poubelles. Elle a fait pareil hier et ensuite a posté toutes ces photos sur notre site de classe. Les autres trouvent ça marrant mais c'est une bonne idée. Quand l'année sera fini, je serais contente d'avoir des souvenirs de Maxime.

On fait un jeu d'adresse avec les correspondants. Le but c'est de faire rentrer un carré dans une fente alors qu'on tient tous le carré à l'aide d'une corde chacun. C'est très compliqué et nous n'y arrivons pas moi et mon groupe. On fait aussi une balle au prisonnier. Je me mets dans l'équipe de Laure et Maxime vu qu'ils sont graves sportifs. Je fais bien car c'est notre équipe qui gagne.

On mange notre pique-nique ( et mes pains au lait ) avant que les profs nous présentent ce qu'on va faire cet après-midi.

- Vous allez partir par groupe de quatre à six dans la ville. Les groupes devront être mixte, c'est-à dire avec les deux nationalités. Chaque groupe a  une liste d'endroits à trouver et devant lesquels faire des photos. Il y a aussi une liste de défis à faire qui vous rapportera plus ou moins de points. Ceux qui auront le plus de points gagneront un prix ! Etant donné que nous sommes à Freiburg, les indications seront en allemand. Ne me regarde pas comme ça Akem, quand nous irons à Colmar, les indications seront en français. Vous devez tous être de retour dans trois heures.

Etant donné qu'on est en Allemagne, on laisse les correspondants faire les groupes. Par chance, le correspondant de Maxime et Léopaul est le petit-ami de la mienne. Nous partons donc tous les six dans les premiers et je comprends bien vite ce que voulait dire Maxime ce matin. Il manque une case à leur correspondant. 

Parfois sans raison, il se met à rire sans raison puis redevient sérieux comme si de rien n'était. On dirait qu'il a des ressorts en dessous des baskets parce qu'il ne cesse pas de sauter ! J'ai envie de l'assommer mais on dirait que ses pitreries font rire Laure et notre correspondante. Léopaul a l'air totalement ailleurs tandis que Maxime essaie de se concentrer sur nos défis.

- Donc, on doit se prendre en photo avec quelque chose qui a plus de soixante-dix ans c'est ça ?

Laure le traduit en anglais pour que les allemands confirment que nous avons bien compris. On essaie de chercher un antiquaire avec Google Maps mais on abandonne vite. 

-Peut-être la cathédrale non ?  propose Laure. Elle a sûrement plus de soixante-dix ans.

C'est une très bonne idée. On vérifie l'âge de la cathédrale sur Wikipédia puis on s'y dirige pour prendre une photo grimace comme demandé. On demande à un passant avec un allemand très mauvais de nous prendre en photo et une fois qu'il a compris ça va vite et nous passons au prochain défi. Ça aurait pu aller plus vite mais les allemands semblent prendre un malin plaisir à nous voir galérer pour communiquer avec les passants. Les sadiques...

J'aperçois une pharmacie et prétextant une migraine, j'y rentre seule pour acheter des bouchons d'oreilles en toute discrétion. On continue de suivre la liste des monuments à trouver et devant lesquels faire des photos tout en attaquant le second défi. Il faut faire une photo avec quelque chose de bleu. On essaie de penser à des trucs profonds avant d'opter simplement sur un selfie avec une belle vue sur le ciel. Il est plus gris que bleu en ce jour mais ça fera l'affaire.

Soudain, Maxime voit un marchand de glace. Il est surexcité, il en veut une tout de suite. Pourquoi quelqu'un vend-il de la glace en plein hiver ?

- Comment tu peux vouloir de la glace là maintenant ? On caille, ne peux-je m'empêcher de dire en haussant les sourcils.

- La glace ne réchauffe peut-être pas le corps, mais il réchauffe l'âme, souffle-t-il d'un air inspiré avant de se précipiter vers le vendeur.

On l'attend de l'autre côté de la rue. Laure demande aux allemands comment dire marchand de glace en allemand et on part sur un fou rire. C'est pas vraiment drôle mais on ne s'y attendait pas. Une fois que Maxime revient avec sa glace à l'italienne, on décide d'abandonner les défis et de tout simplement de balader dans la vie en achetant des trucs et en prenant des photos comme des touristes normaux. C'est pas grave si on gagne pas le prix, on a un peu tous la flemme.

On regarde pas trop l'heure alors on est en retard au point de rendez-vous. On cours à travers les rues de la ville et le vent froid contre mes joues me font du bien pour la première fois. Maxime est mort de rire et nous motive pour qu'on aille plus vite. Même si ce n'est pas le plus rapide au collège, comme l'a montré sa triche au cross, il va très vite. Nous sommes tout de même les derniers arrivés et les profs nous engueulent un peu. C'est pas grave, on s'est bien amusé. 

Mélissa et Maxime se recollent l'un contre l'autre dès qu'ils se retrouvent. Je détourne les yeux, ils m'emmerdent tellement.

En discutant avec les autres, j'apprends que le groupe de Camélia a abordé une couple de vieux et a fait une photo avec eux car ils avaient plus de soixante-dix ans. C'est bien pensé mais ça a dû être casse-pieds de demander à tous les personnes âgées qu'ils voyaient leurs âges. Une fois qu'on a fait le point, on remonte dans le bus direction l'auberge de jeunesse.

Souvenir de la 3ème 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant