47. Léopaul Patil

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Mercredi 14 Juin

C'est bientôt la fin de l'année. Je m'en suis rendu compte en passant l'oral du DNB jeudi dernier. Je n'étais absolument pas stressé malgré mon peu de préparation. Je fais confiance à mon pouvoir de baratineur. Au pire, c'est que le brevet. Tant que je l'ai, c'est bon. Je n'ai pas besoin d'être le meilleur. De toute façon, je n'y arriverais pas si j'essayais. Dans un an, tout le monde s'en foutra de ma note.

Ce qui me stresse cependant, c'est de voir Mélissa et Maxime se murmurer des trucs en ricanant comme des idiots devant moi. J'ai promis à mon pote de plus m'en mêler, mais ça me dérange vraiment. 

Elle s'est servie de lui et quand elle s'est rendu compte que je n'étais pas du tout intéressé, elle a continué. Même si elle est aujourd'hui amoureuse de lui, ce dont je doute, je sens quelque chose brûler en moi. Je veux qu'ils rompent.

On mange au Kebab pour le déjeuner. Pour une raison qui m'est inconnue, j'ai accepté l'invitation de Maxime. C'est un petit peu gênant de tenir la chandelle, mais j'aime le feu.
La mère de Maxime lui envoie un texto et il se décolle de sa belle pour le lire. Il grimace en répondant. Il reçoit un deuxième message et attrape son sac à dos.

- J'ai un rendez-vous chez le dentiste que j'avais oublié ! Il faut que je rentre à la maison, fait-il en se levant rapidement. 

- Ah mince ! Trop nul, s'exclame Mélissa.

- Je t'accompagne, grogne-je prêt à me lever.

- Non, t'inquiètes. Je ne veux pas vous déranger. Finissez de manger !

- Je ne sais pas si... commence-je avant d'être interrompu. 

- Je vous laisse. Bisous, bisous. Ne vous entretuez pas !

Et il s'en va avec son Grec après avoir embrassé la blonde. Je regarde la porte une grosse minute avant de me retourner vers notre seconde déléguée. Ce n'est pas une bonne idée de me laisser seul avec elle, je pense déjà à tellement de moyens de la tuer avec immolation en haut de la liste. Je ne sais pas si je peux me retenir ou pire, si je veux me retenir. 

On finit notre repas sans dire mot. Elle porte un ruban rose autour du cou qu'elle tripote tout le temps. Ça doit être pesant pour elle. Dès qu'elle lève la tête, elle croise mon regard et rebaisse la tête. Ça me satisfait, mais je ne laisse rien paraître. Je veux qu'elle ait peur de moi.

- Bon, j'y vais. Je dois faire mes devoirs pour demain, s'excuse-t-elle immédiatement après avoir pris sa dernière bouchée. 

Elle essaie de me fuir. Je ne la laisserais pas faire.

- D'accord. Je t'accompagne, souris-je faussement. 

- Je n'en ai pas besoin, lâche-t-elle rapidement.

- Mais ça me fait plaisir, réplique-je.

- Je te dis que je n'en ai pas besoin...

- Maxime ne voudrait pas que tu rentres toute seule. Qui sait ce qui pourrait arriver ?

Je souris encore. 

- Qu'est-ce qui pourrait m'arriver ? Je n'habite pas loin.

- Il y a des gens dangereux partout, insiste-je.

Elle frissonne devant mon regard fixe puis hausse les épaules pendant que je la suis. Je tripote mon briquet dans ma poche. Le temps de trouver mes mots, nous sommes déjà devant chez elle. 

- Au revoir, marmonne-t-elle puis commence à me tourner le dos.

- Attends, fais-je en attrapant son bras.

Elle fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que t'as ? Lâche-moi, grogne-t-elle.

- Je veux que t'arrête de voir Maxime, exige-je. 

Voilà, c'est dit.

- Le voir ?

- Sortir avec. Lui rouler des pelles. Tu vois ce que je veux dire...

- Pourquoi ? T'es jaloux ? s'enorgueillit-elle. 

Elle ne manque pas de culot celle-là.

- Pourquoi je serais jaloux ? l'interroge-je.

- Peut-être que t'es en kiff sur moi ? 

Je ris. Elle n'a pas changé.

- Et peut-être que les cochons ont des ailes, réplique-je.

- Ou peut-être que t'es gay comme ton frangin et t'es en kiff sur Maxime, ricane-t-elle.

Je grogne.

- Tu ne parles pas de mon frère, gronde-je.

- Alors quoi ? Pourquoi je ne pourrais pas être avec Maxime ? s'enquiert-elle. 

- Parce que t'es une connasse. Que tu te sers de lui pour te rapprocher de moi ! 

Son corps se tend à l'insulte. J'ai envie de la fracasser.

- Ne prends pas la grosse tête. Ça fait longtemps que ce n'est plus le cas. Je l'aime vraiment, reprend-elle plus doucement.

On aurait presque envie de la croire.

- Tu mens.

- Tu penses ce que tu veux. Maintenant lâche mon bras.

- Je n'ai pas envie, souris-je de mon air le plus sombre.

Je sors mon briquet. 

- Qu'est-ce que tu veux faire ? s'inquiète-t-elle la voix partant sur les aigus.

Je tire d'un coup sec sur le ruban qu'elle a autour du cou. Il était pas bien attaché et il se retrouve dans mes mains. 

- Mais t'es malade ! crie-t-elle en se touchant le cou, incrédule. 

Je l'ai lâché. Elle recule et se cogne contre une poubelle derrière elle.

- Peut-être, mais ne t'approche plus de Maxime. C'est un avertissement, souffle-je.

J'aimerais mettre feu à son corps, mais j'utilise mon briquet pour mettre feu au ruban. Je le regarde s'embraser avec surement un grain de folie dans les yeux car le visage de Mélissa est habité pendant quelque seconde par la terreur. Je jette le ruban dans la poubelle qui prend feu à son tour avant de m'en aller sans me retourner. J'espère qu'elle a compris le message. 

Si elle le dit à Maxime ou qui que ce soit, je suis tellement dans la merde, mais là, je me sens puissant. Dangereusement puissant. Je sens des regards inquiets se poser sur moi tandis que je marche en marmonnant dans mon absence de barbe.

Arrivé à la maison, je vais directement dans ma chambre. Théo est là comme d'habitude depuis plusieurs semaines. Il est collé contre mon frère et ils regardent un truc sur l'ordinateur. Ils sortent ensemble, je les ai surpris plusieurs fois en train de s'embrasser. 

Delmar ne m'en parle pas, mais il me fait confiance alors je suis content. Nous ne sommes toujours pas les frères les plus proches du monde, mais je crois que nous commençons à se comprendre. Cela me rend vraiment heureux.

La colère contre Mélissa est retombée, je me sens vidé.

J'ai fait de mon mieux pour toi Maxime.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 14, 2020 ⏰

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