Peut-être dans une autre vie

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Julian Draxler survivait depuis trois semaines au front. Il était parti en 1914 de chez lui, appelé par l'armée, comme les autres Allemands de son âge et ceux plus vieux. Il passa par Münich pour l'instruction, avant d'être envoyé là où il était : le front Ouest. 

Tout le monde parlait d'une guerre courte, que les troupes seraient rentrées pour Noël. Ils avançaient bien et vite, la Belgique ne fut difficile à prendre, et ils étaient proches de Paris. Draxler se réjouissait, mais cela fut de courte durée. Les troupes allemandes étaient épuisées, et les Français reprirent de la vigueur. Les russes en profitèrent pour déclarer eux-aussi la guerre à l'Allemagne et ses alliés, tandis que l'Italie rompit le pacte et prononça sa neutralité. Sa companie fut arrêtée près de la ville française de Lille, et ils commencèrent à s'enterrer, créer des tranchées, pour se protéger. Son quotidien était pénible, ils creusaient sans cesse de nouvelles galeries, créaient de nouveaux chemins dans la campagne. L'automne et ses pluies vint, transformant la terre en boue, qui semblait être partout. Les Français et Anglais de l'autre coté s'étaient eux aussi enterrés, et les assaults étaient de plus en plus rudes. Lorsqu'ils pensaient gagner un mètre, les ennemis en gagnaient deux, et la même petite parcelle de terre était prise et reprise.

Les états-majors envoyèrent de l'artillerie derrière le front, et les bombardements commencèrent à s'organiser. Les premiers essais tuèrent presque autant d'Allemands que d'Alliés, autant que certains tirent se retrouvèrent bien loin de leurs cibles. Beaucoup de Soldate rêvaient d'être artilleurs, loin du front et de sa misère, de sa brutalité. Les fils d'officiers étaient parmi les premiers à être affectés dans ces positions de rêve, et les autres restèrent au front, alternant premières tranchées et repos derrière les lignes. Julian comptait les jours qu'il lui restait, et tous passaient trop lentement. 

A chaque fois qu'il fermait ses yeux, il le voyait, un soldat anglais qu'il avait tué d'un coup de baïonette dans le ventre. Ils devaient avoir le même âge, peut-être ils avaient la même vie, une sœur et une mère qui les attends à la maison, une fille bien jolie qu'ils aimeraient revoir une fois en permission. Son Gefreiter, Thomas Müller l'avait rassuré, il arriverait à ne plus faire de cauchemars avec le temps, mais le natif de Gladbeck n'en était pas si sûr.

Dormir dans le froid de l'hiver 1914, avec pour compagnie d'autre Soldate et rats, fut une des pires expériences de l'Allemand. Ils étaient obligés de se serrer, pour garder de la chaleur, et parfois Draxler n'arrivait à terminer ses nuits car l'ennemi les bombardaient, puis attaquaient les tranchées touchées, ou alors le visage de l'Anglais le hantait trop pour qu'il puisse se rendormir.

L'espoir d'être chez soi pour les fêtes était disparu, le soir du 23 décembre. Ils avaient de nouveaux ordres, qui ne serrait effectifs que quelques jours avant la nouvelle année. Julian écrivait une lettre pour ses parents, pour passer le temps. La nuit fut calme, mais le Soldat fut réveillé par des voix et des mouvements dans les tranchés. 

Des centaines de petits sapins de Noël était passés de main en main pour les acheminer tout du long du front. Tous les Soldate n'avaient que les mots « Weinachten » et « Essen » aux lèvres, et Julian commençaient à ressentir cet esprit joyeux. Avec les préparatifs, il en oubliait presque que les Français et Anglais voulaient les tuer à quelques mètres de là.

Le soir vint trop rapidement cette fois, et Draxler aurait voulu que ce vingt-quatre décembre continue. Ils dînaient joyeusement avec des provisions ramenée de leur patrie, et ils faisaient du bruit, comparé aux tranchées silencieuses des ennemis. Avec de l'alcool dans le sang, les Allemands décidèrent que Noël méritait d'être optimiste, et commencèrent à mettre leurs sapins sur le haut des tranchées, tandis qu'un ténor enrôlé de force entonna un chant traditionnel allemand. Les Soldate l'écoutait en un silence religieux, se rappelant tous des temps avant la guerre, lorsqu'ils étaient avec leurs familles.

Julian fut surpris lorsqu'un instrument résonna des tranchées des Anglais, accompagnant leur ténor. Les Allemands commencèrent à chanter, bientôt rejoins par le reste des soldats présents. Porté par l'émotion, Draxler n'hésita pas à sortir de sa position, accompagné par d'autre et tous menés par le chanteur, et ensemble, ils avancèrent dans le No Man's Land...

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OS Footballeur•euse•s [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant