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Albert inspirait à plein poumon l'air chaud en sortant de l'avion. Devant lui, il voyait un signe indiquant : « HENRY COANDA INTERNATIONAL AIRPORT ». Il prit la poignée de sa valise, et commença à descendre les marches, pour atterrir sur la piste. Il suivit les autres passager pour entrer dans le terminal, et enfin faire la queue pour le contrôle de passeport. Son tour vint, et il tendit sa carte d'identité allemande à l'officier des douanes. Celui-ci le regarda, avant de de demander :

« Bussines ? »
(Commerce ?)

L'ex-footballeur sourit, avant de répondre :

« Nu, mă întorc în țară, » un léger accent s'entendait dans sa manière de prononcer les r, différente des Roumains qui les roulent comme les Espagnols.
(Non, je retourne au pays.)

Le douanier le regarda un instant, avec un air interdit, avant de lui rendre ses papiers.

« La revedere ! » le salua Streit, en se dirigeant vers le hall de l'aérogare.
(Au revoir!)

Cela faisait bien longtemps qu'il n'était revenu dans son pays de naissance, et pour cause. Après le divorce de ses parents, il prit le nom de sa mère et ne voulut plus entendre parler de son géniteur, mais voilà, ce dernier était mourant. Cancer des poumons d'après son oncle, et phase terminale. Sa mère l'avait pressé de se rendre au chevet de l'homme mourant, car il pourrait le regretter. Seulement, la chose qu'il regrettait était d'avoir mis une chemise, alors qu'il faisait 35°C dans le département de la capitale. Rapidement, il vit un panneau indiquant son nom de famille, tenu par un homme d'une soixantaine d'année, taille moyenne, calvitie, mais des touffes de cheveux gris-blanc persistaient, un ventre proéminent et une moustache grisonnante elle aussi, habillé d'une chemise à manches courtes blanche avec rayures vert clair rentré dans un jean bleu foncé. Il se dirigea vers lui, et lui tendit la main, en se présentant :

« Bună ziua, Albert. »
(Bonjour, Albert.)

L'homme, visiblement ému, la lui serra, en répondant :

« Bine ai revenit. Nu știu dacă mă mai știi, dar sunt unchiu tă-ul Florean. »
(Bon retour parmi nous. Je ne sais pas si tu te souvien de moi, mais je suis ton oncle Florean.)

Puis, n'y tenant plus, il serra l'ancien joueur dans ses bras. Albert fut surpris, mais un sourire lui échappa quand il se rappela un souvenir où il jouait avec lui au foot, très jeune.

« Ai îmbătrânit, unchiu-le ! Aveai mai mult păr ! »
(Tu as vieilli, mon oncle ! Tu avais plus de cheveux!)

Le Roumain éclata de rire, avant de lui donner une tape sur l'épaule, et de le diriger vers la sortit. Dans le parking, il s'arrêtèrent devant une Dacia Logan bleue, immatriculée « B 14 GER ». Lorsqu'il afficha un air interrogatif, Florean lui sourit chaleureusement, quoi qu'il eut, et s'occupant de sa question muette :

« E mașine tată-lui tău, a cumpărată când tai pensionat de la fotbal, și a decis să o imatriculeze așa. »
(C'est la voiture de ton père, il l'a achetée quand tu as pris ta retraite du football, et il a décidé de l'immatriculer ainsi.)

Albert sourit lui aussi, bien que la mention de son père le dérangea un peu, toujours peu habitué à ce rappeler de l'homme qui a quitté sa mère pour retourner dans un pays où les conditions de vie et de travail étaient mauvaises comparées à l'Allemagne. Alors qu'ils empruntaient l'autoroute pour rejoindre la capitale, il se sentit mal à l'aise, en regardant le paysage défiler par la fenêtre. Il ne reconnaissait plus rien, et c'est normal après tant d'années passées en Allemagne, mais il se sentait étranger à cette terre qui avait pourtant accueillit ses ancêtres. Il sentait qu'il appartenait à ce pays, à travers sa langue natale, les plats roumains qu'il affectionnait tant, mais d'un autre côté, le poids de ses habitudes qui devinssent peu à peu allemandes, sa carrière passée exclusivement dans le quadruple champion du monde, la langue germanique qui remplaça celle de ses parents jusqu'à devenir maternelle, et l'abandon de son patronyme roumain pour un allemand le retenait en arrière, l'empêchant dans toutes affiliations au pays qui a fêté ses cent ans d'existence une année auparavant.

OS Footballeur•euse•s [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant