Peut-être dans une autre vie

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Des voix s'élevaient du No Man's Land, et Français, Allemands et Britanniques mangeaient ensemble. Draxler était assis à côté d'un Anglais qui parlaient allemand, Lewis Holtby, qui avait choisi le pays de son père, et non celui dans lequel il était né. Lorsqu'il l'apprit, Julian fut surpris, ce n'est pas tout les jours qu'on voit ce genre de cas, et surtout pas lors d'une guerre de cette ampleur.

« Mais tu sais, l'Angleterre c'est bien aussi, » lui explica le germano-saxon, « c'est différent de l'Allemagne, en mieux. J'étais footballeur avant la guerre, alors que c'est interdit là-bas. »

« Footballeur ? » la curiosité de Draxler se réveilla.

Il avait déjà entendu ce terme, mais il y a longtemps, lorsqu'il n'était qu'un enfant. Il n'avait jamais pratiqué ce sport, et demanda à son compagnon d'infortune de lui raconter. Les yeux de Holtby s'illuminèrent, et son corps fut pris d'une énergie nouvelle. Avec des dessins dans la neige, il lui montra les règles, les rôles sur le terrain, de différents tactiques, tandis que Julian le regardait. L'Allemand mentirait s'il disait qu'il écoutait le Britannique, il ne pouvait ne pas remarquer comment Lewis était radieux lorsqu'il parlait de son métier qui devait être aussi sa passion.

La soirée passa, rythmée par le flot de paroles sur le « Beautiful Game » de Holtby, et enfin une messe de la part d'un révérant Écossais, en latin bien sûr. L'alcool fut sorti, le whiskey et le snaps trouvèrent leur place parmi les différents soldats. Draxler introduit son nouvel ami à ses camarades de sa companie, et l'Anglais finit par rester avec eux.

L'alcoolémie monta dans le sang, et il ne fut pas étrange de voir des hommes tituber jusqu'à tomber par-terre, dans une tranchée ou non. Julian devait s'aider de Lewis pour ne pas tomber, même s'ils étaient assis. Les deux hommes finirent par s'allonger, et comater ensemble.

Le lendemain, les différents soldats s'accordèrent pour faire une partie de football, et Lewis en éblouis plus d'un avec sa technique. Julian le regardait d'un air admiratif, car l'Anglais dansait presque avec son ballon. Le temps passait trop rapidement, et bientôt le soir envahi l'Est de la France. Les hommes devaient rentrer dans leurs tranchées, se préparer au pire de la part de certaines personnes devenues leurs amies. Des photos de femme, sœur, frère ou petite-amid furent échangées parmi les Britanniques, les Français et les Allemands, avant un dernier au revoir.

Draxler voulut serrer la main du joueur de football, mais celui-ci lui donna une accolade à la place.

« On aurait pu devenir amis, » murmura le soldat de la Wehrmacht.

« Oui, » lui répondit celui de la Royal Army, « peut-être dans une autre vie. »

OS Footballeur•euse•s [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant