Un Italiano Vero

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Paulo se perdait dans les rues de Turin. Enfin, il en connaissait beaucoup, habitant dans la ville depuis un petit moment déjà, mais il aimait se balader sans objectif précis en tête, et en découvrir d'autres. On le reconnaissait souvent, en même temps il jouait au club de la Vieille Dame, et quand il voulait être tranquil, une casquette accompagnée de lunettes de soleil et un accent espagnol lui suffisait pour devenir incognito. Bien entendu, le joueur avait ses coins favoris, comme un petit parc dans la banlieue riche, ou le centre-ville quelques peu abandonné où il pouvait rencontrer des immigrés venus du monde entier.

Un jour, lors d'une de ses balades quotidiennes, il se retrouva à errer dans les rues des immeubles délabrés d'un ancien quartier, où la majorité de la ville pensait qu'un énorme traffic de drogue s'y trouvait. Le footballeur portait un simple tricot gris, des jeans noirs, et des baskets blanches, sans oublier la casquette de la Juventus - car il n'en trouvait pas d'autre, mais il ressortait dans ce paysage. Les habitants du quartier étaient en training pour les jeunes hommes, les jeunes femmes sur les escaliers portaient des robes et jupes que l'on pourrait qualifier de « fashion », les adultes devaient être autre part, car Paulo n'en voyait aucun, et enfin les plus âgés était assis sur des bans ou accoudés à des fenêtres, observants les environs et regardant l'attaquant d'un mauvais œil. Il savait qu'il était « dangereux » pour lui de s'aventurer par ici, mais il n'en avait cure. Il ne faisait que passer, et n'allait pas s'attirer de soucis.

En passant devant un groupe de jeunes, il vit un ballon se précipiter dans sa direction. Sans grandes difficultés, il le controla, fit une ou deux jongles par réflexes et le renvoya aux petits enfants qui lui faisaient signe, avec une passe précise qui fit atterrir le ballon pile dans les pieds d'un gosse. Les jeunes le regardaient avec curiosité, et un peu de mépris. et reprirent leur discussion, en espagnol cette fois.

« Miren este niño de rico, » commença celui avec le maillot d'il y a quelques saisons de la Juventus, ainsi qu'un accent argentin.
(Regarde-moi ce gosse de riche.)

« Sí, jugando con la pelota con sus capacidades, » continua un second avec le training du Real Madrid.
(Ouais, en train de se la jouer avec ses skills.)

« Podríamos darle una paliza, para que sirva de ejemplo, » renchérit un troisième, maillot de l'Italie sur le dos.
(On pourrait le tabasser, pour qu'il serve d'exemple.)

« Pero eres un idiota ! La puta policía van a ser aún más salvajes con nosotros más tarde, » le réprimanda ce qui semblait être le chef de du groupe, un quatrième avec le training de la Juve.
(Mais t'es con ! Les keufs vont être encore plus sauvages avec nous après.)

Dybala ne fit aucune remarque, et voulut continuer son chemin, mais c'était sans compter sur le cinquième membre de la bande, maillot Réal Madrdi sur le dos, qui l'interpela d'un :

« Ehi ! Maglia bianca ! » en italien.
(Hé ! Tricot blanc ! )

Le footballeur se retourna, et il vit que toute la rue le regardait d'un air suspicieux.

« Sì ? » répondit Paulo avec son plus bel accent turinois, en s'approchant du groupe.
(Oui ? )

« Che si fai qui ? Ti sei perso du vista ? » lui demanda maillot de l'Italie.
(Tu fais quoi ici ? Tu t'es perdu ? )

« Ho girovagato e basta. »
(Je me balade, c'est tout.)

« Nessuno va in giro qui. » reprit le chef.
(Personne ne se balade par ici.)

« Sono solo di passaggio. »
(Je ne fais que passer.)

Paulo releva un peu sa tête, et maillot Réal Madrid écarquilla ses yeux, et s'exclama :

« È Dybala !»
(C'est Dybala ! )

Immédiatement, le jeune arriva vers lui, lui disant ô combien il l'admirait, lui demandant autographe et que lui aussi aurait voulut devenir footballeur professionnel comme lui. Les autres vinrent aussi, et le boucans alerta les enfants, qui se précipitèrent avec leur ballon. Rapidement, le numéro dix de la Juventus se retrouva encerclé de personnes lui demandant un autographe, une photo, un conseil, ou bien lui faisant ses éloges.

Le footballeur était habitué à ce genres de choses, mais jamais celui lui était arrivé alors qu'il se baladait. Il prit soin de signé autant de photographes que de personnes, les photos en primes, et resta même discuter avec les gens du coin.

« La vista è dura qui, Signor Dybala,» lui racontait une mère de famille au foyer. « Non abbiamo i migliori stipendi, e quelli stranieri della città ci trattano come subo-cittadini. »
(La vue est dure ici, Monsieur Dybala. On a pas les meilleures salaires, et ceux étrangers de la cité nous traitent comme des sous-citoyens.)

« Vedere que un ragazzo dell'Argetina di discendenza polacca e italiana ha avuto successo ci inspira molto, » lui disait un autre jeune, qui avait le maillot du joueur sur le dos.
(Voir qu'un gamin d'Argentine de descendance polonaise et italienne a réussis ça nous inspire beaucoup.)

Paulo passa plus de temps que prévu pour cette ballade, et il appréciait grandement discuter avec ces personnes qui n'avaient pas le même niveau social que lui, qui habitaient dans sa ville, mais qui vivait d'une manière totalement différente de la sienne.

Il rentra chez lui presque deux heures plus tard, le sourire au lèvres. Il en avait appris beaucoup, lui rappelant ses débuts en tant que footballeur. Le cœur plein d'humilité, il se coucha la tête vide, bien qu'il préparait déjà une donation pour aider les quartiers défavorisés de ce genre.

OS Footballeur•euse•s [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant