OS Footballeur•euse•s [TERMINÉ]

Le Fils du Boulanger

Nemanja passait chaque jour dans cette boulangerie. Il y prenait son pain et ses repas du midi. Étant chef de chantier, il avait un salaire qui lui permettait de faire des folies lorsqu'il était en déplacement, comme il l'était maintenant. Il se trouvait toujours en Serbie, à la frontière avec la Croatie, dans un petit village de minorité croate. Le Serbe avait du mal à lire les panneaux, tous en alphabet latin et non en cyrillique comme dans le reste du pays, et les habitants parlaient avec un accent et d'autres mots, même ses subordonnés lui parlaient ainsi, plus pour l'embêter qu'autre chose.

Chaque matin donc, et midi, il passait à la boulangerie du quartier. Il prenait sa grande miche de pain blanc, comme on en fait si bien dans l'Est, ou des viennoiseries salées. Il avait remarqué que c'était toujours la même personne qui le servait. C'était un charmant jeune homme, du même âge que lui, au visage et yeux doux, possédant un sourire angélique. Chez lui, Nemanja avait l'impression que l'accent croate chantait, et non lui écorchait les tympans comme avec le reste des personnes. 

Il sut le nom du boulanger quelques semaines après son arrivé, il s'appelait Duje, et il était le fils du propriétaire. Radonjić fit rouler le nom sur sa langue, et trouva qu'il était parfait pour son propriétaire. Ils s'échangeaient des sourires, des paroles polies et toujours dans l'usage, de filtrant pas ouvertement, car ce n'était pas sûr de le faire ainsi.

Un samedi, Nemanja se décida à faire le premier pas, et alors qu'il glissait les billets de Cпрски Динар, dinar serbe, il fit attention à y laisser aussi un bout de papier. Comme il était le seul client, il en profita pour lui faire un clin d'œil. Le Serbe vit les joues de son Croate se rougirent, mais il dut partir, retourner travailler.

Nerveux, il ne regarda pas son téléphone de l'après-midi, t même chez lui, enfin son appartement de fonction, il dut s'y reprendre à deux fois avant de déverrouiller son portable avec son mot de passe. Son visage s'illumina en voyant une notification de ses SMS.

Simple, court et précis. Nemanja se dépêcha de répondre par son prénom et d'ajouter le numéro à ses contacts.

Trois minutes passèrent, et le Croate ne lui avait toujours pas répondu. Le chef de chantier paniqua, se disant qu'il aurait du autre chose, avant d'entendre la sonnerie caractéristique des messages WhatsApp. Soulagé, il s'empressa de regarder son écran