SIX

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CELIA

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CELIA

Assise au bord de la fenêtre, Brenda de Tupac dans les oreilles et un joint entre les doigts je réfléchis à la venue de l'autre abruti cette aprem. Je comprends pas trop ce qu'il est venu faire ici, pendant dix ans il a joué à Casper et aujourd'hui il vient faire le papa 2.0 « je regrette bla-bla-bla » aller nique ta mère. Excusez-moi pour la vulgarité mais je le pense et cet homme ne mérite en aucun cas mon respect.

Vous savez ce qui me rend folle ? C'est le fait de voir qu'il a donné de l'espoir à ma petite sœur, elle avait un sourire tellement sincère que j'ai peur. Oui j'ai peur, aujourd'hui il veut notre garde mais peut-être que d'ici une semaine il voudra plus de nous. Léana est tellement sensible que j'ai pas envie qu'il la déçoive, j'ai pas envie qu'elle le voit, qu'elle lui parle.. Je sais que si ma soeur me demande d'accepter d'aller vivre avec lui, je ne pourrais pas lui dire non. Je l'aime beaucoup trop, c'est toute ma vie ma seule famille je ne peux donc rien lui refusé.

- Chienne de vie.

J'vous promets que si j'avais été fille unique y'a longtemps que j'me serais jeté d'un toit. Toutes les tentatives que j'ai faite non jamais été un succès, mdr la preuve j'suis là à vous écrire mes peines.

[....]

Avançons un peu dans le temps vous voulez bien ? Toute façon vous avez pas le choix.

Le temps passe et nous voilà début octobre, l'automne une saison que j'apprécie beaucoup. Ma saison préférée c'est l'hiver, parce que c'est glacial comme moi à vrai dire.

Pendant c'est un mois, on a eu le droit à des visites médiatisées ils appellent ça comme ça ici. Léana est toujours chez sa famille d'accueil malheureusement et moi ? Moi..j'passe mon temps à fuguer de ce putain de foyer. J'ai fais deux garde à vu en moins de trois semaines, une pour bagarre et une autre pour vol.

Actuellement je suis dans le bureau d'Isabelle, vous la connaissez maintenant toujours là à me faire la morale celle-là. D'ailleurs aujourd'hui elle est hyper mal habillée.

Isabelle - Celia t'écoute au moins ce que je te dis ?

- Non. J'étais concentré sur votre tenue, c'est moche.

Elle me regarde avec son air de meuf outrée. Bah quoi j'ai pas menti.

Isabelle - (soupire) Je sais plus quoi faire de toi. C'est quoi le problème hein ? T'as seize ans putain ! Tu vas te remettre en question un jour ? On a tout essayé avec toi ! ABSOLUMENT TOUT ! Et toi on a eu le droit à des fugues, des tentatives de suicide, des garde à vu !!

Elle est marrante celle-là. Moi-même je sais pas quoi faire de moi ? J'sais même pas pourquoi Dieu a permis que je vienne au monde si c'est pour souffrir autant. En seize ans j'ai vécu plus de traumatismes que vous tous réuni, j'essaye de faire abstraction de mon passé mais j'y arrive pas. La vérité c'est que je souffre en permanence, mon cœur saigne, j'arrive plus à être contente je ne connais pas la joie. Je suis seule contre tous, je fais la guerre à ma propre personne. Je veux juste mourir.

Isabelle - Ton père fait beaucoup d'efforts pour vous avoir. J'aimerais que t'es une discussion avec lui Celia. L'affaire pour votre garde est dans une semaine alors pour ta sœur fais un effort !

- (soupire) Évitez les coups de pression pour commencer. J'ai rien à lui dire moi. J'm'en tape de sa vie.

Isabelle - J'te laisse plus le choix. Tu vas rester ici et l'attendre !


OMNISCIENT

L'assistante sociale quitte le bureau laissant notre belle Celia seule fasse à sa vie complètement ravagée. Si vous saviez tout ce que notre héroïne cache au fond de son cœur, elle n'est pas mauvaise comme pense beaucoup à son égard, elle est juste détruite, complètement détruite.

Celia soupire et regarde ses avant-bras marqués par les nombreuses mutilations qu'elle se fait subir lorsque la douleur est présente.

Alala.. quelle vie difficile que mène notre chère Celia. Je sais que vous êtes impatientes de découvrir en détail les secrets de notre femme de glace préféré...patience patience.


ISMAEL

J'ai reçu un appel de l'assistante sociale des filles, elle m'a dit que je devais venir immédiatement pour voir Celia.

Je suis fatigué d'avance, pendant un mois j'ai fais des visites médiatisées avec Léana petit à petit j'ai réussi à avoir une petite complicité avec elle et ça me rends vraiment heureux. Mais avec Celia, c'est le néant le plus total. Elle me parle pas, elle vient même pas aux visites pour vous dire.

Issam - Qu'est-ce t'as vieux ?

- (soupire) Celia. Toujours le même problème avec elle wAllah. J'sais plus quoi faire.

Issam - Comprends la. T'as été absent pendant dix ans, t'as même pas une raison valable d'avoir été inexistant durant toutes ces années.

- Elle a une haine en elle Issam, poto c'est pas des blagues.

Issam - Prie Allah c'est le seul qui pourra te venir en aide.

J'hoche la tête et il s'en va.

Issam ? C'est mon pote, mon frère même on se connaît depuis gamin. Il sait tout de moi, du début à la fin. C'est un algérien, et nos 400 coups on les a fait à deux..du moins à trois avec Boubakar alias Bouda à cause de son gros ventre.
Il a connu Baya, il a vu le début de notre relation quand c'était l'amour fou et nos moments de galère quand les disputes faisaient notre quotidien.

Baya ..? Je vous en parlerai, en détail mais pas maintenant. Une chose a savoir, je la déteste autant que je l'aime et notre relation a été destructrice pour elle comme pour moi.

16H00- Bureau d'Isabelle

Ça fait une dizaine de minutes que je suis assis en face de ma fille. Et pendant ces dix minutes j'ai analysé chaque parcelles de son visage, elle est belle wAllah une beauté naturelle et je dis pas ça parce que c'est ma fille hein. Elle ressemble à sa mère, c'est son portrait craché la seule chose qu'elle n'a pas pris d'elle c'est les yeux vert.

- Bien ?

Celia - Ça irait mieux si j'étais pas assise ici avec toi.

- Tu me détestes à ce point là ?

Celia - Tu penses que tu mérites de l'amour de ma part ?

- Un minimum t'as quand même mon sang.

Bah quoi ? Si j'existais pas votre copine ne serait pas là non plus.

Celia - (rire) T'es comique c'est bien. J'te dois rien au cas où t'oublierais. Et si je suis ici c'est pour Léana. Alors je vais faire plaisir à ma soeur, je vais sourire et je vais dire à la juge que je veux vivre avec toi uniquement pour ma soeur.

- Ok. Ça me va, tu veux pas me parler ? Moi non plus ça tombe bien. Et si je suis là c'est également pour ta soeur aussi. J'me casse.

Quand s'est déchiré on peut plus recoudre.

Célia - Condamnée à l'échec

Celia - Condamnée à l'échec Où les histoires vivent. Découvrez maintenant