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« Kook, tu me boudes ? »

Déterminé à l'ignorer, je fis mine de ne pas l'avoir entendu. Je me sentais incroyablement irrité, j'avais l'impression de ne pas être pris au sérieux et ma sensibilité en profitait pour prendre le dessus en cet instant de contrariété. 

La lampe de chevet s'éteignit, laissant les quelques brides de la lumière lunaire s'infiltrer à l'intérieur de la chambre. Un autre bruit de froissement de drap se fit entendre non loin, tandis que je sentis le matelas s'affaisser sous moi. J'en déduisis aisément qu'il s'apprêtait à s'allonger à son tour, ne constatant plus aucune réaction de ma part. Et ce manque d'efforts me mit encore plus en rogne.

Soudain, je sentis un bras entourer ma hanche nue et un torse se coller à mon dos.

« Qu'est-ce que tu fous ?? m'esclaffai-je en un réel sursaut.

- Dormons, puisque c'est ce que tu veux.

- Mais on n'a jamais dormi comme ça, pourquoi-

- Bonne nuit, murmura-t-il avec une désinvolture ahurissante.

Des frissons me traversèrent à partir du moment où son souffle se répercuta contre ma nuque, et que sa main se déplaça un peu plus vers le haut. 

Bon sang, mais à quoi jouait-il ? Depuis quand agissait-il de la sorte en ma compagnie ? Notre relation se risquait à déraper et je ne saurais dire si j'aimais ou non cet aspect envisageable. Néanmoins l'heure n'était pas aux réflexions, il ne faudrait pas oublier son comportement exécrable datant de quelques minutes seulement.

- Tu ne veux toujours pas me dire ? Je revins à la charge, en une ultime tentative avant de définitivement me braquer dans mon petit coin.

- En fait... J'avais rien de spécial à te demander.

Mes paupières se rouvrirent instantanément, assimilant ses toutes dernières paroles non sans un certain choc. C'est bien ce que je disais, Taehyung se payait ma tronche. Il dut sentir mes muscles se contracter puisqu'il claqua un bref bisou sur ma nuque, comme pour tenter de me calmer.

- Pardon, c'était un stratagème pour te délier la langue... Ton excuse foireuse me fait carrément flipper, tu peux pas me faire croire que tu as oublié ce qui semblait pourtant te tenir à cœur sur le moment. Je m'imagine tout et n'importe quoi après ça. 

Et comme un remède miracle, ma colère fondit comme neige au soleil. Je sentis mon pouls s'emballer tout comme l'euphorie me gagner. J'étais rassuré, incroyablement rassuré.

Je ne répondis pas dans l'immédiat. Ses doigts se mirent en fonctionnement, à présent enclins à effectuer de légers cercles apaisants sur mon épiderme découvert.

- Non t'inquiète, c'est pas grave, murmurai-je faiblement.

Les quelques secondes qui suivirent nous plongèrent dans un silence des plus totales, seulement entrecoupé par quelques bâillements opportuns. Je sentais toujours son souffle chaud s'échouer contre ma nuque. Je devais avouer que c'était assez inhabituel, mais aucunement désagréable. À la fois berceur et apaisant. 

Ça me donnait envie de l'insulter, tiens.

- Couillon.

Sa main positionnée sur ma taille, esquissa un infime mouvement. Contre toute attente, ses ongles vinrent pincer un petit carré de peau sans aucune retenue. Je couinai vivement de douleur avant m'empresser de bondir hors du lit, m'éloignant de sa prise comme s'il était victime de la peste.

- 'Scuse, j'ai cru que tu m'avais insulté, déclara-t-il, les lèvres ornées d'un sourire diablement innocent. Comme quoi mon imagination me joue des tours.

⎡Arabesques intimes⎦ ʈkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant