« Éclaircis vite cette situation, exigea-t-il nerveusement en un murmure, sans dévier un seul instant son regard du mien.
Lui-même peinait à y croire. Compréhensible, ce fut si soudain.
Mes doigts tremblotaient frénétiquement sous l'adrénaline et l'appréhension, malgré que je tentais au maximum de le masquer. Je sentais aussi mes pommettes brûler honteusement mais j'étais déterminé, je devais finir ce que j'avais commencé. Pour moi, comme pour lui.
Pas de retour en arrière possible. Je ne le pouvais pas, et surtout je ne le voulais pas.
- Tu veux bien être mon meilleur ami... et mon petit-ami ?
J'expirai profondément.
Voilà, c'était dit.
Un silence monstrueux s'instaura, si bien que le temps semblait s'être interrompu dans sa course. On s'observait, on s'analysait, dans la vaine recherche d'un solide socle auquel s'accrocher. Il me questionna silencieusement du regard, comme pour s'assurer de la véracité de mes propos. J'hochai timidement la tête. Aussitôt, un large sourire vint orner son joli visage. Si rayonnant, si contagieux, que je ne pus empêcher mes propres lèvres de s'étirer à leur tour.
- Je t'aime Kook.
Et là, mon cœur s'affola sans ma permission. Il cognait si fort de joie que j'étais à deux doigts d'en souffrir.
- Moi aussi... » soufflai-je, béat, sans rien ajouter de plus.
Je ne me sentais pas encore prêt pour prononcer ma déclaration d'amour dans son entièreté -bien que ses sentiments soient assurément réciproques, et je ne comptais pas tergiverser sur le sujet au point de me provoquer un affreux mal de crâne. Au lieu de ça, je me réfugiai dans son cou.
Sa main caressait tendrement mes cheveux en bataille, tandis que je fis frotter mon nez contre sa jugulaire. Maintenant que j'étais à peu près en paix avec moi-même, je pouvais profiter de ces petits instants à fond sans me prendre inutilement la tête en parallèle. J'étais vraiment fier de cette avancée.
Le sommeil me gagnait au fur et à mesure qu'on restait dans cette position, ce qu'il sembla remarquer. Il se détacha légèrement de moi afin d'attraper la télécommande des volets, les fermant complètement. On fut alors plongés dans une pénombre des plus totales. C'était une manière de me faire comprendre qu'il était temps de dormir, et je me pliai à sa volonté sans plus de cérémonie. Ma tête reposant sur sa poitrine, les battements effrénés de son cœur me bercèrent jusqu'à l'endormissement.
☀️
Le lendemain matin, je fus le premier à émerger de mon sommeil. Je papillonnai faiblement des yeux, tout en portant mon attention sur le visage endormi de mon aîné. La joue piteusement et adorablement écrasée contre l'oreiller, il semblait si inoffensif. Comme quoi, les apparences sont parfois-
Mon. Dieu. Les épisodes de la veille s'enchaînèrent dans mon esprit. Les émotions, la sueur, la passion. Tout. Et pour couronner cette soirée inoubliable, notre mise en couple.
Mes lèvres s'entrouvrirent de stupeur.
Avant de s'étirer en un sourire radieux.
J'avais l'impression de ne faire que ça, de sourire, depuis hier soir.
En une discrétion insoupçonnable, je m'extirpai silencieusement du lit. Je lui volai un sous-vêtement de sa commode pour m'en vêtir puis je me dirigeai vers sa cuisine, toujours sans un bruit. Ce matin, j'avais envie de lui faire plaisir. Je m'activais alors à ma nouvelle tâche, celle de lui préparer un petit-déjeuner digne de ce nom. Bien entendu, l'appartement de Taehyung ne m'était pas inconnu, loin de là. Je savais où étaient rangés les principaux ustensiles de cuisine et les différentes catégories de nourriture.
Une quinzaine de minutes plus tard, je regagnais sa chambre armé d'un plateau relativement copieux. Je grimaçai de dégoût à la simple vue des haricots verts froids qui reposaient dans l'assiette. J'avais déjà remarqué qu'il en raffolait le matin, donc je n'avais pas hésité. À côté figuraient une tartine de confiture, plus commun, et un grand verre de jus d'orange.
Visiblement encore dans les vapes, Taehyung était éveillé et mollement assis sur le rebord du lit. Son visage s'illumina toutefois en me voyant arriver -en simple sous-vêtement rappelons-le, et plus encore lorsqu'il remarqua le plateau.
Il avait pris soin d'enfiler un bas, lui aussi.
« Salut BG.
J'émis un petit rire à l'entente de sa voix endormie.
- Yo, lançai-je.
Toute assurance me quitta au moment où mon regard se posa sur le lit dont les draps traînaient presque par terre. Celui-là même où nous nous étions abandonnés l'un à l'autre, la veille. Mes dents emprisonnèrent nerveusement ma lèvre inférieure, me faisant fort de ne rien laisser transparaître. Je m'approchai avec timidité de mon aîné qui, j'en mettrais ma main à couper, avait aisément compris la raison de mon moment de flottement. Je retins un jurement en apercevant son rictus. Comme quoi il n'avait pas perdu sa bonne vieille habitude, celle de m'enquiquiner.
- Tu dis quoique ce soit j'te bute, ok ?
Et là, le châtain se mit à rire. Mon corps se détendit immédiatement en constatant que ce même-rire se montrait plus heureux que moqueur.
- C'est pour moi tout ça ? il se calma peu à peu et changea de sujet, son intérêt se focalisant sur ce que je tenais entre les mains.
- Qui d'autre ? répliquai-je sur le ton de la plaisanterie, lui intimant ensuite de se caler contre la tête de lit. Il s'exécuta pour que je puisse déposer le plateau sur ses genoux. D'ailleurs permets-moi de te dire que t'as des goûts de chiotte.
- C'est pas comme si tu ne me l'avais jamais dit, il haussa les épaules tout en se léchant les babines d'anticipation. Le visuel avait l'air de grandement lui plaire, ce qui me rassura d'office. Et entre nous, bouffer de l'oignon brut sur une vulgaire tranche de pain n'est pas mieux. Ni une ni deux, il attrapa son verre de jus d'orange et en avala la moitié d'une traite. Je l'observais faire, des étoiles dans les yeux, immobile devant le lit. Au fait tu as déjà mangé ? Poussé par une curiosité non feinte, Taehyung demanda entre deux bouchées d'haricots verts. Il n'avait pas perdu de temps, l'ogre.
- Zut j'me suis zappé... Quel gros naze !
Et avant-même d'avoir eu le temps de faire volte-face pour rejoindre la cuisine, il me devança et prit la parole.
- Alors qu'est-ce que t'attends ? Viens, il tapota vivement la place vide sur le matelas, semblant ravi de son idée. J'accepte de partager mon petit-déjeuner avec toi.
- Je peux retourner m'en faire un. C'est pas long et-
- Ta bravoure fait ton salut, soldat, mais c'est pas discutable.
- À vos ordres, Caporal. » répliquai-je d'un ton faussement subordonné.
Installé à ses côtés, Taehyung me tendit la biscotte de confiture et son verre à moitié rempli de jus d'orange, tout en me lançant un regard à la fois taquin et satisfait.
Et j'eus l'impression d'être né pour vivre cet instant.
VOUS LISEZ
⎡Arabesques intimes⎦ ʈk
FanfictionQuand Jungkook, étudiant en Art, doit réaliser une peinture sur le thème du nu. Et qu'il demande à son meilleur ami, Taehyung, de poser pour lui.