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Les coups s'enchaînaient, gagnaient en rigueur et en impact, allant même jusqu'à me demander si le sac de frappe n'allait pas finir par céder et se décrocher du plafond face à la puissance des collisions.

Taehyung ne faiblissait pas. Ce n'était que la partie échauffement, et j'étais déjà impressionné par ses capacités. Comme j'avais déjà assisté à un de ses cours de boxe, trois ans auparavant, j'étais bien placé pour témoigner de son progrès phénoménal.

Assis sur le banc des spectateurs -avec deux inconnus-, mes yeux vaguèrent brièvement sur les quelques adultes alignés, malmenant avec brio leur sac de frappe, avant de revenir sur l'objet de toutes mes attentions. Les traits durcis, les gouttes de sueur perlant sur son front, son débardeur humide lui collant à la peau, il frappait sans relâche toujours un peu plus fort. L'ironie du moment est que, si je ne le connaissais pas, il m'aurait carrément intimidé.

Quelques instants plus tard et le professeur annonça la fin de la partie échauffement. À peine eus-je le temps de consulter les notifications de mon cellulaire que les jeunes adultes se trouvaient en position de combat. Chacun faisait face à un adversaire. Au fond de moi, je sentais que ça allait devenir intéressant. 

Mes lèvres s'étirèrent d'elles-mêmes lorsque je le vis les jambes modérément écartées, en position, le visage protégé par ses poings couverts des gants rouges associés à la boxe, d'anticipation. Je compris aisément qu'il se préparait à subir l'impact, signe qu'il jouait le défenseur face à son adversaire, l'attaquant. 

Sur le qui-vive, je me redressai subitement en me mordillant la lèvre inférieure. Je n'arrivais pas à visualiser d'avance l'étendue de la violence. Et à vrai dire, ça me stressait un peu.

Son partenaire entreprit une série de coups qui me parurent un peu trop puissants au premier abord -mais je n'étais pas boxeur, je n'y connaissais rien, que Taehyung para et bloqua avec relativement assez d'aisance. 

L'écho des coups résonna dans l'intégralité de la pièce mais je devais avouer qu'à la longue, je n'y prêtais même plus intérêt. Non seulement parce que je commençais à m'y habituer, mais aussi parce que la silhouette envoutante de Taehyung monopolisait toute mon attention. Lui et ses muscles qui se contractaient à chaque parade, lui et sa mâchoire serrée qui lui conférait des airs farouches. Je sentis une douce chaleur significative irradier mes joues, au fur et à mesure que je comprenais que j'étais en train de le mater, sans aucun scrupule. Quoiqu'avec du recul, au point où on en était tous les deux, ce n'était pas si tragique. 

Je retins de justesse un petit rire.

Le combat prit fin plus vite que prévu. Ou peut-être était-ce simplement moi qui n'avais pas vu le temps passer. Les boxeurs inversèrent les rôles, adoptant alors l'ancienne position de leur adversaire. 

Mon regard croisa brièvement celui de Taehyung avant qu'il ne se reconcentre sur ses activités. Je crus apercevoir un faible sourire orner ses lèvres un court instant. Et c'était sûrement contagieux, puisqu'un sourire vint aussitôt déformer les miennes; mon cœur s'emballait presque.

La fin du cours survint. Mon aîné était en ce moment-même en train de se diriger calmement vers moi, une serviette épongeant la sueur de son front. Il se laissa tomber à mes côtés en un long soupir d'épuisement, sans un mot.

« C'était cool, laissai-je filer sans plus d'émotions.

J'étais surtout assiégé par les multiples images plutôt sexy de Taehyung.

- Cool alors.

- Ouais, cool.

- Je vais me changer, tu m'attends ici ? 

- Oui. » chuchotai-je, déçu qu'il ne me propose pas de venir avec lui dans les vestiaires. 

Peut-être que le règlement interdisait l'accès aux visiteurs ? Ou que Taehyung ne souhaitait pas que je l'accompagne...? Je ne voulais pas paraître insistant ou encore pervers, alors je n'ajoutai rien de plus. Ce n'était pas si grave. 

Un grand blond rayonnant de vitalité s'avança vers lui et ensemble, ils sortirent de la salle. Qui était-il ? Aucune idée, Taehyung ne me parlait presque jamais de ses camarades de boxe. Le professeur m'invita à rejoindre le couloir principal, prétextant devoir fermer la porte à clef durant son absence. Je m'exécutai sans broncher, après tout, ça importait peu, que j'attende ici ou dehors. 

Je pianotais sans réelle conviction sur mon téléphone, seul moyen pour moi de patienter jusqu'à son retour sans véritablement m'ennuyer. Heureusement pour moi, le retardataire ne mit pas beaucoup de temps; il me rejoint bien vite, après avoir salué ses potes. 

« T'en as pensé quoi en vrai ? 

- Fabuleux... soufflai-je presque rêveusement. Attends, tu parles du cours ?

- Bah oui ducon, t'as cru que je parlais de quoi ?

- Du cours. » répondis-je du tac au tac. 

En vérité, j'ai pensé qu'il me demandait mon avis sur ses performances... émoustillantes. À mon grand malheur, mes joues se pigmentèrent à nouveau à ces souvenirs vicieux.

Il me toisa longuement avant de reporter son attention sur le chemin qui s'ouvrait à lui. Nous sortîmes de l'établissement, tandis qu'il me racontait les dernières bêtises de Namjoon et son copain. 

« Tu fais quoi ce soir ? il poursuivit, à tout hasard.

- Je vais faire un exposé sur-

- Tu t'opposerais à ce que je vienne chez toi ? J'ai rien à faire, et j'ai pas spécialement envie de rester seul...

Il afficha une moue exagérément attristée afin d'appuyer ses dires. Je lui tapai l'épaule en l'insultant de voyou, ce qui le fit légèrement ricaner. 

- C'est d'accord. Par contre je déconnais pas, je dois vraiment bosser.

- Oui oui. » il sifflota l'air de rien.


⎡Arabesques intimes⎦ ʈkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant