Échec et Mat

...Sous l'orage

Mathias

Je viens de déposer Edmée devant son école, et putain, quand je vois le nombre de mec qui la mate comme des chiens affamés, j'ai presque envie de descendre de ma voiture pour aller la chercher et la porter en mode homme des cavernes jusqu'à ma caisse, et l'enfermer avec moi dans mon bureau.
Idée qui ne me déplairait pas au demeurant. Avoir Edmée avec moi, pouvoir la regarder, me réapproprier son sourire, l'embrasser à en devenir fou, caresser son corps avec mes doigts pour créer une partition de l'amour. Ouais, ça serait une putain de bonne chose. Alors avant de faire une connerie, je lui envois un message pour la rassurer sur mes sentiments, et quand après l'avoir lu, elle m'envoie un baiser, je suis sur un nuage.

Reprends toi mec.

Et ouais, les connards, vous pouvez toujours la mater, c'est tout ce que vous aurez !
Je démarre en m'insérant dans la circulation pour rejoindre ma société, avec une seule idée en tête celle d'être à ce soir pour la retrouver.

Un seul être vous manque... et mon monde n'est que ténèbres...

Mais c'est terminé. Ma pretty face à repris sa place, et mon univers tourne à nouveau autour d'elle.

Assis à ma table de travail, entrain d'imaginer à ce que va être ma vie maintenant que j'ai retrouvé mon Edmée, je suis coupé dans mes pensées par mon père, qui pénètre dans mon bureau sans attendre l'autorisation d'y entrer.

— Tu sais que ce n'est pas open bar ici ?

— J'ai frappé, mais je n'ai eu aucune réponse, et comme ta secrétaire m'a confirmé que tu n'étais pas en rendez-vous, et bien...

— Ouais, peu importe, je le coupe, tu voulais me voir pour !?

— Te rappeler le dîner de ce soir, et de ne pas être en retard, c'est un futur client important pour la boîte.

— Je connais mon travail papa, et ne pas être à l'heure à un dîner professionnel ne fait pas partie de mes habitudes ! Tu n'as pas besoin de jouer au patron avec moi ! Mais, dis moi plutôt, pourquoi tiens-tu absolument à y assister ?

— Je viens de te le dire, c'est une personne importante, mais aussi un ami.

Quand il insiste sur les derniers mots, son regard se fait fuyant, et ses poings se serrent et se desserrent compulsivement sur les accoudoirs de son fauteuil roulant. L'espace d'un instant un doute apparaît, et je me demande ce que cache cette attitude. Je n'ai pas le temps d'approfondir que mon téléphone sonne, et la voix de mon assistante me prévient que le premier rendez-vous de la journée vient d'arriver.

— Tu m'excuseras, mais on m'attend, je te raccompagne pas, tu connais la sortie.
Et sans plus de considération pour sa personne, je lui tourne le dos pour rejoindre mon bureau.
— La petite Granjier vit toujours avec vous ?

Je lève mes yeux de mon mac pour les fixer dans ceux de mon père, mes doigts figés au dessus du clavier en attendant la suite, étant donné que je ne prend pas la peine de répondre.

— J'espère que tu ne comptes pas te remettre avec elle.
— Et en quoi cela te regarde ? J'ai vingt deux ans, ma vie ne te concerne plus papa.
— C'est ce que tu crois.

Je prends sur moi pour ne rien laisser paraître de ma nervosité suite à sa menace à peine voilée. La porte se referme derrière lui, me laissant avec un sentiment étrange, un goût amer dans la bouche qui ne me quittent pas de la journée.

Vingt heures.
Je ne suis pas repassé à la colocation pour me changer, pas le temps, j'ai enchaîné les rendez-vous et les réunions toute la journée, d'ailleurs, la dernière s'est terminée il y a peine une demi-heure. J'ai tout ce qu'il faut au bureau, des affaires de rechanges, ainsi qu'une salle d'eau.
J'ai choisi un costume noir, coupe slim, avec une chemise blanche et une cravate noire, le tout signé Dior, l'ensemble reflétant mon humeur... Edmée me manque. Il me tarde de la retrouver, soit dans mon lit, soit dans le sien, peut importe en fait, je la rejoindrai où qu'elle soit. En quelques jours, elle a su me rendre de nouveau accro à elle.
Qui essais-tu de berner ? Pas moi hein ! Tu n'as jamais cessé de l'avoir dans la peau... La preuve avec ce tatouage ! Ricane ma conscience.