Bitchy Girl

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Edmée

Assise en tailleur sur mon lit, en train de trier les photos de notre séjour à Saint Pétersbourg, vêtue seulement d'un des rock-shirt de Mathias, mes pensées s'égarent vers cette nuit, tout en perdant mon regard au-delà de la fenêtre de ma chambre, où la pluie frappent les carreaux dans un bruit incessant.

Je me remémore les mots d'encouragement, de soutiens, et mordant de vérité de Mathias alors qu'il me tenait serrée contre lui, ses lèvres effleuraient mes cheveux pendant que l'orage se déchaînait dehors. Mon corps épousant le sien, nous étions face à face, nos yeux perdus dans ceux de l'autre, un regard ne peut pas mentir et celui de Mathias en était le parfait exemple.

— Tu n'as plus à avoir peur ma puce, je suis là... Et chaque phrase était ponctuée d'un baiser. Tu sais au fond de toi que ce n'est pas l'orage qui a tué ta maman...

Un uppercut.
Un coup de foudre que me transperce de part en part.

Il me laisse avaler et digérer cette affirmation, en me faisant basculer sur le dos. Sans attendre Mathias c'est étendu sur moi, entre mes jambes, sans cesser de m'embrasser, puis il reprend d'une voix rocailleuse :

— Je sais que dans ton cerveau de petite fille, tu as fait le lien, mais souviens toi, quand ton père te l'a annoncé, il a précisé qu'un pneu avait éclaté faisant perdre le contrôle du véhicule à ta mère.

D'autres baisers... Plus bas...

Je cherche, je fouille dans ma mémoire pour essayer de faire remonter à la surface cette partie de ma vie douloureuse, pas facile quand mon esprit ne veut se perdre que dans les méandres du plaisir que me provoque Mathias.

Nouveau coup de tonnerre.
Nouvel éclair éclairant la chambre d'une lueur maléfique.

— Je vais te faire oublier cette amalgame, pour la remplacer par une autre mon amour, murmure-t-il sa bouche mordant mon attrape rêve ancré dans ma peau autour de mon nombril. A partir de maintenant, quand il y aura un orage, c'est à moi que tu penseras, à mon sexe en toi, à ma bouche, et à l'orgasme qui va te foudroyer...

Mathias m'a pénétré d'un coup de rein sec et puissant. Ses lèvres ont  possédé les miennes, sa langue a tournoyé autour de la mienne comme une tornade faisant s'envoler mon cœur, alors que la foudre venait de s'abattre à quelques kilomètres.

L'orgasme fût dévastateur.
L'orage oublié.
Ma peur anéantie.

— Merci my heart.

Sont les seuls mots que j'ai prononcé, mes pupilles dans celles de Mathias, mes mains caressant sa mâchoire ourlée d'une barbe de trois jours, avant de me blottir dans ses bras, et de m'endormir sereinement.

Je me reconcentre sur mes clichés, pour les trier, afin de mettre de côté ceux que je veux garder pour l'anniversaire de Salomé. Nous avons eu l'idée Mathias, Adrian et moi, de faire plusieurs guirlandes de photos de Sal depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui, que nous disposerons un peu partout dans la villa et le jardin. Demain, il est prévu que nous allions dîner chez leur père, Mathias en profitera pour récupérer quelques albums photos afin que je puisse piocher dans ces souvenirs.

En attendant, je replonge avec un sourire dans les rues de l'ancienne capitale impériale, autant dans les plus belles stations de métro, que dans le palais Pavlovsk avec notre ballade en troïka, que la journée, froide, mais magique au lac Ladoga. Un séjour magnifique que m'a offert Mathias, en compagnie de nos amis.

La tête baissée, je ne vois pas de suite ma meilleur amie, debout face à moi contre mon lit.

— Tu es partie loin là ! se moque-t-elle. J'ai frappé s'empresse d'ajouter Sal, quand elle devine ma réplique.
— Salut ma pétasse.

Échec et MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant