Chapitre 5

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– Avoir l'apparence d'une Natif te va à merveille, tu es magnifique.

Je souris doucement à ses mots, un sourire qui ne demande pas à être forcé. C'est étrange, mais j'ai l'impression qu'une partie de moi trouve un certain apaisement en entendant ça. Peut-être est-ce la vérité qui s'impose petit à petit, peut-être est-ce ce lien qu'on tisse ici, sur cette Terre. Mais ce n'est pas le moment d'y penser. Je me contente de répondre.

– Toi aussi, je te ferais dire. Tu as l'air d'une vraie guerrière comme ça.

Elle me sourit à son tour, et dans ses yeux, il y a une lueur que je reconnais. C'est la même lueur que j'ai vue chez moi lorsque j'ai décidé de prendre mon destin en main. Une détermination tranquille, mais puissante. C'est cette même lumière qui me fait la respecter, qui me fait admirer ce qu'elle est devenue, ce qu'elle a appris et choisi de faire. Peut-être que, d'une certaine manière, nous avons toutes les deux changé depuis notre arrivée ici.

– Alors vous deux, si j'ai bien compris...

Je les regarde tous les deux, Lincoln et elle. Il sourit, un sourire qui est à la fois rassurant et rempli d'affection. Octavia, elle, rougit, détournant légèrement les yeux, comme une adolescente prise en flagrant délit. Je ne peux m'empêcher de sourire davantage.

– Je suis tellement contente pour vous deux ! Les deux seules personnes que j'aime le plus au monde sont ensemble !

Octavia rougit encore un peu plus, et son regard se pose sur Lincoln avec une tendresse qu'elle ne cherche même pas à dissimuler. Ils ont l'air si proches, si naturels ensemble. C'est touchant. C'est quelque chose de beau à voir.

Mais une partie de moi se referme sur elle-même alors que je me laisse aller à réfléchir à ce que tout cela implique.

– Reste ici avec nous cette fois.

Je la regarde, ses yeux pleins de sincérité et d'espoir, mais il y a une hésitation en moi, quelque chose qui m'empêche de répondre tout de suite. Mes lèvres restent scellées un instant, puis je laisse mon sourire se faner doucement, comme une fleur qui perd peu à peu ses pétales.

– En dehors de ces murs, je suis libre, je fais ce que je veux. Je ne souhaite surtout pas que ma vie ressemble à ce qu'elle était sur l'arche ou même à ce qu'elle a été depuis notre arrivée sur Terre.

Il y a une vérité dans ces mots, une vérité qui me brule. L'idée de rester ici, coincée, surveillée, sous contrôle... Non. Je ne peux plus.

Il essaie de me convaincre, sa voix douce et calme, mais il ne sait pas ce que c'est d'être enfermé, d'avoir été piégé par les murs d'une réalité qui ne nous appartient pas. Peut-être qu'il me comprend, peut-être qu'il ne le pourra jamais.

– Ce n'est pas la même chose, tu peux faire ce que tu veux ici tout en étant protégé.

Il veut me rassurer, mais à chaque mot, je ressens une pression croissante, comme si la liberté que j'ai ardemment désirée était en train de m'échapper à nouveau.

– Je n'ai pas besoin d'être protégée, pas depuis longtemps, grâce à toi.

Je laisse les mots sortir, peut-être plus brusquement que je ne l'aurais voulu. Mais c'est la vérité. J'ai pris mon indépendance, mon autonomie, et je ne veux plus dépendre de quiconque. Pas même d'eux. Pas même de lui.

Elle reprend la parole, ses yeux emplis d'une sincérité qui me touche sans que je puisse l'ignorer. Elle joue sur mes cordes sensibles, et je le sais. Mais une partie de moi est prête à écouter, à comprendre ce qu'elle cherche vraiment.

The 100 - TrikovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant