The 100 - Trikova

Chapitre 6

Je marche lentement, observant autour de moi. Le camp a changé, il est bien plus grand et mieux sécurisé. Les murs sont plus hauts, plus solides, avec du barbelé qui n'était pas là avant. Au nord, il y a des plantations, un peu de tout, un peu de tout ce qu'on peut imaginer dans cet environnement. À l'opposé, au sud, il y a les habitations. En observant tout ça, j'ai l'impression d'être dans un autre monde, un endroit beaucoup plus organisé, mais aussi plus oppressant.

Je me dirige vers l'armurerie, les prisons, comme je préfère l'appeler. C'est là que je suppose que mes affaires sont, si elles n'ont pas disparu. En croisant quelques gardes, je me sens presque de retour sur l'arche, cet endroit où j'avais grandi et où je n'avais jamais eu l'impression d'être libre. Ce sentiment ne me quitte pas ici non plus.

Je pousse la porte de l'armurerie, la refermant derrière moi. Mon regard balaie la pièce, cherchant mes affaires, mais tout ce que je vois ce sont des armes, des fusils, des mitrailleurs. Sur les tables, il y a des couteaux, des haches, des marteaux, mais rien qui ressemble à ce que je cherchais.

Une voix m'interpelle, brisant le silence.

– Une natif dans la salle d'arme ? Tu vas nous tuer à coup de mitraillettes ?

Je me tourne brusquement. Là, devant moi, quelqu'un que je reconnais tout de suite.

– Jasper ?

Il me fixe, le regard éteint, comme s'il n'avait plus la moindre trace de cette lumière qui l'animait autrefois.

– Comment tu me connais ?!

Il attrape un pistolet sur la table et me le pointe sans hésiter.

– Eh, qu'est-ce que tu fais ?

Je lève les mains en l'air, essayant de garder mon calme.

– C'est aussi de votre faute, vous les natifs ! Vous nous avez abandonnés ! Maya aurait pu vivre !!

Je le regarde, ne comprenant pas ce qu'il me dit.

– Jasper, je ne comprends pas ce que tu me dis !

La tension dans la pièce est palpable, l'air lourd d'une menace qui semble prête à exploser à tout instant. Monty fait un pas en avant, les mains levées, mais son regard est tout aussi inquiet que celui de Jasper. Je me sens prise au piège entre ces deux hommes, l'un totalement déstabilisé et l'autre, visiblement sur le point de craquer. L'arme est toujours pointée sur moi, et chaque mouvement qu'il fait me fait plus peur que le précédent.

– Hé ! Hé, qu'est-ce que tu fais, Jasper ?

La voix de Monty éclate dans le silence, mais Jasper reste figé, l'arme toujours tendue vers moi.

– C'est une natif !

– Tu pointes ton arme sur Mia, là !

Jasper secoue la tête, visiblement perdu dans ses émotions.

– Mia est partie, pourquoi elle serait là ? Elle est sûrement morte.

Je prends une inspiration, essayant de calmer la situation, mais la tension entre nous est presque insupportable.

– Non, c'est moi, je suis Mia. Imagine-moi sans tout ce maquillage, sans les peintures sur mon visage.

Il me fixe intensément, comme s'il essayait de percer le masque que je porte, mais il n'abaisse pas son arme. Ses yeux sont remplis de confusion et de douleur, la colère bouillonne en lui, difficile à contenir.

– Mais dans tous les cas, tu es une natif !

Ses yeux se remplissent de larmes, sa voix tremble, et il semble à la fois en colère et brisé.