The 100 - Trikova

Chapitre 16

— Si c'est pour être comme ça, t'es faible, pathétique, tu ne nous sauveras jamais. Tu n'arrives même pas à te sauver toi-même, et l'autre tu ne l'as pas sauvé non plus. Reprend Rave, tranchante, chaque mot une lésion infligée à l'âme, une tentative de briser ce qui reste de la volonté d'avancer.

Jasper se lève d'un bond, une colère palpable dans ses gestes. 

- Tu sais comment elle s'appelle, ne l'appelle pas "l'autre" ! Hurle t'il, une défense instinctive de ce qu'il a perdu, de ce qui a été pris de manière irréversible.

— Eh, réfléchis, ce ne sont pas les filles qui parlent, et là tu leur donnes exactement ce qu'elles veulent. Va à côté. 

La voix de Bellamy est ferme, autoritaire, un rappel que les émotions doivent être maîtrisées dans ce genre de situation. Il attrape Jasper, le forçant à se calmer, à prendre une pause, un moment pour respirer avant de laisser la colère le submerger.

Jasper traverse la pièce, se dirigeant vers une autre pièce, ses pas lourds, emportés par la frustration, alors que Bellamy se rassoit, son regard toujours fixé sur la scène.

— Il ne reste plus que toi et nous, on dirait bien. Dis-je, froidement et calculatrice, comme une prédiction du futur à venir. 

L'atmosphère se charge d'une tension palpable. Les mots flottent dans l'air, lourds de sens, mais chacun d'entre nous sait qu'ils ne sont que l'écho de ce qui pourrait être une fin inéluctable.

— Oh, je t'en prie, Bellamy, on a vécu des trucs sympas ensemble, non ? La voix de Raven est provocante, une tentative de jouer sur les souvenirs pour faire réagir. Des images s'entrelacent dans ma tête, des moments partagés, des liens tissés, mais cette tentative de manipulation, je la sens comme une lame acérée. Pas vrai ? Elle insiste, mais il ne répond pas. Il ne veut pas rentrer dans son jeu, préfèrant nous observer, chacun à notre tour, ses yeux cherchant la réaction que ses mots provoqueront.

— Bon d'accord. Si tu préfères on n'en parle pas. Ce n'est pas comme s'il y avait des tonnes de choses à dire en plus. Mais j'ai quand même une petite question. Elle marque une pause, puis lâche ses mots comme des projectiles : Des fois, tu ne voudrais pas être considéré comme le co-responsable du Mont Weather ? 

La question est acerbe, directe, une accusation cachée sous un voile de curiosité, mais qui touche là où ça fait mal. Il détourne le regard, secouant la tête, visiblement mal à l'aise avec cette vérité qu'il aurait préféré oublier.

— Clarke, on l'a surnommée le commandant de la mort, mais alors toi, qui as participé autant qu'elle, ils t'ont oublié. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça, c'est sorti tout seul, une sorte de réplique amère qui m'échappe sans contrôle. D'ailleurs, on ne t'a rien reproché non plus pour ce que tu as fait aux gens de l'arche. Combien de personnes sont mortes asphyxiées parce que tu avais jeté sa radio ? Mes mots sont durs, froids. Ils frappent là où il est vulnérable, sur ces actions qu'il aimerait effacer. 

- Au moins Clarke, ce qu'elle a fait, c'était pour sauver son peuple. Reprend Raven. Alors que toi, ce n'était que pour ta gueule. Mais évidemment, c'est que dalle comparé à tuer sa propre mère. Les paroles sont comme une gifle, et je vois un frisson de douleur traverser son visage, même s'il tente de le cacher. Tu ne pouvais pas t'empêcher d'emmener ta sœur à sa première boom, hein ? Tu aurais envoyé ta mère à la dérive toi-même, ça aurait été pareil.

Les mots résonnent dans l'air, lourds de jugement.

— Raven. Je l'interromps instinctivement.