The 100 - Trikova

Chapitre 20

 J'appuie la paume de ma main contre la cuisse de ma meilleure amie pour éviter de m'écraser sur elle lorsque le véhicule freine brusquement, s'arrêtant dans un crissement désagréable.

— Un tronc d'arbre en plein milieu de la route, annonce Bellamy d'un ton agacé. On va devoir continuer à pied.

Je laisse échapper un soupir de soulagement. Enfin, une pause.

— Tu t'habitueras à la voiture, murmure-t-elle à côté de moi, un brin moqueuse.

— Je ne crois pas. On se croirait dans la navette lorsqu'on est descendus sur Terre. Ça bouge trop.

Elle me lance un regard en coin, à mi-chemin entre amusement et exaspération, mais elle se contente de secouer légèrement la tête sans répondre. Je descends à mon tour, inspirant profondément l'air extérieur.

Autour de nous, la forêt dense s'étend, le bruissement des feuilles s'accordent parfaitement avec le bruit de la mer que je devine à proximité.

— Nous ne sommes pas loin de la plage. Dis-je en regardant autour de moi, reconnaissant les lieux avec une pointe de nostalgie.

Ces sentiers mènent à un endroit familier, un village où j'ai passé plusieurs mois. Mon village. Il est possible que l'intelligence artificielle ait atteint cet endroit, et cette idée m'angoisse. Là-bas, il y a des personnes auxquelles je tiens... Je dois y aller.

— Suivez-moi, je vous y conduis.

— Vous ? Demande Clarke, sceptique.

Je ne réponds pas. À quoi bon ? Sans un mot, je contourne le gros tronc d'arbre couché en travers de la route.

Par réflexe, je porte une main à mon fourreau... vide. Évidemment. Avec tout ce chaos à Arkadia, j'ai oublié mes armes. Un oubli idiot, même si elle devait me les apporter. Mais avec tout ce qu'il s'est passé, personne ne peut penser à tout.

Après une marche d'environ un kilomètre, nous atteignons enfin la plage. L'air salin me frappe immédiatement, et je ferme les yeux une seconde pour savourer cette sensation familière.

Au loin, des formations de grosses pierres dessinent un cercle. Juste derrière, à quelques centaines de mètres, se trouve mon village.

— Joïke. Murmurais-je presque pour moi-même.

Ce nom, ce lieu, tant de souvenirs... et tant d'incertitudes sur ce qui m'attend là-bas.

— Que devons-nous faire maintenant ?

— Un feu, déjà. Vous avez besoin de vous réchauffer.

Elle se place devant le groupe, mais son regard se fixe particulièrement sur moi, comme si elle cherchait quelque chose.

— Pourquoi tu dis "vous" depuis qu'on est partis, Mia ?

Évidemment. C'était à prévoir. Clarke est probablement la seule à avoir remarqué ce détail, et maintenant que c'est relevé...

— Je ne reste pas avec vous.

Je détourne les yeux et avance vers Octavia. Mon cœur se serre un peu, mais je ne peux pas ignorer ce que je ressens. Une fois devant elle, je lui attrape doucement les mains.

— Je dois aller à mon village. J'ai peur qu'Alie leur ait fait du mal... Je tiens à eux, et je—

— Je ne pensais pas ce que je t'ai dit tout à l'heure, me coupe-t-elle doucement. Je sais que tu ne m'abandonnerais pas. Vas-y. Je voyais bien que quelque chose te tracassait.