CHAPITRE 4

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MIA

Bercée par un morceau de l'un de mes groupes de rock préférés, je terminai de boucler ma valise le cœur battant. Après deux années passées loin de lui, j'allais enfin le revoir.

Mon frère.

Depuis mon opération, les occasions de le revoir n'avaient été que trop rares et entre mon boulot pour payer mes cours et les cours en eux-mêmes, il m'avait été compliqué de trouver du temps pour retourner à New-York. En vérité, je crois que j'avais surtout peur de voir mon frère après les récents événements.

Je savais combien mon frère s'en voulait de ce qui m'était arrivé et même si je lui avais assuré qu'il n'y était pour rien, la culpabilité d'avoir failli à la promesse faite à nos parents il y a six ans, le rongeait. Moi, tout ce que je voyais, c'était qu'il avait tout fait pour me protéger et que malgré toute cette merde, j'étais heureuse.

Comment pouvais-je lui en vouloir de ce qui s'était passé cette nuit-là? Comment pouvais-je le tenir responsable de quelque chose qu'il n'avait pas commis?

J'aimais mon frère plus que tout et savoir qu'il s'en voulait me rendait triste. Il méritait tellement d'être heureux et de vivre sa vie. Mais la promesse qu'il avait faite à nos parents comptait beaucoup pour lui. En dehors de lui et de ma tante, je n'avais personne. Il se sentait peut-être responsable de moi mais je savais qu'il ne pourrait pas tout gérer tout seul.

Lorsque mes parents sont morts dans cet accident de voiture, mon frère avait à peine vingt et un an. Et quoi que l'on puisse dire, c'est un jeune âge pour s'occuper d'une ado de quinze ans et de tout le reste. C'est une grande responsabilité. Je crois qu'à l'époque, il n'avait pas vraiment réfléchi à ce que cela impliquerait. Mais cette promesse était tout ce qu'il lui restait de nos parents et même s'il en chiait, je crois que c'était la seule chose qui lui permettait de tenir le coup sans eux.

Mais honnêtement, je crois aussi qu'il est, d'une certaine façon resté prisonnier de cette promesse qu'il pense ne pas avoir réussi à tenir. Je l'avais vu se détacher de moi au fil des années et quoi que je puisse lui dire, il se devait de la tenir. Je n'étais pas certaine de reconnaître mon frère.

Quelque chose s'était brisé en lui cette nuit-là et mon cœur aussi par la même occasion.

Mon frère était l'une des personnes les plus importantes de ma vie. Il était tout ce que j'avais et le voir aussi mal à cause d'une bande de malades m'avait bien plus atteinte que ce que je préférais lui faire croire.

J'avais toujours fait passer le bonheur de mon frère avant le mien et je voyais bien qu'il avait laissé sa propre vie amoureuse et professionnelle entre parenthèses pour veiller sur moi. Alors lorsque j'ai terminé le lycée, j'ai décidé de partir vivre à Portland et continuer mes études là-bas. Ma tante, Maureen, me laissait vivre chez elle le temps de mon cursus universitaire et honnêtement, ça m'arrangeait. Je ne me voyais absolument pas passer quatre années entières dans une chambre d'étudiants avec une colocataire bruyante et payer un loyer encore plus élevé que le montant de la bourse d'études que j'avais obtenu.

Je me souviens que mon frère n'avait pas franchement approuvé l'idée que je vive à des milliers de kilomètres de lui. Nous n'avions jamais été séparés depuis que nous étions enfants mais je voulais qu'il ait toutes les chances de connaître enfin le bonheur.

Et ce bonheur, c'était Sloane et la musique.

Il avait rencontré cette fille à une soirée d'étudiants et depuis, il lui était impossible de rester une minute éloigné d'elle. Elle était son soleil et c'était exactement ce qu'il lui fallait. Sloane était le genre de filles qui pouvait redonner le sourire à n'importe qui.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant