The Lucky One

CHAPITRE 20

MIA

Je n'avais pas parlé à Ander depuis deux semaines et même s'il essayait de m'appeler, ses appels restaient sans réponses de ma part. Ses paroles résonnaient encore dans ma mémoire. Celles qui m'avaient brisées le cœur à nouveau, celles qu'il avait prononcé malgré moi. J'étais pourtant persuadée qu'il ressentait la même chose que moi, que ce baiser que nous avions échangé avait compté pour lui. Mais même si je tenais à lui, je n'arrivais pas à lui pardonner la manière dont il avait agit. Il avait fait comme si rien ne s'était passé entre nous, comme si ce baiser avait été une erreur mais au fond de moi, je sentais qu'il avait menti.

Il m'avait assuré qu'il ne ressentait rien pour moi et pourtant ce baiser montrait tout le contraire de ce qu'il avait pu affirmer. Il m'avait embrassé avec une telle fougue. C'était comme s'il avait besoin de mes lèvres pour respirer à nouveau, comme s'il avait besoin de cette connexion entre nous pour aller mieux. Je savais qu'il avait souffert par le passé et que l'amour lui faisait peur mais je lui avais ouvert mon cœur et je pensais qu'il aurait le courage de faire de même envers moi. Je pensais qu'il aurait le courage de me dire que lui aussi il m'aimait, que lui aussi il avait ressenti quelque chose mais je m'étais complètement plantée parce qu'au lieu de cela, il m'avait repoussée.

Après avoir quitté son appartement, j'ai erré dans les rues sans vraiment savoir où aller. Je n'avais pas envie de rentrer parce que je savais que si mon frère me voyait en train de chialer à cause d'Ander qu'il me dirait qu'il m'avait mise en garde contre les ravages qu'il aurait sur moi. Mais au fond de moi, mon amour pour Ander était plus fort que tout le reste et sa manière de me repousser m'avait profondément blessée.

Je m'étais dirigée vers une station de métro qui menait jusqu'à Central Park et errais une bonne partie de la journée dans le parc,espérant que la chaleur du soleil et la bonne humeur des gens autour de moi me redonnerait le sourire même si j'étais vraiment triste.Même si mon passé dans cette ville était douloureux, je pensais sincèrement que je pouvais prendre un nouveau départ parce que le temps avait passé et que j'avais changé.

J'avais grandi, mûri et ces quelques années passées loin de cette ville et ses secrets m'avaient aidés à remonter la pente même s'il m'avait fallu du temps.

Mais aujourd'hui, j'avais l'impression d'être retournée dans cette spirale, ce tourbillon de douleur qui avait déjà pris possession de moi même il y a quelques années après l'attentat du bar. Je me souviens avoir rencontré cette femme qui venait voir sa fille dans le coma après l'accident. Elle lui parlait comme si elle espérait que sa fille l'entende. Elle était triste et en voulait à l'auteur de la fusillade d'avoir fait ça à sa fille mais elle ne disait rien.

Même caché derrière son sourire, son visage parlait pour elle. Elle avait les traits tirés, des poches sous les yeux et ses mains tremblaient comme si elle n'arrivait plus à contenir ses émotions.Elle m'avait parlée quelques fois comme pour combler les réponses silencieuses de sa fille à ses questions. C'est elle qui m'avait dit que je ferai mieux de partir dans l'espoir de prendre un nouveau départ, dans l'espoir de reprendre une vie normale après mon opération. Et puis, elle m'avait parlée de sa fille Jenna dont les médecins avaient affirmé qu'elle ne se réveillerait peut-être jamais mais qu'il fallait tout de même continuer à vivre. Elle m'avait parlée d'un coin tranquille où elle rêvait de s'installer,une fois que sa fille serait partie pour l'université de Madrid.

Elle voulait être traductrice et avait prévu de continuer ses études en Espagne. J'étais restée silencieuse et l'avais écoutée avec attention. J'étais triste de savoir que j'allais bientôt sortir et sentir à nouveau le soleil sur ma peau alors que cette fille allongée sur le lit près du mien n'allait peut-être plus jamais le revoir. Je ne sais pas pourquoi mais l'instant où j'ai quitté l'appartement d'Ander, j'ai repensé aux paroles de cette femme.