CHAPITRE 19

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MIA

Je venais de passer la plus belle journée de toute ma vie. En tout cas,c'était l'une des plus belles que j'avais passé depuis longtemps.Je m'étais rendue compte à quel point je vivais les choses à la vitesse de la lumière et que j'avais vraiment un grand besoin de ralentir. Ne pas penser à mes problèmes l'espace d'une journée me faisait vraiment beaucoup de bien. J'avais l'impression que pour une fois, la vie me laissait enfin tranquille. J'avais l'impression qu'enfin, elle me laissait respirer à nouveau et honnêtement, je crois que ces derniers temps, j'avais besoin. Surtout après ce que je venais d'apprendre sur ma mère.

Je ne savais pas comment je pourrais passer à autre chose, comment je pourrais vivre avec cette idée que ma mère aurait pu mourir à seulement dix-sept ans parce que sa meilleure amie était amoureuse d'un mec complètement taré. Mais je n'avais pas envie de penser à toute cette merde maintenant. Ce soir, je me trouvais avec Ander au Memphis et il me parlait des souvenirs qu'il avait avec son père.

C'était la première fois qu'Ander s'ouvrait à moi et je dois bien reconnaître que cette métamorphose chez lui me rendait heureuse.J'étais heureuse qu'il trouve la force en lui de pouvoir me parler de ce qui le faisait souffrir. J'étais heureuse qu'il se confie à moi parce que j'avais vraiment l'impression d'être importante pour lui. Oh je savais que c'était complètement débile de penser une chose pareille mais c'était une manière pour moi de me sentir proche de lui.

Je savais qu'il mettrait du temps à me parler de Sara mais je ne voulais pas le forcer. C'était déjà un pas énorme pour lui de me parler de son père et de sa mère, je ne voulais pas le forcer à me parler de cette fille qu'il aimait si fort et qu'il avait perdu. Je savais qu'il se sentait coupable de cet accident et je ne voulais pas le replonger dans une vague de souvenirs.

Aujourd'hui,il m'avait emmené dans tous les endroits de la ville où il se sentait bien et où il avait l'habitude d'aller avant que sa vie ne se transforme en un immense bordel permanent. Le matin, il m'avait offert une place à L'Entracte pour aller voir un classique d'Hitchcock, Les Oiseaux. C'était un des films que j'adorais revoir dès que j'en avais l'occasion et que j'avais vu pour la première fois avec ma mère. Ce réalisateur comptait un nombre incalculable de films géniaux à son actif mais je dois bien admettre que le côté mystérieux de celui-ci avait toujours fait son petit effet.

Le cinéma se trouvait dans une petite ruelle du quartier de Brooklyn caché derrière une grande porte rouge comme si l'endroit devait demeurer secret. J'aimais bien cet endroit et le fait qu'il soit comme figé dans le temps. C'était comme si une fois à l'intérieur de son enceinte, le temps s'arrêtait pendant une projection et qu'il reprenait son cours après que le public soit sorti. Je n'avais jamais vu un endroit comme celui-ci. Il m'était totalement méconnu alors que je connaissais la ville par cœur mais au fond, je ne le regrettais pas. Si je connaissais déjà l'existence de cet endroit avant qu'Ander m'y conduise, je n'aurais certainement jamais éprouvé autant de bonheur aujourd'hui de l'avoir découvert.

Lorsque nous sommes sortis, Ander m'a emmené chez un vendeur de vinyles où il semblait connaître la patronne. Je ne savais pas vraiment si c'était un ancien plan cul où il s'agissait simplement d'une amie mais il semblait vraiment proche de cette fille. Pendant qu'il discutait avec la fille qui s'appelait Astrid, je fis un tour de la boutique et tombais sur un album que j'adorais écouter lorsque je vivais encore à Portland. Chaque fois que j'étais triste, je mettais en marche mon tourne-disque et je laissais envahir par la sensation que la musique me procurait.

Sérénité et une sensation de bien-être.

Mais lorsque je suis revenue à New-York, je n'ai pas retrouvé cet album que j'aimais tant dans mes affaires alors je me suis demandée si je n'avais pas laissé ce vinyle chez Enzo lorsque j'ai repris mes affaires. J'étais tellement pressée qu'il sorte de ma vie que je n'ai pas prêtée attention à ce petit détail. Alors même si techniquement, j'avais déjà ce disque en ma possession, je décidais de me l'offrir à nouveau, histoire de l'avoir auprès de moi.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant