CHAPITRE 35

61 10 11
                                        

ANDER

Je n'étais pas certain que cette idée soit la meilleure que j'ai eu. Je n'étais pas certain que la décision que je venais de prendre était la meilleure et pourtant c'était celle-ci que j'avais pris. Après tout ce temps je rendais à nouveau visite à ma mère et j'étais carrément mort de trouille. Ce n'était pas mon genre d'avoir peur mais je dois bien admettre que la perspective d'arranger les choses avec ma mère était ce qui m'avait motivé.

Cette idée et le fait que j'avais pris ma bagnole pour me rendre dans le Maine.

Heureusement, toutes les heures de trajet étaient loin d'être ennuyeuses puisque ma petite blonde se trouvait à côté de moi. C'était elle qui avait insisté pour que je vois ma mère, que je lui parle et qu'on essaie d'arranger les choses. Je crois que sans elle, jamais je n'aurais pu être capable de prendre une décision aussi difficile que celle-ci. Je crois que sans elle, jamais je n'aurais pu avoir la force nécessaire pour me retrouver face à ma mère après tout ce temps passé à éviter ses nombreux messages et appels.

Pourtant, quelque chose semblait la contrarier. Elle n'avait pas prononcé un mot depuis que nous avions pris la route et cela faisait au moins deux semaines qu'on ne dormait plus ensemble. J'avais essayé de lui parler, d'en savoir plus sur les raisons qui avaient pu la pousser à se terrer dans le silence mais elle était restée silencieuse, m'assurant que tout allait bien. Pourtant j'étais loin d'être con. Je voyais bien que quelque chose n'allait pas et que quoi que ce soit, ça la rongeait de l'intérieur. Je détestais la voir dans cet état. Je détestais l'idée que la femme que j'aime se sente aussi mal sans que je puisse faire quoi que ce soit pour pouvoir l'aider.

Elle avait le regard fixé sur la route , le front collé à sa vitre . Ce n'était pas le genre de personnes à aimer regarder la route défiler sous ses yeux mais aujourd'hui, elle la fixait et elle ne la quittait pas des yeux. Le seul moment où elle quittait la ligne blanche de la chaussée c'était pour répondre à je ne sais qui au téléphone. Même si je tentais de le cacher, ce silence me rendait malade.

Il avait quelque chose d'assourdissant.

Après avoir raccroché, elle posa son téléphone sur ses cuisses et reporta son attention sur la route comme si c'était le seul moyen pour elle de s'occuper l'esprit. Et évidemment, elle s'arrangeait pour ne pas croiser mon regard. Je crois que c'était ce qui me faisait le plus mal en dehors de son silence. Son regard fuyant me rendait triste et elle semblait s'en foutre complètement.

Avant de partir, elle avait revêtu cette robe bleue nuit qui lui allait si bien. Cette robe qui la rendait tellement belle et qui montrait son dos si parfait. Je tentai d'attirer son attention en posant une main sur sa cuisse et ça avait l'air de fonctionner puisque elle tourna la tête vers moi avant de m'adresser un sourire timide. Elle n'arrivait même pas soutenir mon regard. C'est comme si elle avait honte de quelque chose et que mon regard était trop dur à supporter pour elle. Cela me rendait fou de ne pas savoir ce qui se passait dans sa jolie petite tête et je n'étais pas prêt de le savoir parce que nous étions en train d' approcher de la maison de ma mère .

Il ne restait plus qu'une petite heure à tuer dans ce silence horrible avant d'atteindre l'endroit où se trouvait ma mère. Un endroit où je n'avais pas particulièrement envie de retourner à cause de ces souvenirs qui me pourrissaient la vie mais où j'étais prêt à en créer de nouveaux pour retrouver ce lien si fort qui m'unissait à ma mère lorsque j'étais enfant. Je soupirai longuement histoire de faire réagir Mia mais voyant que cela n'avait aucun effet sur elle, je m'attaquai à l'auto-radio et cherchai une station qui me plairait.

Valait mieux une bonne compilation de rock plutôt qu'un monologue.

J'augmentai le son lorsqu'un morceau de Coldplay résonna dans l'habitacle. Même la musique n'avait pas réussi à faire réagir Mia. Elle tourna la tête une fraction de secondes vers moi et reporta son attention sur la vitre qui laissait apparaître la route goudronnée sur laquelle je roulais. Lorsqu'apparut l'entrée de la bourgade dans laquelle s'était terrée ma mère depuis plusieurs années maintenant, je roulais jusqu'à la sortie de la ville avant de tourner à l'angle de Lennington et Burks Street et roulais jusqu'au quartier résidentiel de la ville avant d'atteindre la maison de ma mère, légèrement cachée par le semblant de forêt qui poussait autour.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant