CHAPITRE 30

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ANDER

Je crois que cela fait un moment que je ne me suis pas senti aussi vide. Non pas vidé de toutes émotions mais vidé de toute énergie. J'ignore combien de temps je suis resté blotti dans les bras de Kelly mais je crois n'avoir jamais autant pleuré qu'aujourd'hui.C'était comme si pour la première fois, j'ouvrais les yeux après une longue période de sommeil. Je savais qu'elle avait raison et que je devais avancer.

Mais cette perspective impliquait de dire « au revoir » à Sara et je n'étais pas certain d'être prêt. C'était comme si quelque chose au fond de moi m'empêchait de la laisser partir et cette simple idée me rendait complètement malade. Je suis resté auprès de Kelly pendant de longues minutes après qu'elle m'ait lâché de cette longue étreinte. Nous sommes restés face à Sara, silencieux, à se tenir la main comme si nous voulions garder ce lien qui nous unissait. C'était comme si nous avions peur de casser ce lien si nous nous lâchions la main.

Après de longues minutes à parler à Sara,je saluais Kelly et quittais le cimetière en remontant l'allée pour regagner la grille. Une fois sorti du cimetière, je longeais la barrière en fer forgé et rejoignis ma voiture avant de m'installer derrière le volant. En observant ma tronche dans le rétroviseur , je grimaçais. Mes yeux étaient encore marqués par les larmes qui avaient surgis de nulle part sans me demander mon avis. Ils étaient gonflés, cernés et encore mouillés de larmes comme si la prochaine vague allait bientôt arriver.

Je ne m'étais jamais autorisé à pleurer et surtout pas devant qui que ce soit qui me connaissait. Peut-être était-ce parce que je me sentais faible et vulnérable. C'était une sensation que j'avais toujours détesté alors je m'étais interdit de pleurer ne serait-ce qu'une seule fois.

Mais Kelly m'avait rappelée une chose essentielle. Mon amour pour Sara n'allait jamais disparaître puisqu'il faisait partie de moi, qu'il m'appartenait et que personne ne pourrait m'enlever ce que nous avions vécu tous les deux. Cette partie de ma vie n'allait pas s'effacer simplement parce que Sara n'était plus là.

Elle continuerait d'exister parce que je me souviendrai toujours d'elle et de ce qu'elle m'a apportée tout au long de sa courte existence. Sara avait marqué ma vie d'une façon indescriptible et elle sera à jamais gravé dans mon cœur quoi que je fasse et peu importe la nouvelle personne qui partagera à nouveau ma vie.

Après avoir passé ma main sur mon visage pour chasser un moment tout le bordel que j'avais dans la tête, j'enclenchai une première et quittais ma place de parking pour reprendre la direction de mon appartement. Je n'étais pas prêt à voir qui que ce soit pour l'instant. J'avais besoin d'être seul avec mes pensées,d'être seul avec mes émotions et de les partager avec personne d'autre que moi même.

Et ma guitare.

La seule chose qui m'avait aidée à traverser des moments difficiles depuis la mort de Sara c'était la musique et même si je l'avais mise en sommeil pendant un moment, je n'avais jamais cessé d'écrire.C'était comme si ma guitare était la seule chose qui m'aidait à me livrer, à me vider la tête grâce à sa mélodie.

Ma guitare faisait de mes émotions une mélodie.

Après avoir fait un détour vers le centre-ville pour atteindre la rue où je voulais m'arrêter pour prendre un truc à manger, je longeais le trottoir et après m'être garé, je sortis de la voiture pour me diriger bers ce resto dans lequel j'aimais aller avec les gars lorsque nous avions terminé nos répétitions. Le studio d'enregistrement ne se trouvait qu'à quelques rues d'ici et si l'on observait bien, on pouvait apercevoir le bâtiment du studio où Rebecca donnait rendez-vous à de nouveaux artistes.

Rien que de repenser au jour ou j'ai reçu cette lettre, mes lèvres dessinèrent un sourire. Dans quelques semaines, elle allait nous convoquer pour nous parler des dates et des salles dans lesquelles nous allions nous produire. J'allais dans le resto et m'approchais du comptoir pour commander.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant