CHAPITRE 5

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MIA

La joie de retrouver enfin mon frère ne m'avait pas quittée depuis que je suis montée dans l'avion. Je n'allais atterrir que dans quelques heures mais je ne tenais pas en place. J'avais l'impression d'être une petite fille attendant avec impatience le jour de noël. Je crois que j'ai toujours gardé cette âme d'enfant en moi et je ne voyais pas pourquoi je changerai. Mon côté enfantin faisait partie de moi.

Assise sur mon siège, je comptais les heures qui me rapprochaient de l'étreinte chaleureuse de mon grand frère en contemplant le ciel à travers le hublot. Être aussi proche des nuages me fascinait. J'avais l'impression de survoler des masses de coton ou de barbe à papa comme disait mon frère lorsque nous étions petits. Un sourire se dessina sur mon visage lorsque le souvenir de mon frère me racontant cette histoire de barbe à papa perdue dans le ciel me revint en mémoire.

Il adorait me raconter des histoires avant que je m'endorme. J'étais toujours un peu angoissée quand l'heure de me coucher arrivait et je l'étais encore parfois aujourd'hui avant de dormir. Alors j'essayais toujours de me souvenir de ce que mon frère disait et mon cœur reprenait doucement un rythme régulier.

Mais pas aujourd'hui. Alors qu'il me reste encore deux heures de vol, mon cœur cogne encore comme un dingue dans ma poitrine. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Si c'est la joie qui m'envahit à l'idée de revoir mon frère ou la peur peut-être de ne pas savoir ce qui m'attend à New-York.

Les choses ont bien dû changer depuis que je suis partie et la ville me rappelle toujours autant ce que j'ai pu perdre lorsque je vivais encore là-bas. Elle m'avait apportée tellement de choses mais j'en avais tellement perdue également que mon cœur se serra lorsque je pris entre mes doigts, le pendentif en forme de cœur que je portais autour du cou. C'était un petit cœur argenté surmonté d'une pierre verte en émeraude, la pierre précieuse préférée de ma mère.

D'ailleurs, c'était tout ce qui me restait d'elle lorsque j'ai mis les voiles.

Ce collier était la seule connexion qu'il me restait avec ma mère, l'être qui m'avait donné la vie, l'être que j'aimais le plus au monde et qui m'avait transmise sa passion de la musique. Je ne l'avais jamais dit à Naël mais même si j'étais heureuse qu'il fasse ce qu'il aime, je ne pouvais pas m'empêcher de l'envier. Depuis la mort de nos parents, je n'avais plus touché une seule fois au piano. Même si l'envie de jouer était toujours là et que le sentiment de manque était encore présent, quelque chose m'empêchait d'approcher un piano depuis ce moment-là.

C'était comme si mon cœur retenait mon amour de la musique  prisonnier en lui .

Mon frère ne manquait pas de toujours me jouer cette chanson que l'on adorait tous les deux lorsque nous nous appelions via Skype.

Should I Stay Or Should I Go.

Mon frère connaissait la mélodie par cœur et il me la jouait à chacun de ses appels vocaux ou vidéos comme s'il s'agissait pour lui de maintenir cette connexion qui nous unissait tous les deux. J'adorais chanter cette chanson avec lui mais chaque fois, elle me rappelait combien la musique me manque et combien elle tient une place importante dans sa vie. J'étais heureuse pour mon frère mais je n'arrêtais pas de me sentir triste pour moi, pour ma mère. Et pourtant, je me taisais parce que je n'avais aucune envie que mon grand frère se sente encore plus coupable. Il méritait plus que quiconque de vivre sa passion à fond et si je devais mettre mon amour de la musique dans un coin de mon cœur et de ma tête pour qu'il puisse vivre sa vie alors cela me convenait très bien. Et peu importait si je faisais le mauvais choix.

Je voulais que mon frère s'en sorte.

Je sentis une larme couler sur ma joue que je chassai d'un revers de la main et reportai mon attention sur le film qui se déroulait lentement sur ma tablette. Je le connaissais par cœur et pourtant, j'aimais toujours autant le voir. Il me rappelait si bien les moments que je passais avec ma mère à dévorer un vieux classique du cinéma américain ou français. Celui-ci était un classique des années 60 et je l'adorais.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant