CHAPITRE 28

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MIA

Replonger dans mon passé avait eu bien plus d'impact que ce que je ne voulais laisser croire. Passer du temps avec Taylor avait fait valser mon esprit dans une vague de souvenirs et pas seulement les plus beaux mais aussi les plus douloureux, ceux que j'avais toujours préféré oublier.

Je n'avais pas vraiment aborder le sujet de l'accident qui avait coûté la vie à mes parents avec mon frère depuis que j'étais revenue vivre à New-York. Nous l'avons évoqué sans jamais vraiment en parler. C'était comme si la perte de nos parents était devenue un tabou à elle seule cachant derrière elle notre détresse et ma dépression qu'avait engendré leur perte mais aussi le fait que mon frère avait laissé une grande partie de sa vie en suspens pour s'occuper de moi. Il en avait oublié d'aimer, il avait lâché sa passion pour la musique et ses études. Il s'était lui même effacer comme si la mort de nos parents avait emporté avec eux une partie de nous mêmes. Un morceau de notre cœur.

Cette partie sombre de mon existence, j'avais tout fait pour la garder cachée au plus profond de moi même mais ces dernières semaines et ma discussion avec Taylor avait tout remis en question. J'avais pris conscience de la chance que j'avais d'être encore en vie et de pouvoir la vivre pleinement. Même si ma famille avait été complètement déchirée après leur disparition, le lien que j'avais avec mon frère s'était renforcé.

Quand mes parents étaient encore en vie, je me souviens que mon frère et moi étions sans arrêt en train de nous disputer ou de nous provoquer. Mon frère adorait entrer en conflit avec ma mère et mon père pour les obliger à le laisser sortir. Ses potes de l'époque et son addiction étaient beaucoup plus importantes que sa famille. Jamais il n'aurait passé du temps avec moi à parler du garçon qui me faisait craqué, à regarder un film serrés l'un contre l'autre dans le canapé et jamais il ne m'avait demandée comme je me portais depuis la mort de Kim.

En vérité, il n'était jamais présent pour faire ce genre de choses et quand il rentrait, il était complètement ivre.

La plupart des fois, mes parents recevaient un appel du poste de police pour leur signaler que leur fils était en cellule de dégrisement. Et comme chaque fois que survenait cet appel, je savais exactement comment les événements qui allaient suivre allaient se dérouler.

Je me réveillais en sursaut et comme si ma mère entendait mes pensées,elle se rendait dans ma chambre, déposait un baiser sur mon front et me serrait contre elle pour me rassurer. Elle n'avait pas besoin de m'expliquer quoi que ce soit, je savais déjà ce qui était en train de se passer et que mon frère en était le responsable.

Je n'en avais jamais voulu à mon frère d'avoir fait autant de conneries par le passé. Je savais que tout ce qu'il cherchait à fait c'était d'attirer l'attention de notre père. A l'époque, il était souvent peu présent à la maison et je savais que Nael en souffrait beaucoup. Je savais qu'il faisait tout ça parce qu'il lui en voulait de ne pas nous accorder plus de temps et je ne pouvais pas le blâmer de souhaiter que notre père soit plus présent. Moi aussi, c'était ce que je voulais. Je pensais exactement la même chose que lui même si je préférais me taire, mon frère arrivait à mettre des mots sur ce qui se passait et sur son mal-être.

A ce moment-là, les disputes étaient plutôt courantes à la maison et au fond de moi, tout ce que je voulais c'était qu'elles cessent.Parfois, elles étaient tellement violentes que je préférais me cacher dans ma chambre et plaquer mon casque audio sur mes oreilles pour ne plus les entendre crier. Grâce à lui, les cris se transformaient en bourdonnements à peine audibles jusqu'à ce que je finisse par ne plus rien entendre avec la musique. Elle avait toujours fait partie de ma vie et elle m'avait toujours aidée à traverser chacune des épreuves difficiles qui l'ont ponctuées.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant