The Lucky One

CHAPITRE 16

MIA

Ce que je venais d'apprendre m'avait totalement chamboulée. J'avais essayé de retourner au Lucky Leons histoire de reprendre mon service mais mes pas m'avaient conduits à l'appartement de mon frère, vide.Mon frère était sans doute en train de répéter avec les gars et Sloane devait être en train de travailler sur la prochaine exposition de sa galerie d'art. Son talent pour la photo lui avait permis de partir à l'étranger pour des reportages et ce travail lui permettait de compléter leurs revenus et ainsi payer le reste des factures.

Depuis mon arrivée, j'avais toujours essayé de les aider financièrement.Je ne voulais pas être venue chez mon frère et les regarder tous les deux galérer sans rien faire. Mon frère et Sloane étaient ma famille et il était important pour moi de les aider à s'en sortir même si mes petites actions ne pourraient pas tout arranger. Mais maintenant, je me sentais incapable de retourner là-bas et voir Jo.

Elle m'avait regardée droit dans les yeux en me parlant de ma mère et du lien qui les unissait toutes les deux et elle m'avait caché tout ce qui s'était passé ce soir-là alors qu'elle savait parfaitement pourquoi ma mère avait coupé les ponts avec elle et qu'elle était l'unique responsable. Elle savait que son connard de mec lui avait fait du mal et elle avait quand même continué à m'envoyer les souvenirs qu'elle avait d'elle en pleine tronche en pensant que ça ferait peut-être l'affaire et que j'oublierai peut-être les questions que je me posais.

D'ailleurs,même si elle avait répondu à la plupart de mes questions, il y en avait encore des tonnes qui se bousculaient dans ma tête. Mais elles étaient plutôt destinées à ma mère. Je m'étais rendue au cimetière pour lui parler, lui dire que je savais tout et que j'aurais aimé qu'elle me dise la vérité au lieu de garder cela pour elle. Je pensais que je me sentirai mieux en allant lui parler mais en vérité, je me sentais encore plus mal qu'avant.

Les images de ma mère en train de se faire frapper par ce mec me hantait. Je voyais ma mère étendue sur le sol et cet homme qui la ruait de coups de pieds, de coups de poings. Je le voyais la frapper de toutes ces forces, en l'insultant, en la frappant de plus en plus fort jusqu'à la faire taire.

J'avais l'impression de vivre la scène comme si j'y étais, comme si je voyais ma mère âgée de dix-sept ans, en train d'aider sa meilleure amie, d'essayer de la protéger avant que cet homme ne s'en prenne à elle. Je n'arrivais pas à faire disparaître cette image de ma tête.Elle tournait en boucle. J'aurais donné n'importe quoi pour remonter le temps et lui éviter cet épisode douloureux de sa vie. J'aurais donné n'importe quoi pour la sauver et lui empêcher toute cette souffrance, toute cette violence qu'elle avait subi.

J'avais imaginé son visage et son corps couvert de bleus, de sang et l'image de cette cicatrice me revenait sans cesse en mémoire. Je la voyais allongée sur ce lit d'hôpital et être l'heureuse élue d'un miracle qui était arrivé, je ne saurais jamais comment.

Les rayons du soleil de ce mois de juillet filtrait à travers les volets et formaient des figures géométriques sur le sol du salon. De fines particules de poussières volaient et dansaient dans ce flash de lumière qui se reflétait sur une photo de ma mère et de mon père,souriant devant un magnifique couché de soleil. Mes parents adoraient voyager et dès qu'une occasion se présentait, ils saisissaient toujours ce moment qui pourrait leur créer de beaux souvenirs. Leurs sourires me rappelaient combien ils aimaient la vie et que rien ne pouvait leur arracher ce sourire qu'ils avaient toujours.

J'aurais aimé être comme eux. Sourire malgré les épreuves,sourire malgré le manque que leur absence me laissait mais je n'étais jamais parvenue à leur ressembler. Maman était belle et généreuse et Papa avait cette douceur et cette joie de vivre qui le caractérisait. Leurs sourires étaient vrais et sincères. Tout le contraire du mien.