CHAPITRE 23

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ANDER

Trois ans plus tôt...

J'avais imaginé cette soirée des tonnes de fois et j'avais tout prévu pour que nous passions un réveillon de rêve. Mais jamais je n'aurais imaginé ce qui se passerait, que l'on aurait cet accident. Sara était dans le comma depuis deux semaines et je venais veiller à son chevet tous les jours. Je me sentais si seul dans cette chambre si vide, enveloppée de ce silence assourdissant. Les bruits des machines qui entouraient ma copine étaient les seuls sons que je pouvais entendre et il accentuait ce sentiment que j'avais de me sentir seul.

Ma vie avec Sara avait été un véritable rêve et l'espace d'une seule fraction de secondes, tout était parti en fumée. Tout avait été réduit à néant en l'espace d'un crissement de pneus. J'aurais donné n'importe quoi pour remonter le temps et empêcher que cet accident n'arrive. Voir Sara avec cet énorme tuyau dans la gorge me foutait la rage et l'idée qu'elle ne pourrait jamais plus se réveiller me faisait carrément flipper. Malgré la présence de mon meilleur ami Riley, Sara était la seule personne qui donnait un sens à ma vie, qui m'aidait à me lever chaque matin et sortir de la spirale de ténèbres dans laquelle je m'étais enfoncé depuis la mort de mon père.

Je ne voyais que très rarement ma mère ces derniers temps mais la plupart des fois où je lui rendais visite, elle était complètement prise dans le brouillard de ses médocs et elle ne sortait plus de son lit. Je ne cessais de lui répéter que la douleur finirait par s'estomper, qu'elle finirait par vivre sans mon père même si je savais qu'il lui manquait terriblement. Dans le fond, je crois que la personne que j'essayais de convaincre c'était moi même. On ne se remet jamais vraiment de la perte d'une personne qui nous est cher ,c'est un mensonge de croire le contraire.

Et sans que je m'en rende compte, je me noyais dans mon propre mensonge.

J'avais toujours été très proche de mon père. C'était un homme dur mais juste et il aimait ma mère d'un amour si grand qu'il était presque impossible de les détacher l'un de l'autre. Mes parents avaient toujours détesté la ville alors pour couper le cordon avec une vie en accéléré, ils avaient acheté ce chalet en Caroline du Nord où ils adoraient se rendre.

Penser à cet endroit était la seule manière pour moi de ne pas péter un câble à contempler les murs sinistres de cette putain de chambre.Ces quatre murs blancs presque jaunis à certains endroits arrivaient à m'angoisser sans même que je les fixe. Je sentais leur pression sur moi comme si ces murs se rapprochaient de moi et que la pièce était en train de rétrécir, comme si elle cherchait à se refermer sur moi. Les médecins m'avaient assuré que cette sensation était parfaitement normale et que c'était l'un des dommages causés par l'accident. Il n'était pas impossible qu'il provoque de nombreuses crises d'angoisse et qu'il fallait selon eux que j'en parle à quelqu'un.

Mais en quoi est-ce normal d'être angoissé par de simples murs blancs ?

Ma respiration était devenue subitement saccadée, comme si mes poumons s'étaient d'un seul coup retrouvés pressés contre ma cage thoracique. J'avais beaucoup trop de mal à respirer et j'avais beau essayer de bouger de cette putain de chaise de merde, j'étais incapable de bouger. C'était comme si mon corps était complètement paralysé, comme si mon cerveau s'était mis en mode «off». Je ne voyais plus que ces quatre murs blancs qui se rapprochaient de moi et rien d'autre. Même le lit sur lequel Sara avait disparu. Je ne voyais plus que la pièce qui se refermait autour de moi alors que j'étais incapable de bouger.

Je n'arrivais plus à respirer, j'étouffais, je suffoquais. Ma poitrine me brûlait et mes mains tremblaient ce qui n'était jamais arrivé jusque là. Alors dans un effort des plus difficiles, je me précipitais vers la porte et l'ouvris pour sortir de la chambre.J'aurais aimé rester auprès de Sara pour veiller sur elle. J'avais toujours peur que le peu de temps où je restais éloigné d'elle pouvait suffire à ce qu'elle rende son dernier soupire. D'après les médecins, ses chances de survivre à cet accident étaient minces et le seul moyen de la maintenir en vie était de la laisser dans ce coma.

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