CHAPITRE 25

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ANDER

Il y avait des tas de raisons qui m'avaient poussé à m'éloigner de Mia. C'était parce que je flippais. Je flippais de pouvoir ressentir quelque chose pour cette fille alors que j'avais perdu Sara il y a maintenant plus de trois ans. Je flippais que cette petite blonde au tempérament de feu puisse me faire ressentir des choses que j'avais si soigneusement enfoui au plus profond de moi même. Si je veux être honnête, j'avais ressenti quelque chose pour elle à la seconde où elle a passé les portes de Lucky Leons. Mon cœur s'était mis à cogner comme un malade dans ma poitrine et j'avais été tellement perturbé après cette rencontre que j'avais décidé de ne pas donner de suite à ce que je ressentais pour lui.

Mais elle avait insisté pour me connaître, pour me montrer que je n'étais pas celui que je voulais montrer à la face du monde. La véritable partie de moi que je cherchais à enfouir depuis la mort de Sara, celle qui a été brisé tant de fois ne demandait qu'à s'échapper et moi je la condamnais à toujours rester cachée. La vérité c'est que je ne voulais pas que les gens voient mes blessures à peine refermées. Je ne voulais pas qu'ils puissent avoir la main mise sur moi avec mes propres failles, qu'ils s'en servent pour m'atteindre.

Je ne voulais pas paraître faible et montrer à quel point la vie m'a paru injuste pendant une grande partie de mon existence. Alors à mon réveil, j'enfilais mon masque, celui du mec détaché que rien n'atteint et je commençai une nouvelle journée de cette façon,sans rien laisser paraître à la face du monde. Et le soir, quand je passais le seuil de la porte de mon appartement miteux de Brooklyn,jamais éclairé de lumière, je tombais le masque et je chialais pendant des heures.

Parce que oui, se cacher derrière l'apparence d'une personne que l'on est pas, ça devient pesant à la longue.

Et plus je me cachais, plus cette sensation d'être un imposteur me pesait. La plupart des gens qui croisaient mon chemin me voyait comme un Dom Juan, un chanteur rauque qui fait craquer toutes les pouffes qui assistent à mes concerts et ne voient pas au delà du mec détaché que je laisse paraître à leurs yeux. Ils ont l'impression de te connaître par l'image que tu dégages mais ils n'ont aucune idée qu'en vérité tu te caches derrière un masque. Mais pour être honnête, cette idée que les gens se faisaient de moi,c'était ce que je cherchais. J'avais trop peur qu'ils se servent de mon passé pour m'atteindre comme ça leur chantait.

Même si cette idée d'être un imposteur aux yeux du monde ne me quittait jamais. Une partie de moi était bien trop heureuse de paraître si proche et pourtant si inaccessible, si lointain et c'était ce qui me plaisait dans cette idée de me cacher derrière un masque à longueur de temps.

Après tout, les gens se fichent pas mal de la personne que tu es tant qu'ils peuvent en tirer profit pour servir leurs propres intérêts.Même le simple fait de savoir comment tu te portes leur importe peu.Parce que lorsque les gens te demandent si tu vas bien, ils se fichent pas mal de la réponse que tu vas leur donner. Qu'elle soit positive ou négative, le résultat reste le même. Les gens se contentent simplement de la réponse que tu vas donner et ne cherchent pas à savoir si celle que tu as donné est la bonne réponse.Au fond, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, il y a simplement celle qui arrange les émetteurs de la question.

Mais Mia était différente.

Elle avait que je me cachais derrière ce masque débile. Je crois que c'est la seule personne qui avait compris que l'image du mec qui se tape n'importe qui n'était pas celle qui me ressemblait. Elle avait passé du temps avec le véritable moi et pas celui que je cherchais à être. Elle avait compris à quel point j'avais souffert et à quel point je flippais de laisser qui que ce soit entrer dans ma vie simplement que j'avais peur.

The Lucky OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant