Calum s'installa sur mon canapé et saisit le café que je venais de lui servir. Il m'avait appelé quelques heures plus tôt pour me demander s'il pouvait passer, trop nerveux à l'idée de notre rentrée. On était à peine arrivés trois jours plus tôt que les vacances de noël prenaient fin et il fallait retourner en cours. Je n'avais encore jamais débarqué en pleins milieu d'une année, et d'une certaine manière, j'appréhendais aussi.
Calum se rattachait à moi comme un enfant s'accroche à sa mère. Je trouvais ça navrant, bien que je fus touchée de voir qu'il tenait à moi. Ce n'était pas la plus belle des relations, mais le protéger me permettait d'avoir bonne conscience. Inconsciemment, si je le sauvais, j'avais l'espoir d'être sauvée à mon tour, un jour, bien que ce soit absurde.
Il y a bien des années que je m'étais refusée à tout espoir concernant ma propre personne, et je craignais que l'arrivée de Calum dans ma vie ne soit que le prémice d'une souffrance sans nom. Avant ma majorité, je m'étais promis de ne jamais m'attacher à qu que ce soit, consciente que je ne survivrais plus à la perte d'un être cher. Et pourtant, je ne cessais d'avoir de la sympathie pour le jeune homme qui prenait de plus en plus de place dans mon monde. Il fallait que je sois prudente. Il avait besoin de moi, mais je ne devais définitivement pas avoir besoin de lui.
Je me suis assise sur le fauteuil, en face de lui, tenant dans mes mains un verre de soda. Je n'ai jamais aimé les boissons chaudes, pas même par un temps froid et glacial comme nous offrait cet hiver là. J'ai toujours aimé ce que personne n'aimait, simplement parce que j'avais peur que ces choses se sentent délaissées.
Calum fixait inlassablement son café, refusant de m'offrir son regard perdu, par honte j'imagine. Je crois que dans sa situation, je n'aurais pas été mieux. Ce sont les épreuves de la vie qui nous forgent, et il aurait été idiot de prétendre pouvoir survivre à quelque chose qu'on n'aura jamais l'occasion de vivre.
J'ai attendu qu'il se lance, dix minutes, puis vingt... Je ne voulais pas le brusquer. Il demandait de l'aide, et je devais attendre qu'il accepte d'en avoir besoin. Je l'ai observé pendant ce laps de temps, en silence, sirotant goûte à goute mon verre à moitié pleins. Et au bout d'une demi-heure, Calum finit par se lancer.
- Je ne sais pas comment agir demain.
Un sourire se nicha sur mon visage. Il avait vraiment l'air d'un enfant, avec ses deux joues rebondit et son regard triste. Si j'avais été quelqu'un d'affectueux je l'aurai sans doute pris dans mes bras pour le réconforter. Mais j'ai toujours préféré la vérité aux doux mensonges qu'on impose à l'amitié.
- Tu as simplement à être toi-même.
- Je l'ai été chez nous, et regarde le résultat... J'ai finis par pleurer tout les soirs comme un type pitoyable.
C'est vrai que son état n'était pas glorieux. Il venait en cours le visage noyée sous la fatigue, avec deux poches sous ses yeux et un regard sans vie. Si je n'allais pas vers lui, il restait seul, dans son coin, à subir la haine d'un monde sans limite.
- Tu dois simplement être plus fort face aux critiques. Tu n'as pas a changé qui tu es.
Il releva la tête vers moi, m'offrant pour la première fois de la journée un contact visuel. J'ai laché le sourire qui était resté sur mon visage parce qu'il n'y avait plus rien d'attendrissant. J'avais face à moi un homme brisé, cherchant de l'aide chez quelqu'un qui ne pouvait lui en apporter.
- Notre pacte consiste à ce que tu m'apprennes à être comme toi Romane. Cela signifie que je ne serais plus jamais moi-même.
J'ai secoué la tête, désaprouvant totalement ses propos. Il ne comprenait jamais, même si je lui expliquais pendant des heures, que notre pacte ne marchait pas ainsi. Il se bornait dans l'idée de n'être pas quelqu'un de bien, quelqu'un de fort. Il voulait changer l'homme qu'il était, sans comprendre qu'il perdrait bien plus que sa fragilité. Je voyais Calum comme un cristal rare : il n'était en aucun cas faible, il était délicat.
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Who you are. [5sos]
FanfictionFiction avec les 5sos. " Mon but n'est pas de te sauver parce que ça n'a aucun sens. Ce dont tu as besoin, c'est d'apprendre à te sauver tout seul. Et je suis là pour t'apprendre." Et si vous vous attachiez au monstre de l'histoire sans jamais le...