9. "They say home is where your heart is set in stone"

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- Alors ?

        Je retrouvai Calum devant le bâtiment, adossé à la grille de fer qui délimitait la maison du diable du reste du campus. J'avais haussé les épaules avant de saisir dans mon sac une cigarette dont j'avais rêvé pendant l'heure précédente si fort que mes mains en tremblaient de manque. Le basané remit en place son sac en bandoulière et croisa les bras sur sa poitrine, de toutes évidences, ma réponse ne lui suffisait guère. J'allumais instantanément ma cigarette, laissant la nicotine parcourir mon corps, me donnant l'illusion d'un apaisement. Je me suis à mon tour adossée contre la grille pour plus de confort : j'avais été debout trop longtemps pour mon pauvre corps qui ne s'était pas assez reposé pendant le week-end.

- Alors ? insista-t-il.

- Je m'en sors avec un avertissement verbal. La prochaine fois, je cite, je laverais le campus de fond en comble.

        J'ai eu un léger rictus en repensant au visage sévère du directeur me menaçant de la sorte, comme si être de corvée de ménage allait me faire peur. J'avais traversé bien pire qu'une séance de nettoyage forcé.

- Mais qu'est-ce qui t'as pris d'insulter un prof Romane... soupira Calum.

        Je tournai la tête vers lui comme pour essayer de trouver une quelconque lueur d'ironie dans ses propos. Je n'avais certainement pas à me justifier d'avoir dis ce que je pensais, professeur ou pas. J'étais une adulte, comme mon professeur d'italien, et rien ne m'empêchait de dire ce que je pensais. Surtout pas après que ce dernier ait trouvé ça juste d'insulter une pauvre fille, du premier rang, qui n'arrivait simplement pas à rouler les R. J'ai toujours détesté qu'on s'en prenne aux gens qui n'ont rien fais pour mériter une quelconque haine, et puisque je m'ennuyais, j'ai simplement trouvé ça juste de la défendre.

        Certes l'insulter d'idiot devant tout l'amphithéâtre n'était certainement pas l'idée du siècle, et rajouter à ça tout un discours absurde sur son incompétence ne m'avait sans doute pas aider, mais je n'allais pas m'excuser d'avoir dis ce que je pensais. Ce professeur était un idiot, point.

- On est là depuis à peine une semaine Romane, je ne supporterais pas l'idée que tu te fasses déjà virée.

- J'ai été virée d'un établissement une fois dans ma vie Calum, ça ne fait pas de moi une abonnée, ai-je répondu nonchalamment.

        Il soupire à mon indifférence et laisse ses bras tombés. D'une certaine manière, je le soupçonne d'être d'accord intérieurement avec mon geste. Après tout, quelques mois plus tôt, c'est sa défense que j'avais prise en dépis du reste du monde, et il ne pouvait me blâmer de le faire avec quelqu'un d'autre.

        Cependant, je comprenais son hésitation. En venant ici, j'avais promis d'être là pour lui, et l'idée que je me fasse virée de l'université pouvait lui paraître effrayant. Mais comme je lui avais pourtant répété, je n'allais pas changer qui j'étais. Et prendre la défense des gens contre des idiots faisait étrangement parti de ma signature génétique.

- Et j'imagine que que tu ne vas pas aller t'excuser.

- Tu imagines bien Calum.

        Je tire une longue taffe sur le reste de cigarette que j'avais entre les mains avant de la jeter un peu plus loin, sans gêne. Je me tournai légèrement vers le basané qui fixait inlassablement le bâtiment que je venais de quitter.

- Je n'ai pas à m'excuser Calum, je n'ai rien fais de mal.

- Dans ton monde, oui...

        Calum fixait toujours le bâtiment, fuyant sans doute mon regard qui se voulait tout sauf amical. Qu'est-ce qu'il sous-entendait par là ? N'avais-je pas raison en affirmant que l'honnêteté était la seule vertu qui devait être pronée ? Bien sur que j'avais raison !

Who you are. [5sos]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant