25. "What did you waiting for ?"

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- Il ne faut pas lui dire, point ! affirma Calum.

- Alors tu le défends maintenant ? Après tout ce qu'il nous a fais, tu le défends ? 

        Quand j'étais jeune, j'aimais mentir. Quand je le faisais, quand je regardais dans le blanc des yeux ma mère, et que je lui mentais, que je lui désobéissais et plus généralement, que je désobéissais à l'étique que la société voulait m'imposer, je me sentais puissante. Je mentais parce que je pouvais mentir, simplement. Si bien que je mentais pour des absurdités sans nom. Et j'aimais ça. 

        On nous apprend tout petit que mentir est une mauvaise chose, et qu'il faut s'acharner à dire la vérité. On a même inventé des dictions pour nous faire peur, en prétendant que la vérité finie toujours par éclater, alors que c'est faux. Personne ne saura jamais qu'à mes cinq ans, je suis allée en douce, dans la nuit, prendre un verre de jus d'orange, alors que j'ai affirmé dormir. Personne. 

        J'imagine que les gens qui affirment ces absurdités ne pensent pas aux petits mensonges. Pourquoi mentirait-on sur des choses aussi futiles ? Moi je le faisais. Je le faisais, et j'aimais ça. 

- Il a été ton ami Ashton, se justifia Calum, tu ne vas pas quand même me dire que tu pourrais sans gêne détruire sa vie, uniquement pour te venger ? 

- Si. Je le ferais. Et je ne comprend même pas comment tu peux vouloir protéger un type comme ça. 

        J'ai continué à mentir, en grandissant, si bien que ma mère adorait me répéter que je ferais une très bonne actrice de cinéma. A mesure que je vieillissais, je me rendais compte que tout le monde mentait pour un rien. Tout ces dessins animés qui m'apprenaient que mentir était une mauvaise chose qui finissait toujours par être puni, ils mentaient aussi. 

        Et puisque tout le monde le faisait, je ne me suis jamais sentie coupable de le faire aussi. Et quand mes camarades découvraient la vérité, et se moquaient de moi, m'injuriaient, et m'excluaient de la société, je m'affirmais doucement que c'était eux qui étaient de simples idiots. Je n'étais pas en dehors de la société, j'étais la société, et eux aussi, plus tard, ils comprendraient que mentir est une chose importante pour survivre.

- Je ne sais même pas comment tu peux vouloir détruire la vie de quelqu'un Ash... Justement, on est pas comme lui. 

- Je ne le laisserais pas s'en tirer comme ça ! grogna le bouclé, adossé contre la table de cuisine.

        J'ai commencé à me mentir aussi, le soir. Ce n'était au départ, pas vraiment un choix, mais toutes les choses que j'affirmais aux autres, j'ai finis par m'en convaincre. Ces souhaits, ces absurdités, j'ai finis par les voir, au lieu de simplement les imaginer. A défaut de savoir ce que ma mémoire voulait effacer, j'ai commencé à me construire un passé plus beau, pour pouvoir oublier celui que j'avais réellement vécue. 

        Mon père n'était pas un simple enfoiré, il était devenue un monstre. Je ne jouais pas simplement bien à pokémon, j'étais une des meilleures. Je n'étais pas vraiment seule avec mes livres, j'avais un admirateur secret dont j'écrivais moi-même les lettres pour les montrer à mes camarades. Je n'avais plus une vie banale, j'avais une vie trépidante que tout le monde enviait. 

        Les mensonges me rendaient heureuses. Et quand quelqu'un découvrait la vérité, je mentais plus encore pour me justifier. Et très vite, je me suis sentie en sécurité dans cette vie illusoire. 

Who you are. [5sos]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant