16. "It'll leave you breathless or with a nasty scar"

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       Ceci est une esquisse de chapitre que je dédis à Charlie Hebdo et aux personnes qui se sont toujours battues pour la liberté d'expression. Plus que jamais, soyons ensembles pour prôner nos droits, et cesser d'avoir peur des gens qui n'ont que la haine pour seule vertu. Je suis Charlie. Nous sommes Charlie. Et contre la bêtise humaine, il n'y a pas de frontière.

        Nous n'avions plus le droit d'exister. Ils ne prenaient même plus la peine de nous regarder. Nous étions devenus des fantômes, des parias, des idiots invisibles... Simplement parce que nous avions voulu rester nous même. Personne ne nous avait adresser la parole. Pas un mot. Même les professeurs, depuis ces deux jours, nous avaient ouvertement ignoré en décidant de sauter notre nom lors de l'appel. 

        Ils voulaient qu'on ressentent cette absurdité de l'existence qu'ils voyaient chez nous. Ils voulaient qu'on se sente aussi inutile qu'ils pensaient que nous l'étions. 

        Parce qu'il y a pire que la haine et la violence, il y a l'indifférence. 

        Et croyez moi, quand environs 3000 personnes agissent comme si vous n'existiez pas, vous commencez à douter de vous-même. 

        Calum a été le plus atteint par les évênements. Je crois que comme moi, il aurait préféré la haine dont nous avions l'habitude. Il aurait préféré qu'on lui fasse des remarques salaces sur les photos de lui qui traînaient encore parfois dans les couloirs que nous empruntions. Il aurait préféré qu'on l'insulte, qu'on le rabaisse... Il aurait préféré qu'on lui donne envie d'hurler, plutôt qu'on le réduise au silence. 

        Ashton intériorisait à mon avis beaucoup. Comme moi, il pensait que cet indifférence collective n'était qu'une passade, et que bientôt, nos pauvres êtres seraient emportés par un ouragan dévastateur. C'était donc une pause, dont nous devions nous délecter pour consolider nos pauvres carapaces. Nous devions nous préparer. Mais ni le bouclé, ni moi, n'avions le courage de confier à Calum qu'il y allait avoir un "après", un "pire". 

        Alors, nous passions le plus clair de notre temps ensemble, à rire, et agir comme si au final, c'était les autres qui n'existaient pas. Et j'aimais sentir le regard des Rebels en permanence sur nous. J'aimais penser qu'ils se torturaient de ne pas nous voir au plus bas. Bien que nous n'étions pas heureux, j'aimais croire que le prétendre les énervait. J'aimais croire que nous avions le pouvoir, et que ce que je réservais à Michael allait sincèrement les faire douter de leur réussite. 

        Je voulais sauver Calum, même si pour cela, tout ceux qui ont osé lui faire du mal allaient devoir souffrir. 

        Il était le bon. Et j'étais prête à me battre pour qu'il ait le droit d'avoir sa belle vie. 

        En sortant de la cafétéria ce mercredi là, j'ai pris le soin de faire un clin d'oeil à Michael, assit confortablement avec ses semblables. Je voulais le provoquer. Lui faire comprendre qu'il ne pouvait m'intimider. 

        Et même si, bien caché au fond de mon appartement, je voyais les deux jeunes hommes qui partageaient ma vie agoniser, je voulais que ce soit un secret. Je voulais que Michael se dise que son plan n'avait pas marché.

        Même si c'était moi qui avait échoué. 

        Mais la vérité, c'est que moi même je commençais à être fatiguée de me demander si j'existais. J'ai toujours aimé être seule, loin des groupes d'amis que tout le monde enviait. Mais la solitude n'est une libération que si elle est un choix. J'ai toujours su que si l'envie me prenait, j'avais toujours l'occasion de m'intégrer à un groupe par ci, par là, pour pouvoir tenter de socialiser. J'avais le choix, et j'avais choisis d'être seule. 

        Mais quand on vous impose la solitude, c'est différent. Quand on vous impose le silence, croyez moi, la seule que vous voulez faire, c'est d'hurlez à qui veux bien vous entendre. Même si personne ne vous répondrait. J'ai toujours trouvé une liberté dans la solitude, mais à cet instant, elle m'enchainait dans une tristesse qui me torturait.

        La veille, j'avais même pleuré après que Calum se soit endormis. Nous avions finis par dormir ensemble chaque soir. Il en avait besoin, et je ne crois pas trop m'avancer en disant que moi aussi. 

        Je commençais à avoir peur moi aussi, mais je m'interdisais de le montrer. J'étais une femme libre, et jamais je ne leur montrerais qu'ils ont un quelconque pouvoir sur moi. Ils peuvent cesser de m'écouter, ils peuvent m'ignorer... Mais jamais ils ne m'empêcheront de m'exprimer. 

        Jeudi approchait, et je savais que plus jamais, les mots allaient être la plus belle arme qu'il m'ait été donné de posséder. Michael allait s'en mordre les doigts, mais plus encore, il allait m'accorder son entière attention. 

        Il a peut-être obligé les gens à m'ignorer, mais une chose est sûre, c'est que jeudi, il sera forcé de me regarder.

        Face à la bêtise humaine, qui est infinie, rien n'a jamais été plus fort que la vérité. 

        Ashton et Calum ignoraient ce que j'allais faire. A vrai dire, si ce n'est Alec, perdu à l'autre bout du monde, personne n'était au courant. 

        Ce que j'allais donner à Michael est plus violent qu'une bombe, plus significatif qu'un pistolet, plus marquant qu'un coup... Face à la bassesse de ses ennemis, il ne faut pas recourir aux armes et à la violence. Nous avons le droit à la parole, et croyez moi, c'est suffisant. Les mots sont plus forts que des armes, parce que les mots sont éternels. 

        Et Michael allait se recevoir un coup d'éternité qui j'espère, le changera à jamais. 

        Plus que jamais, j'étais derterminée à tenir ma promesse. J'allais sauver Calum.

        Je sais que je n'ai pas fais mille mots... Mais je suis vraiment perturbée par les évênements français... Aujourd'hui, moi et 3000 lycéens de ma ville, on a marché ensemble, criant à la liberté d'expression et à la mémoire de Charlie Hebdo. 

        Je voulais faire un chapitre violent, à la base. Je voulais montrer que les étudiants étaient plus qu'odieux envers nos trois personnages, mais je n'avais pas envie d'écrire ça... Je n'avais pas le courage d'imaginer plus encore comment on peut être ainsi... Alors excusez moi. J'ai trouvé qu'une indifférence collective était plus belle que la violence que j'avais imaginé en premier. 

        Je voulais aussi vous rappelez une chose, c'est qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre terroristes et musulmans. Je suis fatiguée de voir sur twitter des gens confondre ces deux choses totalement différentes. Je ne connais pas grand chose à la religion, mais je sais qu'elle interdit de tuer quiconque. Alors comment des personnes peuvent prétendre appartenir à quelque chose dont ils bafouent les principes ? Ne pensez pas que les musulmans sont tous violents. 

        Comme je l'ai dis hier, il y a des musulmans cons, des juifs cons, des chrétiens cons... Soyez racistes des cons au lieu d'en être un vous même. 

        Je vous soutiens dans ces dures épreuves... Et ensemble, restons soudés. Ne laissons pas la peur venir nous voler le peu de liberté que nous devons être fier d'avoir. 

        Encore désolée pour cette esquisse ridicule. 

        Au plaisir de vous lire.

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