20. " Same old shit, but different day."

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    " Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent toutun monde." Jean d'Ormesson.

        J'avais eu besoin de sept mois. Dans tout les bons livres, l'auteur ferait sûrement le compte des jours que cela représente, mais je n'ai pas envie de m'attarder sur le temps qu'il m'a fallut pour trouver le courage de me réveiller, et de mettre un terme au cauchemar que je vivais. 

        Durant ces sept mois, j'ai fais ce qu'on appellerait une dépression. Elle n'était pas si grave que celle dont on vous parle dans les journaux, ou encore, celles que vous avez l'occasion de voir dans les bons films romantiques, où c'est finalement l'amour qui réussit à sauver la pauvre jeune femme en détresse. A vrai dire, je crois que l'amour ne sauve personne. Nous nous sauvons nous mêmes, parce que c'est la seule chose que nous pouvons faire. L'amour n'est qu'une chose à laquelle on se raccroche pour se rassurer. Ou peut-être que je dis ça simplement pour me rassurer moi-même. 

        Je crois que c'est la première fois dans cette histoire que j'utilise le pronom "vous". Sans doute, est-ce parce que j'en viens au point le plus sensible de ma vie et qu'il m'est impossible d'en parler sans avoir l'impression que vous qui me lisez, me soyez d'une quelconque manière proche. Bien que je ne vous rencontrerez jamais, et que nous n'aurons jamais l'occasion d'aller boire un verre dans un bar miteux, avec Calum et Ashton, j'aimerais croire que les mots que je pose sur ce bout de papier ne sont pas simplement vide de sens, et qu'ils se répercutent légèrement sur vos maigres vies.

        Durant ces sept mois, j'ai cessé de sortir. Je n'en avais plus envie. A vrai dire, je n'avais plus envie de grand chose. Je ne voulais plus travailler, plus aller au cinéma, ou au restaurant. Je passais mes journées devant mon ordinateur à lire toute esquisse de litérature qui me tombait dessus, qu'elle soit bonne ou mauvaise. J'ai laissé les gens qui m'entouraient s'éloigner sans même les retenir, voyant dans leur non volonté de me garder auprès d'eux comme la simple raison de ne pas m'y attarder. Si on ne trouvait pas si important de m'avoir comme ami, peut-être que ce n'était pas une si grande perte.

        J'oubliais peu à peu qu'il existait une réalité, et je me réconfortais dans ces songes idéalistes que les histoires m'apportaient. Je continuais d'aller en cours, je continuais de réussir comme je l'avais toujours fais, mais je n'étais simplement plus heureuse. Bien que ce n'est jamais été vraiment mon truc le bonheur, il me semblait que ces sentiments futiles me manquaient. Je n'étais pas malheureuse non plus à vrai dire, et la souffrance, elle aussi, semblait me laisser nostalgique. Je me retrouvais à demander à un Dieu dont je doutais de l'existence, une seule seconde de souffrance plutôt que ce vide perpetuel qui me définissait.

        J'étais vide oui. Je n'avais plus envie de rien. Je me levais sans vraiment le vouloir, et me couchait le soir sans avoir l'impression d'avoir vécue. Je crois que c'est cette période de ma vie qui m'a permis de désirer plus que tout me sentir vivante pour les jours qu'il me restait à vivre. Vous savez, c'est pas forcément facile de ne se rendre compte qu'on ne fait qu'exister, et que si nous cessions de respirer, cela ne changerait pas grand chose au monde que nous aurions laissé. 

        J'étais vide, et puis un jour, j'ai eu l'impression d'être trop remplis de sentiments que j'excécrais. J'avais refoulé pendant tellement longtemps que quand je me suis enfin remise à accepter que mon coeur puisse me diriger parfois, je ne l'ai pas supporté. 

        Je m'en souviens comme si c'était hier. Ces sept mois ont pris fin le soir du nouvel an de ma dernière année de lycée. J'avais beau fuir tout lien avec la communauté, on avait quand même réussit à m'inviter à une soirée, plus par pitié que par réel désir de me voir m'amuser. J'y étais allée, pour faire plaisir à ma mère qui s'inquiétait de ne plus me voir fuir la maison chaque week-end comme j'avais eu l'habitude de faire jusqu'alors.

Who you are. [5sos]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant