4. "I knew the pathway like the back of my hand"

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- Maman, tu veux bien arrêter de crier s'il te plait...

- Tu veux que j'arrête ? Et pourquoi donc ? Je suis ta mère alors tu te tais et tu m'écoutes. Tu ne croyais quand même pas que j'allais sauter de joie en apprenant que ma fille est partie à l'autre bout du pays sans même mentionner son voyage à sa pauvre mère ? Tu sais de quoi j'ai eu l'air quand j'ai appelé ton université pour avoir de tes nouvelles parce que ça fait des mois que tu ne m'en donnes plus, et qu'ils m'ont ris au nez pour me dire que tu avais été virée... Virée Romane ! 

Il fallait bien que ça arrive... Même avec toute la bonne volonté du monde, ma mère n'oublierait jamais de me remettre en place quand elle estimait que je m'écartais du bon chemin. Et le bon chemin, c'était celui qu'elle avait décidé pour moi à ma naissance. Je ne l'avais évidemment, jamais suivis, traçant ma propre route à travers les débris du monde, l'espoir fou de m'en sortir. Depuis combien de temps je ne lui avais pas parlé ? Deux ? Peut-être trois mois. Comme je l'ai dis précedemment, je détestais tout contact social qui ne soit pas direct, alors, quand j'ai déménagé pour l'université, nous avons évidemment perdu toute trace de relation. Nous n'avions jamais été proche de toutes façons, et bien que ce soit triste, je pense que ce qui lui manque le plus, c'est quelqu'un sur qui passer sa colère. Quelqu'un qui la verrait comme le centre de l'univers.

Je ne blâmais pas ma mère d'être la personne qu'elle était. Bien sur, nous ne nous entendions pas vraiment. On pensait de manières différentes, ce qui nous avait conduit, à de nombreuses reprises, à des disputes qui m'ont déchirées le coeur. J'aimais ma maman, comme toute jeune femme se doit d'aimer une femme qui ne les maltraite pas. Nous n'avions rien en commun, si ce n'est un visage similaire. Si elle aimait le bleu, j'aimais le rouge, et tout les choix de nos vies se retrouvaient à l'opposé. Ce n'était pas toujours facile, mais on arrivait quand même à s'en sortir. Du moins, jusqu'à mon entrée à l'université où j'avais totalement décidé d'abandonner le peu de relation qu'il me restait.

Ma mère aimait bien qu'on parle d'elle, et ramenait souvent la conversation autour de sa personne. Si j'étais malade, elle l'était deux fois plus. SI j'allais bien, elle était plus heureuse. D'une certaine manière, c'est un défaut qui nous a toujours éloigné, mais je ne la haïssais pas. Je crois que, quand on comprend quelqu'un, on ne peut lui en vouloir. Quand on comprend les raisons, et qu'on s'imagine une seule seconde à sa place, on ne peut continuer à haïr stupidement. La haine, tout comme le bonheur, provient de l'ignorance.

On déteste quelqu'un parce qu'on ne le comprend pas, parce qu'on s'imagine que nous, on n'aurait pas fait comme ça. On ne veut pas une seule seconde se demander pourquoi. Non. Et pourtant, cette question est essentiel. Adolescente, j'étais idiote, et je détestais ma mère à coeur ouvert. Je criais sur tout les toits à quel point elle était horrible, et à quel point j'étais malheureuse... Et puis un jour, j'ai compris pourquoi elle était comme ça. J'ai compris que la douleur change les gens, et qu'ils trouvent toujours un moyen absurde d'exprimer les peines qu'ils ressentiront à jamais. 

Ma mère manquait d'amour et d'affection et se jetait des fleurs comme je prenais un plaisir à humilier les gens. On n'avait toutes deux, des manières différentes de nous en sortir dans ce monde cruel, et je ne pouvais en vouloir à ma mère de tenter de survivre à sa manière. Qui plus est, j'étais certaine qu'elle ne s'en rendait même pas compte, puisqu'à chaque fois que je décidai d'aborder le sujet, elle niait tout en bloc.

On n'avait rien en commun, pas un seul centre d'intérêt à partagé... Mais je la comprenais. Et ça me suffisait à passer outre.

- Tu sais le pire dans tout ça Romane ? C'est que j'ai attendu comme une idiote que tu viennes me rendre visite pour noël... Et rien. Tu as envoyé une carte. Une pauvre carte. C'est tout ce que je mérite, une carte ? Je suis toute seule maintenant, et toi, tu m'envois une carte...

Who you are. [5sos]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant