Une perle salée se met à rouler le long de ma joue sans que je n'ai le temps de me contrôler. J'aurais voulu pouvoir l'ôter avec ma manche, mais je ne voulais pas risquer que Calum me voit pleurer pour quelque chose d'aussi idiot qu'un film. C'est pourtant moi qui avait insisté pour qu'on regarde Titanic ensemble, après un long débat sur les piètres excuse du basané pour ne l'avoir jamais regardé. Apparemment, ces parents estimaient que ce n'était pas un très bon film... Ce qui m'avait profondémment déçus de leur part, bien que je les adore.
J'avais eu l'occasion de les rencontrer le lendemain de noël, peu de temps avant qu'on ne parte à l'autre bout du pays. Ils m'avaient même offert une écharpe bordeaux pour les fêtes, gentiment. Ils étaient tout deux avenants et souriants, si bien que j'avais eu l'occasion d'apercevoir ce à quoi une vrai famille ressemble. Ils n'étaient pas très heureux de savoir que leur fils se faisait malmener à l'université comme un vulgaire moins que rien, et m'avaient remercié toutes les dix minutes de tenter de l'aider.
Quand ils avaient appris qu'on avait fuis, contrairement à la réaction de ma propre mère, ils n'avaient pas été en colère du tout. Ils nous avaient souhaité bonne chance, en nous demandant quand même d'assurer de temps un temps un simple signe de vie. Je me sentais parfois coupable d'avoir retiré à Calum ses parents en lui promettant une vie meilleure, mais j'étais toujours convaincue que ça en valait la peine.
J'ai tourné la tête pour vérifier que ce dernier était au moins un minimum touché par la scène déchirante qui se déroulait sous nos yeux. Il n'en était pas au point de pleurer, mais il ne pouvait cacher son émotion. Un sourire se logea sur mon visage à mesure que je fixais mon ami.
Quand j'y pense, je n'ai jamais su comment qualifier Calum. Il m'arrivait de l'appeler mon ami, pour ensuite dire que je n'en avais aucun. Je crois simplement qu'à l'époque, il m'était difficile d'accepter que sa petite bouille venait de briser l'un de mes plus grands principes. J'avais peur, de son importance dans ma vie, et de la douleur qui irait forcément avec. Et, si Calum n'était pas mon ami, il était du moins ce qui s'en rapprochait le plus.
Je n'ai pas regardé de nouveau l'écran de ma télévision. Au lieu de ça, j'ai passé la fin du long-métrage à observer Calum regarder mon film préféré. C'était une manière pour moi de l'emmener dans mon monde, de lui prouver que je lui faisais confiance. Quelques jours auparavant, il m'avait demandé de lui parler de moi comme si cette conversation aurait été tout à fais normale. Bien que nous nous connaissions depuis des mois, il ne connaissait pas grand chose de ma vie, sans doute, parce que je prenais soin de faire en sorte que personne n'ait d'arme à mon encontre.
Je n'avais rien répondu, incapable de surmonter mes peurs en un claquement de doigts, mais j'avais promis d'essayer pour lui. Ce film était en quelque sorte ma réponse. Calum connaissait par coeur l'image forte que je chérissais tant. Il connaissait également mes démons, et la manière atroce avec laquelle je pouvais détruire quelqu'un. Mais jamais au grand jamais, il n'avait eu l'occasion de voir la jeune femme sensible qui se cachait au fond de moi.
Sans m'en rendre vraiment compte, mes joues s'étaient transformées en rivière. Je remerciai sincèrement l'obscurité de ne pas rendre évident ma fragilité. Quand il en venait à une histoire fictive, que ce soit un film ou un livre, il me suffisait de peu pour me mettre à pleurer. J'avais réussis, au collège, à pleurer devant Slumdog Millionaire, ce qui n'avait échappé à aucun de mes camarades. Je n'en avais pas honte. Du moins, je ne le voyais pas comme quelque chose de mal. J'étais sensible, oui, point.
Ce que j'aimais moins, c'était la manière dont je me sentais après avoir pleuré. Je me sentais faible, inutile, absurde... Ces histoires irréelles me faisaient plus réagir que la réalité que je passais mon temps à subir, et je trouvais ça pitoyable. Secrétement, moi aussi je rêvais que quelqu'un soit prêt à mourir pour mes beaux yeux !
VOUS LISEZ
Who you are. [5sos]
FanfictionFiction avec les 5sos. " Mon but n'est pas de te sauver parce que ça n'a aucun sens. Ce dont tu as besoin, c'est d'apprendre à te sauver tout seul. Et je suis là pour t'apprendre." Et si vous vous attachiez au monstre de l'histoire sans jamais le...