3. "If you could see me now"

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Je tanguais dangereusement dans les rues de cette nouvelle ville qui s'offrait à moi, trop alcoolisée pour me rendre compte de mon état pitoyable. J'ai racompagné Calum jusqu'à son appartement, plus pour lui prouver que j'en étais capable que par gentillesse. Il n'avait pas bu, lui, trop inquiet pour sa pauvre tête le lendemain. Mais moi, je m'étais laissée aller à la boisson sans ménagement.

J'en avais besoin. J'avais besoin de lâcher prise et d'oublier l'espace d'une soirée la pression qui s'exerçait sur mes épaules. J'ai toujours été du genre à prendre des responsabilités et à les assumer. Je préférai le faire, parce que je le faisais bien, plutôt que d'obliger d'autres personnes à le faire, mal. J'ai ce besoin de contrôle, dans ma vie, sans cesse. Il faut que je puisse tout faire de mon propre chef, pour pouvoir ensuite en tirer soit tout les bénéfices, soit tout les tords.

Contrôler ma vie me permettait d'être libre, après tout. Et je courrais après la liberté comme un enfant court après les jouets. Ou les Ipad... je ne sais plus trop avec quoi les enfants passent leurs journées de nos jours. A vrai dire, à cet instant, je ne me rappelais plus de grand chose. J'avais la tête ailleurs, et un plaisir infini dans les veines à baigner dans cette ignorance.

Ce que les gens ne savent pas le plus souvent, c'est que le bonheur découle de l'ignorance. Une fois que vous vous posez des questions, que vous essayez de comprendre, de savoir, c'est finis. Il n'y a pas de retour en arrière quand on sait, alors que quand on ne sait pas, on a la vie devant soi. Et quand par exemple, vous êtes aussi idiot que moi et que vous avez pris le chemin de la connaissance, l'alcool contribue fortement au bonheur. C'est à se demander pourquoi pas plus de personne n'en sont pas accroc !

Je ne sentais pas mes jambes aller d'elles mêmes vers l'infinité de la vie tout comme je semblais ignorer le froid glacial qui s'abatait sur moi en même temps que les flocons de neige coloraient mes cheveux. Ils devaient d'ailleurs avoir virés au blanc imaculé ! Peut-être que j'étais devenue innocente et pure... Ou que je ne savais vraiment plus quoi inventer pour combler le silence qui m'opressait. D'habitude, je hais le silence simplement parce qu'il m'oblige à écouter toutes les discussions folles qui se trament à l'intérieur de mon crâne... Mais bourrée, je haïssais le silence de me montrer qu'il n'y avait rien en moi.

J'ai marché peut-être une heure, ainsi, dans le froid de ma nouvelle ville. je devrais peut-être enlever le "nouvelle" et commencer dés maintenant à m'habituer au fait que c'était tout simplement "ma ville". On m'avait vanter les mérites de la vivacité ambiante qui y régnait, dû au nombre faramineux d'étudiants qui y séjournaient, mais en ce beau lundi soir, il n'y avait vraiment pas un chat dans les rues qui puisse me permettre de m'amuser encore un peu.

J'avais haïs chaque seconde de ma journée. Je m'étais levée à l'aube pour accompagner Calum à ses cours alors que je n'en avais aucun durant la matinée. Puis j'avais mangé un repas, pas vraiment de bonne qualité, dans une cafétéria bondée de monde. Pour finir par arriver en retard à mon premier cours, dans une salle où tout le monde semblait me fixer et me juger sans gêne.

Non pas que le regard des gens me pose un problème... Au contraire il me faisait rire. C'est juste que j'aurais aimé me faire un peu plus discrète pour éviter que des idiots viennent tenter de discuter avec moi. Je n'avais pas envie de rencontrer de nouvelles têtes et de créer des liens absurdes qui finiraient fatalement par se briser. Je n'avais pas envie d'aimer, de chérir, de rire... J'étais bien seule. Oui.

Le seul bon moment de ma journée fut une fois au bar, avec Calum. Bien qu'il est passé les trois quarts du temps à me parler de ses craintes par rapport à un type dont j'ai oublié le nom... Apparemment il lui aurait proposé un déjeuné, qui en apparence semblait dénué de malveillance. C'était simplement "pour l'intégrer". Mais Calum, suite à mes jolies phrases, se doutait qu'il voulait simplement l'intégrer à son groupe. Groupe dont ignorait même le nom puisqu'il n'avait pas semblé important pour cet inconnu de le préciser...

Who you are. [5sos]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant