Et avant de saisir la poignée de la porte de la salle de bain, j'ai osé lancer un dernier regard sur le miroir qui se trouvait au dessus de l'évier. Mon reflet était effrayant. Cette jeune femme qui se tenait en face de moi n'avait rien de la personne que j'avais toujours voulu être. Si j'avais pu retourner quelques années en arrière pour m'offrir ce maigre aperçus de mon avenir, je me serais sûrement donné envie de vomir. Au lycée, je croyais pouvoir m'en sortir mais la simple manière dont le noir autour de mes yeux montrait la noirceur de mon âme me prouvait que j'avais tord.
C'était comme si je portais un masque, et symboliquement je le faisais. J'étais beaucoup trop maquillée pour me sentir à l'aise. Mais c'était hélas, la seule manière que j'avais trouvé pour assumer le rôle que j'allais jouer.
J'avais fais beaucoup de théâtre dans ma jeunesse. J'aimais jouer les monstres, les méchants, les personnages que tout le monde prend plaisir à détester. J'extériorisais, sur scène, toute la haine que je gardais au fond de moi. C'était ma manière de garder un certains équilibre dans ma vie, me permettant ainsi de pouvoir être plus ou moins sociable en dehors de ces quelques cours. Mes camarades connaissaient mon penchant pour ces personnages sombres, et me les laissaient avec joie car j'excelais à les endosser. Ce n'était pas vraiment un mensonge que j'offrais au public, j'étais moi-même, au fond, un personnage exécrable.
Mais quand je suis arrivée à l'université, je n'avais plus l'occasion de prétendre jouer le méchant. Ca avait été autant libérateur qu'encombrant. En laissant cette partie de mon âme l'emporter sur le reste, j'avais fais une croix sur l'éventualité d'une vie heureuse. Toutes les personnages que j'avais connu après mes dix-huit ans vous le diront, j'étais effrayante. On m'évitait dans les couloirs, on détournait le regard sur mon passage. J'étais incontrôlable. Je pouvais être la personne la plus adorable, et la seconde d'après, le monstre que vous ne voulez pas connaître.
Je me faisais moi-même peur, parfois. Si bien que je n'ai plus jamais su quand je jouais ou quand j'étais moi. Ce monstre a-t-il jamais été autre chose que la représentation de la Romane la plus sombre que j'avais toujours été ? Ou est-ce qu'à force de la jouer, j'ai finis par la laisser me donner l'illusion qu'elle était celle que j'étais ? Aujourd'hui encore, je n'ai aucune réponse à ce dilemme qui continue à me torturer.
J'avais quand même réussis à les séparer, ces deux jeunes femmes. Ou du moins, j'avais trouver un moyen d'alléger ma conscience en imaginant un rôle permanent. Il me suffisait de mettre un odieur rouge sur mes lèvres, et un noir profond autour de mes yeux pour oublier la rêveuse que j'étais. Rajouter à cela des talons trop haut pour être confortable et des vêtements noirs et voyant et vous obtenez le costume parfait du monstre que je prenais parfois plaisir à être.
Avant de sortir de chez moi, chaque matin, comme avant chaque représentation, je sentais mon coeur petit à petit me lâcher. J'avais peur, non pas d'échouer, mais que quelqu'un découvre le subterfuge et que ce dernier aperçoive la jeune fragile que le maquillage cachait. Et ce jour là, plus que jamais, il fallait que je connaisse chaque réplique par coeur ou l'illusion se perdrait et Michael gagnerait bien plus qu'une bataille d'égo.
Avec le temps, j'avais finis par oublier de mettre chaque matin ce costume que je trouvais ignoble. De toutes manières, à l'université, on me craignait que je sois habillée de cuir ou en jogging. La peur que je leur avais insuffler avait été si violente que je n'avais plus besoin de porter un masque absurde à leur yeux. J'étais devenu le monstre que je prétendais être. C'est sans doute pour ça qu'aujourd'hui encore, je ne sais plus si ce n'était qu'un rôle, ou une horrible partie de mon âme. Je crois que je serais toujours dans le flou, dans le vague, quand il s'agit de déterminer qui je suis.
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Who you are. [5sos]
FanfictionFiction avec les 5sos. " Mon but n'est pas de te sauver parce que ça n'a aucun sens. Ce dont tu as besoin, c'est d'apprendre à te sauver tout seul. Et je suis là pour t'apprendre." Et si vous vous attachiez au monstre de l'histoire sans jamais le...