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Je me réveillai le lendemain avec la soudaine envie de tuer l'inventeur du réveil. Aucune personne saine d'esprit ne créerait un tel instrument de torture, et s'il n'était pas mort depuis sûrement deux siècles, je me serais lancée à sa recherche. 

Je me roulai en boule sous mes couvertures, espérant pouvoir ignorer le volume que j'avais réglé bien trop fort. Je réussis pendant quelques minutes, mais je n'arrivais pas à me rendormir, et de toute façon, je ne pouvais pas repousser mon réveil : une longue journée m'attendait.

Je me levai, débranchai l'appareil maudit en espérant l'oublier le soir-même, ce qui n'allait certainement pas arriver. Je traînai bien sûr les pieds jusqu'à ma salle de bains. Mes cheveux avaient l'air horrible. Je fis une grimace à mon reflet, ce qui eut tout de même l'effet de me faire sourire.

Après quelques coups de brosse, mes cheveux avaient l'air en meilleur état. Je passai dans la cuisine pour me faire un café (aussi noir que mon âme), et le laissait un peu refroidir en continuant ma routine du matin. Je commençai par cacher un bouton derrière du fond de teint. Parfois, je me décourageais à la pensée que j'avais encore des boutons à l'âge de vingt-deux ans, j'avais espéré qu'ils disparaîtraient magiquement à ma majorité, mais je devais dépendre de mon cher fond de teint. Je démarrai ensuite la télé et bu mon café tranquillement devant du passionnant téléachat.

Il n'y avait d'après moi pas de pire arnaque que le téléachat, et pourtant je me sentais obligé de regarder ça tous les matins avec mon café avant de me brosser les dents, finir de me maquiller, m'habiller et enfin de partir.

Je mis un certain temps à choisir mes vêtements, mais je mis la même chose que toujours : du noir. Sobre, discret, parfait. Je descendis et pris un balai dans le placard de mon bureau pour faire un peu de ménage dans mon bar. Eli faisait beaucoup de choses, mais je me réservais le ménage. Je mettais de la bonne musique et pouvait chanter sans qu'on m'entende ou qu'on me juge.

Je mis donc mes écouteurs et commençai mon ménage sur du bon son. Je travaillais rapidement, et me permit de laisser les chaises sur les tables. Eli pourrait les descendre quand il reviendrait. Je pris donc ma veste en cuir et mes clés, vérifiai que j'avais tout et verrouillai la porte derrière moi, mes écouteurs toujours dans les oreilles. Je dus les enlever quand je pris la route pour rejoindre le Q.G. de l'Arcane, qui se trouvait dans un des bâtiments à la sortie de la ville.

J'avais un rapport à faire à mes supérieurs. Je saluai les fumeurs à l'entrée du bâtiment, et ajustai ma veste en marchant, pour faire comme dans les films américains. C'était malheureusement compliqué avec un casque de moto sous le bras.

Je traversai les couloirs, et échangeai un sourire poli avec Kieran, que je croisai. Mais il n'était heureusement pas le supérieur que je cherchais, et même pas un de mes cinq supérieurs du tout. Je me dirigeais vers le bureau partagé par l'Empereur et l'Impératrice.

L'Arcane avait une organisation très spéciale. A la tête, deux personnes surnommées l'Empereur et l'Impératrice, toujours d'après les cartes du tarot de Marseille. Ils ne se salissaient jamais ou que très rarement les mains, leur rôle étant plus celui de stratèges. Ils assignaient la plupart des missions, présidaient les réunions, pourrissaient la vie des "Arcanes majeures" dont je faisais partie, et avaient de leur côté, la belle vie.
Trois personnes s'occupaient de les conseiller : le Magicien, la Grande Prêtresse, et le Pape. Ils prenaient des ordres directs de l'Empereur et l'Impératrice, et avaient un peu le même travail qu'eux, sauf qu'ils étaient affiliés aux "Arcanes mineurs".
En-dessous dans la hiérarchie de l'organisation : les Arcanes majeures. Nous étions dix-sept, et avions le droit de déléguer les missions qui ne nous arrangeaient pas, ce que je faisais rarement, ayant besoin d'argent pour entretenir mon bar, mais Gaëtan se faisait un plaisir de le faire. Et tout en-dessous, les "Arcanes mineures", qui avaient à peu près le même rôle que nous, mais les "Arcanes majeures" leur reléguaient donc quelques fois leurs missions, et nous étions considérés comme plus dignes de confiance, et donc plus impliqués dans les missions les plus délicates. J'aimais nous appeler l'élite. 

L'Arcane : AbsolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant