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- Mademoiselle passe aux couleurs, me fit remarquer Kate en s'asseyant en face de moi.

J'ouvris les bras avec un sourire. Ça devait être la première fois depuis des années que je n'étais pas habillée comme si je me rendais à un enterrement dans la journée.

- Je trouve que ça me va bien.

- Ça s'accorde avec tes yeux, me confirma mon amie. Définitivement ta couleur. Et je suis définitivement un génie pour l'avoir choisi.

Je m'esclaffai et lui servis un café, comme toujours quand elle apparaissait dans la matinée. Connaître la patronne avait décidément ses bons côtés, dont celui de pouvoir débarquer sans mon établissement un peu n'importe quand. Si Kieran avait trop de "respect", de ses propres mots, pour venir en dehors des heures d'ouverture, Kate de son côté, ne se gênait pas.

- Comment ça va, sinon ? lui demandai-je.

- Les études, soupira-t-elle. Je n'ai pas des horaires de fou, de toute évidence puisque je suis là, mais je rêve quand-même de vacances.

- Je peux comprendre, lui souris-je. Je ne me souviens même plus de mes dernières vacances. Mais je ne peux pas abandonné le bar, et je ne suis même pas sûre d'avoir les moyens de me payer des vacances au soleil. Ou de pouvoir faire une véritable pause.

- Au moins tu as Gaëtan, glissa-t-elle avec un sourire.

Je souris en retour. Elle avait raison, être en sa compagnie valait toutes les pauses du monde, et il était plus une maison, un chez-moi, que n'importe quel endroit qui puisse exister. A peine le voyais-je, mes soucis me pesaient moins. Alors, oui, heureusement que je l'avais auprès de moi.

- C'est vrai, lui accordai-je. Tes problèmes avec les Claws, ça va mieux ?

Je faisais référence à ce qu'elle m'avait dit lors de notre première rencontre, elle m'avait expliqué être proche de l'Arcane puisqu'elle était sous leur protection. Je ne connaissais par contre pas les circonstances exactes. Elle poussa un long soupir.

- Avec la... disparition de leur chef, les Claws sont dispersés, expliqua-t-elle. Je ne suis plus vraiment en danger, d'après Jeff. On maintient la protection, mais je pense que ce sera fini dans quelques temps.

- Tu ne veux toujours pas m'expliquer pourquoi tu as ces problèmes ? tentai-je.

- Toujours pas, insista-t-elle. Peut-être un jour. Quand ce sera fini. Je ne sais pas.

- Pas envie d'y penser ? supposai-je.

- C'est ça, sourit-elle, presque timidement.

- Je peux comprendre, la rassurai-je. Je préfère laisser ces temps-ci derrière moi aussi. C'est ce que je fais.

Elle me tapota le bras.

- On se comprend.

Elle termina sa tasse de café, et recommença à parler de tout et n'importe quoi. Parfois je la regardais et me demandais comment une jeune femme aussi intelligente qu'elle se cachait sous des dessous de bimbo avec de l'air dans la tête. Elle aimait se donner l'air d'être idiote, comme pour cacher son véritable potentiel, mais si on apprenait à la connaître, c'était des mondes entiers qu'on devinait dans sa tête.

Dans tous les cas, j'appréciais sa compagnie, et le fait qu'elle puisse me comprendre, étrangement. Et elle était sûrement l'une des choses les plus normales dans ma vie.

- Tu as l'air soucieuse, me fit-elle remarquer.

Je me tendis en l'entendant. Je pensais être plus discrète que ça, j'étais même convaincue de mieux savoir cacher mes émotions que ça. Je n'avais pas accompli le travail que j'avais fait en étant un livre ouvert.

L'Arcane : AbsolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant