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- Merci, sourit immédiatement Kieran à peine entrés dans sa voiture.

Un véritable sourire. Je n'étais pas sûre de l'avoir déjà vu comme ça, et je devais avouer que ça me fit un petit effet. Un soupçon de fierté - c'était grâce à moi ! - mêlé à une grande satisfaction, puisque j'étais à peu près sûre qu'il ne souriait pas comme ça à n'importe qui. Mon propre sourire fleurit sur mes lèvres, et nous nous fixâmes pendant quelques secondes.

Il démarra ensuite sa voiture, quittant à nouveau son stationnement sans contrôler, à ma grande horreur. Mais le trajet se passa dans la bonne humeur, ce qui aurait sûrement été une bonne manière de mourir.

- Comment tu vas faire ? demandai-je. Je veux dire, ils vont bien te demander ce que je deviens, non ?

- Je trouverai, dit-il simplement. Mais merci pour aujourd'hui, vraiment. Au moins, pour une fois, je ne les aurai pas déçus.

- Apparemment, ils n'ont pas compris que c'est le but des enfants, soupirai-je en regardant le paysage défiler. Ils te déçoivent, te mentent, te blessent, te tuent. Mais au final, on les aime encore.

Il me regarda silencieusement avant de se reporter sur sa route. Heureusement pour nous. Le retour fut donc plus agréable que l'aller, et j'appréciais que Kieran m'invite chez lui pour un dernier verre (ou plusieurs). J'étais curieuse de savoir où il vivait et comment, invraisemblablement. A quoi ressemblait son appartement. J'avais toujours pensé qu'il s'agissait d'un grand indicateur sur la personne. 

Il s'arrêta dans une rue bien éclairée bordée de belles maisons. Et moi qui pensais qu'il aurait un appartement comme la plupart d'entre nous. 

- Bourge, lui glissai-je sur le ton de la plaisanterie en sortant de voiture. Apparemment on a pas tous le même salaire. 

Il me guida vers une des maisons, et je sifflai en entrant. Les lieux étaient d'une propreté impeccable, et la décoration minimaliste. Je rentrai dans un décor froid et impersonnel, et j'arrivais étrangement bien à voir Kieran évoluer dans cet endroit peu décoré aux murs blancs.

Je me tournai vers lui, attendant qu'il me dise où me poser. Il me fit signe en direction du canapé beige, et je le regardai disparaître, me demandant à quel moment j'avais pensé qu'accepter sa proposition était une bonne idée. Je ne savais plus quoi dire ou faire, où me mettre. Si je pensais que l'endroit où une personne vivait était en effet un indicateur de sa personnalité, je n'avais pas vraiment l'habitude d'aller chez des gens, et ne savait absolument pas comment me comporter. 

Il finit par revenir avec une bouteille de bon whisky et mon visage dut s'éclairer en voyant l'eau-de-vie. Il versa deux verres, et je saisis immédiatement le mien, déclenchant un rire de sa part.

- Pour une fois que tu n'es pas la serveuse, me taquina-t-il. 

Je lui répondis par un éclat de rire, et prit une gorgée de ma boisson. La conversation se fit d'un coup étrangement facilement, et comme on me l'avait souvent dit, l'alcool déliait les langues. Très vite, nous rions à pleine gorge sur son canapé, et je me retrouvais la tête sur son épaule. Son rire se termina, et il me regarda de ses yeux si sombres, son regard pénétrant, et j'avais l'impression qu'il savait tout ce qui se passait à l'intérieur de moi-même, jusqu'au plus profond de mon âme. J'avais l'impression qu'il savait qu'une partie de moi me criait de me lever et de partir, tandis qu'une autre me hurlait de faire quelque chose que j'allais très sûrement regretter.

- Je crois que je pourrais tomber amoureux de toi, souffla-t-il d'une voix rauque.

- Je crois que ce serait la pire idée possible, murmurai-je. Et à la fois une expérience digne d'intérêt.

L'Arcane : AbsolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant