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Ma première mission avait donc été un total échec. Mes sentiments avaient eu le meilleur de moi-même, et ça avait été à Gaëtan de faire tout le sale boulot. Ça n'arriva plus jamais par la suite.

Je pouvais comprendre qu'il s'inquiète que ça arrive à nouveau, et moi-même, j'avais la même inquiétude. Mais je voulais m'en croire capable. Je ne voulais pas être faible.

- Ce n'est pas de la faiblesse de ne pas pouvoir le faire, déclara Gaëtan doucement comme s'il avait lu dans mes pensées.

Je levai les yeux vers son visage. J'aimais son visage. J'aimais ses yeux noisettes, j'aimais son nez large qui s'accordait pourtant parfaitement au reste, j'aimais sa bouche qui offrait les sourires les plus sincères et doux. Ce n'était pas le moment pour y penser, mais je l'aimais tellement, tellement.

Je posai une main sur sa joue, et il laissa son visage se glisser dans le creux de ma paume.

- Tant que je suis avec toi, dis-je doucement, je pourrais faire n'importe quoi.

- Ce n'est pas le genre de choses que j'aimerais que tu fasses, admit-il.

- C'est bientôt fini, promis-je. Après ça, on aura une vie pour nous.

Il posa sa main sur la mienne et sourit. Il m'avait raccompagnée au bar, sans même que je m'en rende compte, absorbée par notre discussion et sa présence. Je le tirai par le poignet vers l'intérieur, et je me dépêchai d'accéder au comptoir pour m'excuser auprès d'Eli de mon comportement de la veille. J'en avais extraordinairement honte, et je lui promis que ça n'arriverait plus, même s'il n'en demandait pas tant. Il me répéta plusieurs fois qu'il comprenait mon comportement compte tenu de ma situation, bien qu'il ne connaisse pas tous les détails, ce qui ne m'excusait tout de même pas d'après moi.

Il me fit signe de prendre place au comptoir, puisqu'il n'y avait pas beaucoup de monde, mais je refusai et décidai de lui donner sa journée de libre, ce qu'il accepta avec joie. Et ce qui me laissait en barmaid. Ça faisait bien trop longtemps que je n'avais plus été à cette place.

Gaëtan était en pleine discussion avec mon employé aux cheveux bleus, et je m'accoudais face à Kieran, que je venais de remarquer.

- Ça a l'air d'aller, avec Gaëtan.

J'ouvris de grands yeux à sa déclaration.

- Est-ce que j'étais vraiment la seule personne à ne pas être au courant de tout ça ? demandai-je avec un vaste mouvement de la main censé représenter la relation qui nous unissait.

- Vous vous comportez comme un vieux couple la moitié du temps, ricana mon ami. Un peu dommage, tout de même, sembla-t-il regretter, ce ne sera pas moi qui aurai la fille à la fin de l'histoire.

- Tu l'aurais eue dans une fiction mal écrite, plaisantai-je en lui tapotant le bras.

Il complimenta ma remarque d'un rire, ce qui me fit incroyablement plaisir, puisque chaque rire de sa part était l'équivalent d'une victoire, tant nous n'avions pas l'habitude de voir ses émotions.

A ce moment précis, les jours qui s'annonçaient me semblaient encore plus brillants. J'étais entourée d'amis, et j'étais même fière de considérer Kieran ainsi, lui que j'avais injustement traité au départ. J'avais eu énormément de préjugés à cause de sa manière de travailler et de sa réputation d'homme sans pitié, mais j'avais appris à connaître la personne sous le masque durant ces dernières semaines, et j'en étais d'une part flattée qu'il me fasse confiance, et de l'autre très heureuse.

Encore une fois, je me devais de remercier Gaëtan pour ça.

Celui-ci prenait d'ailleurs place face à moi. Et même si je n'en avais aucune envie, je savais très bien qu'il comptait parler de travail. Je le laissai informer Kieran de ce qu'il s'était passé la veille pendant que je nettoyais les verres.

L'Arcane : AbsolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant