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Je repris mon travail, tentant d'éviter les regards d'Eli qui me semblaient emplis de pitié à mon égard. Je finis par lui demander d'arrêter.

- Si tu as besoin d'en parler... tenta-t-il.

- Hors de question que je te mêle à ça, déclarai-je d'un ton autoritaire.

Il était déjà bien trop proche de notre organisation en étant un simple employé. Comme je dois déjà l'avoir mentionné, la plupart de nos clients, quand ils n'étaient pas des civils innocents, faisaient partie de l'Arcane ou de plusieurs organisations qui ne nous étaient pas hostiles. Je faisais donc très attention à ce qu'il ne soit pas impliqué à toutes ces histoires, il l'était déjà bien trop à mon goût.

Je repris donc ma vie d'apparence tranquille, mais seulement d'apparence, attendant l'appel de mon cher informateur, qui finit par arriver deux jours plus tard. J'avais une entrevue avec Yira Usamov prévue pour la semaine suivante, ce qui me donnait le temps de me préparer avec Gaëtan et Kieran.

Ce jour-là, je plaçai Gaëtan en sniper sur l'immeuble d'en-face, au cas où ça tournerait mal et puisqu'il était le meilleur de mes deux associés dans ce domaine, même le meilleur de nous tous, et Kieran se chargeait d'écouter la conversation grâce au dispositif que je portais. J'avais également dissimulé un couteau de chasse à la lame assez courte, au cas où Yira m'attaquerait. Bien sûr, je devrais être proche d'elle dans ce cas-là, ce qui serait peu probable, puisque je tentais de garder mes distances dans de telles situations, craignant d'être attaquée.

Je vérifiai que Gaëtan et Kieran étaient en place, et arrivai au lieu de rendez-vous avec un quart d'heure d'avance. C'était une ruelle sombre, dans laquelle j'aurais eu peur de me retrouver seule de nuit, par peur de me faire agresser. Et pourtant, je sortais toujours armée, donc ma peur d'être agressée en révélait beaucoup sur ce lieu terrifiant pour une jeune femme de mon gabarit.

Cette femme supposément proche de ma génitrice finit par arriver, dix minutes plus tard. Elle parut surprise de me voir déjà sur place, pendant un millième de seconde, avant de reprendre sa contenance. Je lui souris, évidemment plus par politesse que par réel plaisir de la voir, et lui serrai la main.

- C'est pour voir Katja Bolgarski, de ce que j'ai compris ? demanda-t-elle directement, ne s'étendant pas sur les banalités telles que mon état ou la météo.

Non pas que j'aurais apprécié parler de la pourtant agréable météo. 

- C'est ça, confirmai-je. Jusque quand devrais-je attendre afin d'avoir un rendez-vous ?

- Il faut que je voie avec elle si elle est d'accord pour vous rencontrer.

- Elle voudra, assurai-je, peut-être un peu trop sûre de moi. Je suis sa fille.

Yira leva un sourcil.

- Elle n'a jamais parlé d'un enfant.

- Vous êtes si proches que ça ? demandai-je. Je doute qu'elle parle beaucoup de sa vie privée.

- C'est vrai, admit-elle avec l'ombre d'un sourire, ce qui devait signifier qu'elle me trouvait maligne.

Ou du moins, c'est ce que j'espérais, j'avais toujours apprécié qu'on reconnaisse que j'étais brillante. Je n'avais pas fait assez d'études, pensai-je en poussant un soupir.

- Est-ce que ce serait possible d'avoir une date précise ? Sans se revoir ? demandai-je. Je n'ai rien contre vous, bien évidemment, mais j'aimerais que cette histoire soit finie au plus vite.

- Je ne devrais pas faire ça sans son accord, fit-elle en secouant la tête, mais je peux vous dire de l'attendre dans trois jours dans le parc près de votre bar. Je ne garantis pas sa présence, en revanche. 

L'Arcane : AbsolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant