Le lendemain matin, je fis mon chemin vers l'église. J'avais besoin de pouvoir réfléchir dans un endroit calme et de préférence reculé. Je m'assis sur les bancs face à l'autel, et pris une grande inspiration. Je ne priais pas vraiment, je me laissais juste envahir par ce sentiment apaisant qui me prenait dès que j'étais dans ce lieu. Un prêtre m'approcha.
- Bonjour, essaya-t-il. Je vous vois souvent ces temps-ci. Je suis Père André.
Je lui souris et me présentai à mon tour. Je venais depuis peu de temps, même si régulièrement, et c'était la première fois que je parlais à un prêtre dans cet endroit.
- Avez-vous besoin d'aide ? me demanda-t-il.
- Pas vraiment, refusai-je.
- Pourtant quelque chose semble vous troubler, insista-t-il.
Je ne savais plus quoi lui répondre. Certes, une partie de moi voulait lui expliquer une partie de la situation dans laquelle je me trouvais, une autre me disait que ce n'était pas une bonne idée. Mais je savais aussi que j'avais besoin de conseil extérieur, que je ne pouvais pas me permettre de tout renfermer en moi, et qu'il était de toute façon tenu à une sorte de secret professionnel.
- Je suis dans une situation compliquée, soupirai-je. J'ai le choix entre aider une personne ou rester dans mon coin. Si je choisis d'aider cette personne, je risque de me mettre en danger, et ce pourquoi j'ai toujours travaillé. Mais si je ne le fais pas, je sais que je vais le regretter.
- Alors vous devriez aider cette personne, vous ne pensez pas ?
- Je ne sais pas trop quoi faire, hésitai-je. C'est très compliqué, et même si c'est un peu égoïste, je n'aime pas l'idée de tout mettre en jeu.
Le prêtre laissa passer un silence avant de reprendre la parole.
- Le Seigneur vous pardonnera si vous avez fait une faute, et vous récompensera si vous suivez ses enseignements, déclara-t-il. Et notre Seigneur a bien spécifié que nous avons un devoir d'aider notre prochain.
J'observai cet argument en silence pendant quelques instants. Si j'étais en effet croyante, je n'étais pas spécialement pratiquante, malgré mes passages à l'église, et je ne connaissais pas très bien les enseignements de la Bible. Et même si cet enseignement en particulier faisait partie de ma culture générale, il ne m'était pas venu à l'esprit.
- J'ai fait beaucoup de mal, déclarai-je lentement. Tellement de mal. Je ne sais pas s'il est possible de me pardonner pour tout ça.
- Voulez-vous vous confesser, peut-être ? demanda le prêtre.
- Non, refusai-je. Je n'en parlerai pas. Mais je veux essayer de me racheter. Alors, merci pour vos conseils.
- Ce n'est rien, sourit-il. Nous sommes tous Ses enfants, et c'est ma tâche de les mener à Lui.
Je lui souris à mon tour, et quittai l'église avec l'esprit plus léger. Il m'avait donné de précieux conseils sans s'en rendre compte, et je comptais les suivre. Je n'avais aucune idée d'où ils me mèneraient, sûrement là où je ne devais pas me rendre, mais j'allais suivre cette route jusqu'à l'impasse.
Sur le chemin du retour vers mon bar, j'envoyai un message à une de mes anciennes collègues de l'Arcane, que je ne voyais pas souvent à cause de sa situation. Elle risquait de se compromettre en passant dans mon bar, mais je savais qu'elle serait malgré tout au rendez-vous.
J'avais demandé à Lucas et elle de venir dans la soirée, ce qui me laissait tout le reste de la journée de libre avec Gaëtan. Je le retrouvai dans un restaurant pour notre repas, et c'était malheureusement mon tour de payer. C'était incroyablement cher, et nous avions le malheur d'aimer ce genre d'endroits chics qui ne nourrissaient absolument pas, mais nous donnaient l'impression d'être des gens biens.
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L'Arcane : Absolution
ActionABSOLUTION nom féminin (latin absolutio) Acte par lequel le prêtre pardonne les péchés. Cora, vingt-deux ans, propriétaire d'un bar à la vue de tout le monde, tueuse à gages dans les petites ruelles sombres. Elle vit de ses mensonges et son sang-fr...