Je suis couché, faible et rongé par la fièvre, dans une grotte sombre et glacée. Aucune pression contre mon bras, et pourtant, Katniss s'y est endormi : où est-elle ? Elle a disparu ? La panique me gagne très -trop- rapidement. Elle était là il y a une minute : me suis-je assoupi ? Est-elle partie ? M'a-t-elle abandonné, voire pire, est-elle ... ?
Le mot auquel je pense ne s'imprègne pas dans mon esprit. Je rejette rapidement l'idée. Je ne comprends pas pourquoi ses papillons bleus dansent devant mes yeux, mais je n'essaye pas de les repousser. Soudain, alors que j'essaye de me relever sur mes coudes, ces derniers se transforment en guêpes tueuses, et j'aperçois Katniss couchée dans une mare de sang. Je me lève du mieux que je peux, malgré ma tête qui tourne et cette attaque d'insectes. Ma faiblesse me fait tomber, je dois ramper jusqu'à elle afin de voir si elle va bien, de l'aider, de la protéger. Je touche son cou : pas de pouls. La panique me gagne sévèrement, je tente d'écouter son cœur mais n'entend qu'un horrible silence. Je sens alors mon corps fondre et l'impression qu'on remue un couteau tout au fond de mon cœur. Elle est ... Non, mon cerveau ne veut pas imprimer ce mot, pas accepter cette réalité. J'ai pourtant fait ce que je pouvais et j'ai donné les derniers instants de ma courte vie pour elle. Je me retrouve enfermé dans un torrent de pensées et de piqures de guêpes.
J'ouvre les yeux, tétanisé par la peur, un cri qui ne sort pas, étouffé dans ma gorge.
Je m'appelle Peeta Mellark. Je vis au district Douze. J'ai gagné les Hunger Games, avec Katniss. Nous sommes vivants. Elle est vivante. Je sens mon cœur battre dans tout mon corps le temps que la réalité, la vraie, s'impose enfin à moi. Tout va bien. J'ignore quelle heure il est, mais je sais qu'après ces cauchemars, impossible de me rendormir. Malheureusement, le cercle vicieux de mes nuits se répètent beaucoup trop souvent à mon gout. Toujours les mêmes cauchemars, toujours les mêmes sensations, et toujours la même finalité : je suis obligé de lister toutes les choses qui me semblent vraies, du fait le plus sûr jusqu'au plus complexe, avant d'atterrir dans le monde réel -et de me persuader que tout ça n'était que de mauvais rêves. Et, comme d'habitude, je m'apprête à faire la seule chose qui m'occupe l'esprit jusqu'à ce que le jour soit levé : je peins ce que j'ai vu cette nuit. Je sors de mon lit et passe dans cette pièce qui est censée être une chambre d'ami, dans la maison qu'on m'a attribué au Village des Vainqueurs, et que j'ai transformé en atelier. Je vis seul ici, de sorte que cette pièce ne m'aurait pas servi, de toute façon. Ma famille est restée habité en ville, au-dessus de la boulangerie. « C'est plus pratique pour nous, d'être proche du commerce », voilà ce que ma mère m'a dit au moment de changer de maison. Je crois surtout qu'elle fut soulagée que je parte de la maison : on ne s'apprécie pas beaucoup. Je ne pense pas qu'elle ne m'aime pas, non, mais elle ne voulait pas vraiment d'enfant, alors en avoir trois représente surement un fardeau pour elle.
Par habitude, je ne referme pas la porte derrière moi en entrant dans la pièce : j'ai peur de ne plus la voir se rouvrir -ce qui est bête car, qui pourrait en vouloir à ma vie alors que je suis seul chez moi ?
La pièce est remplie de toiles sur lesquelles j'ai pu me défouler, faire sortir mes angoisses. Les scènes représentées sont pour la plupart en extérieur : au milieu des arbres, sur une plaine, près d'un lac. D'autres sont plus floues, plus sombres, dans ce qui semble être une grotte. Quelques autres – très peu, en comparaison avec les lieux précédents – se situent dans des lieux habités, devant une maison, dans une cuisine, sur une grande place. Des personnages évoluent dans ces peintures. Des enfants, de moins de dix-huit ans pour la plupart, parfois des adultes. Des filles, des garçons. Un homme au visage bourru et aux cheveux mi-longs. Une femme avec une perruque rose. Une fillette à la peau brune, qui semble être âgée de moins de douze ans. Un garçon aux yeux bleus-gris indéchiffrables, une fille armée d'un arsenal de couteaux, une autre recroquevillée auprès d'un feu et au regard suppliant.
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l'Expiation
Fiksi PenggemarPensant être sorti d'affaire suite à sa victoire aux Hunger Games, Peeta va devoir redoubler d'effort non seulement pour survivre, mais pour assurer un avenir à la femme qu'il aime depuis toujours. Hunger Games : l'Embrasement, du point de vue de Pe...