Chapitre 20 (version éditée)

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Olivia observait le parc derrière l'une des fenêtres du manoir. Depuis plusieurs jours déjà, elle avait remarqué qu'une jolie renarde rousse, flanquée de ses quatre petits, traversait régulièrement la propriété. Elle aimait les contempler tandis qu'ils caracolaient ensemble dans l'herbe. Les renardeaux ne devaient avoir pas plus de deux mois à en juger par leur taille. De plus, s'ils suivaient leur mère en dehors du terrier, c'était soit parce que leur refuge était tout proche, soit parce qu'ils commençaient à se montrer débrouillards. Ils étaient tellement adorables à gambader ainsi ! Des petites boules de poils tout excitées de découvrir la vie.

— Madame ? l'appela Narcisse depuis le hall.

— Je suis là.

Ils devaient souper chez les parents d'Olivia en compagnie du comte et de la comtesse de Vaire. Dorian, Victoire et Roger seraient présents, eux aussi.

— Que faites-vous ? s'enquit le jeune homme en la rejoignant.

— Regardez, se contenta-t-elle de répondre en désignant la fenêtre.

Narcisse vint se poster dans son dos, à quelques millimètres seulement de son corps. Elle sentit sa chaleur s'infiltrer à travers ses vêtements, et à son grand dam, ne put contenir le frisson de désir qui l'ébranla tout entière.

Son mari émit un rire bref en avisant les renards. Au début, Olivia crut qu'il se moquait de sa réaction, mais quand elle tourna la tête pour observer ses traits, elle n'y découvrit qu'une pointe d'amusement et d'attendrissement.

— Que d'innocence ! C'est charmant, ne trouvez-vous pas ? lança-t-il, les yeux rivés sur les animaux sauvages.

— Oui, je pourrais les contempler des heures durant.

Narcisse abaissa son regard vers elle et lui sourit. En réponse, le cœur de la jeune femme s'agita dans sa poitrine. Lorsqu'il était de cette humeur, elle parvenait presque à oublier que Charlotte Laval avait plaqué ses lèvres sur sa bouche. Elle aurait eu tant de questions à lui poser, cependant sa fierté l'empêchait encore de s'y résoudre. Elle aurait voulu savoir depuis quand ils se connaissaient, à quel moment ils avaient échangé leur premier baiser. Si, comme elle se l'imaginait, ils avaient fait l'amour. Toutes ces choses qui la rendaient folle de jalousie.

— Vous êtes très en beauté, Madame, la complimenta Narcisse en fixant sur elle ses iris sombres chargés de désir.

— Merci, Monsieur. Je vous trouve également très élégant, s'entendit-elle répondre.

Son mari lui sourit avec malice et s'approcha davantage, de façon à la toucher cette fois. Olivia se crispa, sur ses gardes, et dans le même temps, très réactive au moindre mouvement de son époux.

— Seriez-vous en train d'essayer de me séduire ? s'informa-t-il, alors que la surface de ses prunelles semblait s'embraser.

— Peut-être, souffla Olivia. Est-ce que cela fonctionne ?

— Voudriez-vous le savoir ?

La respiration de la jeune femme devint irrégulière tandis que ses pensées cédaient peu à peu à la confusion. Bientôt, elle ne parviendrait plus à distinguer ce qu'elle devait taire de ce qu'elle pouvait révéler. Puis elle songea que cela n'avait pas la moindre importance. Aujourd'hui, elle se laisserait entraîner dans le jeu de son mari, car malgré le temps qui passait, malgré les déceptions et tout le mal qu'il avait pu lui faire, l'amour qu'elle lui vouait demeurait intact.

— Oui, je le voudrais, admit-elle d'une voix nouée.

Le souffle de Narcisse devint tout aussi irrégulier que celui de sa femme. Une étrange chaleur se répandit dans le bas-ventre d'Olivia alors qu'une étonnante torsion vrillait le creux de ses reins. Ses mains se firent moites, tremblantes.

NARCISSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant