Chapitre 26 (version éditée)

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Quand Olivia arriva au manoir en fin d'après-midi, elle fut accueillie par la rumeur d'une dispute qui s'élevait des écuries. Layl étant au pas, elle eut tout le loisir de reconnaître les voix de Narcisse et de la comtesse de Vaire. La jeune femme poussa un long soupir, se demandant quel pouvait être l'objet de cette énième querelle.

Lorsqu'elle gagna enfin le cœur du bâtiment, elle découvrit son époux dans un état de profonde colère. Ses joues avaient pris une teinte vermeille et ses poings étaient serrés. La comtesse, quant à elle, affichait une mine hautaine, prenant plaisir à défier son fils. Et de toute évidence, elle avait encore obtenu gain de cause ou réussi à le blesser.

— Que se passe-t-il ici ? s'enquit la cavalière en mettant pied à terre.

— Rien qui vaille la peine d'être entendu, déclara Narcisse en fixant sa femme avec une expression plus douce, bien que ses prunelles brillassent toujours sous le feu d'un violent ressentiment.

Olivia n'insista pas et se contenta de laisser glisser son regard de Narcisse à Dorian, puis de ce dernier à la comtesse.

— Je disais seulement à mon fils qu'il ne devait pas tolérer la présence de nuisibles sur votre domaine et exterminer de toute urgence ces vermines de...

— Et moi, je vous ai dit de vous taire ! la coupa l'intéressé d'une voix si dure que sa mère en perdit ses mots.

Olivia sursauta cette fois, tandis que Dorian ouvrait de grands yeux étonnés. Madame de Vaire, quant à elle, se tenait désormais raide comme un piquet, interdite. Elle ne s'était certainement pas attendue à ce qu'il l'interrompît, et encore moins avec une telle véhémence.

Alors, devant sa belle-fille stupéfiée, Éléonore arracha son gant de sa main baguée, qu'elle abattit ensuite sur la joue de son benjamin avec une rare violence. Le son résonna dans le silence de l'écurie en un claquement bref et sec.

Les traits de Narcisse se durcirent davantage, et Olivia sut que la comtesse venait de gravir un nouvel échelon dans sa course à l'humiliation en osant le frapper devant son épouse. Cette dernière en eut des remontées acides tant un tel comportement l'outra. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle aurait congédié sa belle-mère sur-le-champ, et ce, sans la moindre délicatesse.

Cependant, elle n'eut pas le loisir d'ouvrir la bouche, puisque Narcisse avait déjà tourné les talons et se dirigeait d'un pas ferme jusqu'à Onyx, qu'il enfourcha. Le frison s'élança aussitôt au galop, et moins d'une dizaine de secondes plus tard, seul le martèlement lointain de ses sabots meublait le silence.

La rage au ventre, Olivia guida Layl dans sa stalle et, pendant que la comtesse se disait révoltée du tempérament de son benjamin et confiait ses humeurs à Dorian, la jeune femme retira le filet de son étalon, le bouchonna rapidement, remplit son auge de grains puis vérifia son eau.

Quand elle eut terminé, elle verrouilla le loquet et, sans même jeter un regard à ses invités, leur déclara d'une voix blanche :

— Je vous défends de toucher à la plus petite vermine que vous pourriez croiser sur nos terres en venant visiter votre fils, quelle qu'elle soit ! Tout comme je vous interdis de chasser ici sans mon consentement ou celui de mon mari. Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin.

Puis elle abandonna là Éléonore et Dorian sans même écouter ce qu'ils lui répliquaient avec la plus grande indignation.

*

Olivia dormait d'un sommeil agité quand la porte de sa chambre grinça. Réveillée en sursaut, elle se redressa dans ses draps froissés et jeta un coup d'œil vers le battant. Nina bondit du lit, tout excitée, pour aller sautiller entre les jambes de Narcisse qui venait d'entrer. Il tenait un bougeoir à la main ; la flamme de la chandelle faisait danser des ombres sur son visage.

NARCISSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant