Chapitre 7 (version éditée)

4.5K 400 3
                                    


Olivia informait Xavier des besoins journaliers de Layl quand un bruit de sabots lui parvint. Elle se tourna et découvrit un cavalier qui remontait le chemin jusqu'au manoir.

Ou plutôt une cavalière.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle reconnut sa visiteuse.

Abandonnant alors son nouveau valet d'écurie avec un air désolé, la jeune femme se mit à courir, les deux mains agrippées sur le devant de sa toilette pour relever le bas de sa robe, portée par l'insouciante de ses dix-neuf printemps et l'impatience de retrouver son amie.

Au moment où Agathe Jourdain mit pied à terre, élégante dans sa tenue d'amazone, ses iris ambrés rencontrèrent le regard céruléen d'Olivia. Elles se sourirent. Puis, oubliant les convenances, elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre et se serrèrent de toutes leurs forces, comme si elles ne s'étaient pas vues depuis des siècles.

— J'ai tant de choses à vous conter ! s'exclama Agathe, les yeux brillants d'excitation.

— Et moi, j'ai hâte de les entendre ! s'enthousiasma Olivia.

— J'espère bien recevoir mon lot de confidences !

— Hélas, hormis l'arrivée de mon cheval, la semaine dernière, je n'ai guère connu de péripéties !

Quand bien même elle était proche d'Agathe, allant jusqu'à la considérer comme sa sœur, Olivia n'avait encore jamais osé lui avouer la distance de Narcisse et le terrible secret de leur mariage non consommé.

— Que je suis heureuse de vous voir, mon amie ! souffla à nouveau Agathe en repoussant Olivia pour la contempler. Mais dites-moi, je vous trouve une bien petite mine, seriez-vous souffrante ?

— Seulement un peu fatiguée, mentit la jeune femme en se forçant à sourire.

— Ah, les joies du mariage ! plaisanta Agathe, mutine.

Olivia ne répondit pas et se contenta de glisser son bras autour de celui de son amie pour la faire entrer dans sa demeure. Elles se rendirent directement au salon où elles avaient l'habitude de s'isoler pour converser.

Les deux femmes s'installèrent face à face, l'une dans son inconfortable fauteuil en velours et l'autre sur un petit sofa tout proche. Gérald leur servit du thé et des biscuits, puis disparut en refermant la double porte, leur laissant ainsi une plus grande intimité. Elles discutèrent longuement, passant des banalités usuelles à des sujets plus passionnants : Agathe étant toujours célibataire, la question fut vite abordée.

— Alors mon amie, où en êtes-vous donc avec ce mystérieux prétendant qui aurait dérobé votre cœur ? Comptez-vous un jour me dévoiler son nom ? s'enquit Olivia en replaçant une mèche blonde échappée de sa coiffure durant sa course.

— Où j'en suis ? Je me demande plutôt où il en est, lui ! Peut-être s'est-il perdu dans ses réflexions... Quant à son identité, je vous la dévoilerai sans doute bientôt... quand je me serai lassée de vous faire languir ! se défendit Agathe dans un gloussement.

— Vous êtes trop cruelle !

Les joues des deux amies étaient rouges de leurs nombreux éclats de rire. Ce temps passé avec Agathe mettait à chaque fois du baume au cœur d'Olivia et lui apportait également une profonde plénitude.

— Bien sûr, vous ignorez mon malheur, vous avez épousé l'un des meilleurs partis à des lieux à la ronde ! Le sombre et somptueux Narcisse... Mais racontez-moi, ma chère, comment se comporte ce froid personnage dans l'intimité ? reprit Agathe en arquant un sourcil inquisiteur.

NARCISSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant