Olivia avait rencontré Narcisse lors d'une soirée mondaine organisée par ses parents, moins d'un an auparavant. Il s'y était rendu en compagnie du Comte et de la Comtesse de Vaire ainsi que de son frère, Dorian. À cette époque, la jeune femme connaissait seulement son futur mari de nom et de réputation ; sa fidèle amie, la douce Agathe Jourdain, lui ayant vanté mille fois sa froide beauté, son élégante silhouette et son aura sibylline qui flottait autour de lui comme un parfum. Ce commérage incessant à propos de cet homme avait évidemment éveillé la curiosité d'Olivia et nourrit, sans qu'elle s'en rendît compte, une étrange fascination à son égard.
Ainsi, quand Narcisse se montra en compagnie de son frère, que tout opposait puisque l'un était aussi brun que l'autre était roux, elle en oublia que Dorian lui faisait la cour et n'eut d'yeux que pour ce personnage mystérieux qui semblait se trouver en ces lieux plus par contrainte que par réelle envie.
L'orgueil de la jeune femme la garda de s'approcher de lui pour engager la conversation et elle resta simplement en compagnie d'Agathe, feignant l'indifférence alors que ses pensées étaient déjà accaparées par lui. Narcisse ne lui avait pas encore adressé un regard pourtant, elle se sentait déjà troublée.
Elle se prit à le dévisager. Les cheveux d'un noir de jais, les iris bleu-violet, sublimés par de longs cils épais et des sourcils droits, l'ovale parfait de son visage, les lèvres légèrement ourlées et cette légère fossette sur le menton, à peine visible. Son faciès était des plus avenants. Il était grand, mince d'après ce que laissait deviner ses vêtements aussi noirs que ses cheveux.
Dorian de Vaire, la ramena au présent en se chargeant lui-même de faire les présentations. Sans doute fut-ce pour obtenir l'approbation de son cadet sur le choix de la femme qu'il entendait épouser qu'il avait désiré les mettre en relation. Il commit sans s'en douter, une grave erreur.
Quand les yeux indigo de Narcisse se posèrent sur le délicat faciès d'Olivia, une lueur venue des profondeurs de son âme les éclaira. Bien sûr, il resta froid – presque dur – et se contenta d'un signe de tête poli ainsi que d'un bonsoir forcé. Néanmoins, le timbre suave de sa voix éveilla encore davantage l'intérêt naissant de la jeune femme, bien qu'elle n'en montrât rien. Si à l'instar de son invité, elle fit preuve d'une fausse indifférence, Agathe, elle, tremblait d'excitation à ses côtés.
Alors que Dorian complimentait Mademoiselle de Beauvoir sur sa toilette et sa beauté, un sourire carnassier se dessina sur les lèvres sensuelles de son frère qui, s'il semblait de marbre, ne lâchait cependant pas Olivia du regard.
Plus tard dans la soirée, la jeune femme décida de s'isoler un peu pour prendre une bouffée d'air frais. Instinctivement, elle se dirigea vers la clairière attenante au château où se trouvait Orion, l'étalon gris pommelé de son père. Une bête magnifique, la plus belle créature à des lieux à la ronde selon elle.
Dans le clair de lune, Olivia l'observa galoper d'un bout à l'autre du petit pré qui lui était exclusivement consacré, se mouvant avec une grâce considérable. Hypnotisée par le spectacle que lui offrait le cheval, elle resta un moment à le contempler, un coude appuyé sur la barrière en bois, perdue dans ses pensées... Quand un bruissement se fit entendre.
Elle sursauta et n'eut pas le temps de se retourner qu'elle fut pétrifiée par un parfum des plus masculins d'où se dégageait des notes d'ambre et de vanille. Elle resta immobile juste quelques secondes, simplement parce qu'elle fut si fortement frappée par cette fragrance qu'elle en oublia le danger : elle était isolée et vulnérable tandis que la fête battait son plein. Personne ne lui viendrait en aide si on l'agressait.
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NARCISSE
أدب تاريخيOlivia, fille adorée du duc de Beauvoir, n'aurait jamais imaginé qu'en acceptant de s'unir au froid et taciturne Narcisse de Vaire, elle épouserait la solitude. Après leurs noces, les semaines s'écoulent, puis les mois, sans que Narcisse ne se décid...